Albless a abandonné ses études de développeur pour se lancer avec Féfé dans l'esport, en 2014. Il est passé par l'événementiel et le coaching avant de terminer chez les "brocasters" d'O'Gaming.
Le parcours d'Albless et Féfé dans l'esport ne commence pas par le cast, mais par l'événementiel. Au début, les deux amis de longue date jouent à divers jeux en ligne compétitifs. Puis ils commencent à organiser des tournois sur Hearthstone, CS:GO ou encore League of Legends. Ils travaillent notamment pour la Gamers Assembly et la Paris Games Week. Au fil des années, cette passion prend une part de plus en plus importante dans la vie d'Albless.
« À mesure qu’on organisait des événements, on recevait de plus en plus d’appels. D’un côté, c’était risqué de tout abandonner pour se lancer, mais d’un autre, on ne passerait jamais à la vitesse supérieure sans ça. » À côté, il termine ses études et obtient son diplôme pour exercer en tant que développeur... mais cette voie ne lui correspond plus. Ensemble avec Féfé, ils plaquent tout et se lancent à plein temps dans l'esport, en 2016.
2016, c’est aussi l’année de la sortie d’un jeu qui changera leur vie : Overwatch. Albless et Féfé sont fans de Blizzard, et la sortie du jeu s’avère être à la hauteur de leurs attentes. « Le jeu est tombé à point nommé : on a beaucoup accroché et on était dans ce moment où on mettait un pied dans l’esport. Il y avait tout à faire. » En plus de faire de l’événementiel sur le jeu, les deux passionnés se lancent dans le coaching en 2017, avec l'équipe européenne ESPORATI.
Toujours en recherche de leur vocation, Féfé et Albless ajoutent ensuite une autre corde à leur arc : celle de commentateurs esportifs. Ils décident de se lancer sur les GO4, des compétitions hebdomadaires à petit cashprize. Dès que la décision est prise, ils contactent ESL et obtiennent le droit de les commenter. « On a proposé d’apporter de la visibilité à cette scène et de faire nos armes en tant que casters par la même occasion. » Une fois que l’autorisation est obtenue… il ne leur manque plus qu’à le faire.
« On y est vraiment allés les mains dans le cambouis : on s’est lancés sans avoir d’entraînement, on avait juste une complicité du fait de notre amitié qui durait depuis 8 ans », explique Albless. Un fond vert, un local et le duo démarre. « On savait que ça n’allait pas être fluide au début, mais on avait des choses à apporter à des spectateurs qui connaissaient moins bien le jeu. » Le duo forge son expérience en commentant ces compétitions toutes les semaines, tout en assumant ensemble la charge de coachs chez ESPORATI... jusqu'à fin 2017, où les deux collègues prennent un chemin différent.
En un an de coaching, Albless analyse plus de 280 vidéos de matchs. Les joueurs ont des situations et nationalités différentes qui complexifient la tâche. Alors que ce dernier hésite à arrêter, le joueur français Amaury « moonL » Dennielou lui fait part, ainsi qu’à Féfé, d’un projet de coaching pour l’équipe DOSE (avec notamment Benjamin « Benbest » Dieulafait, désormais en Overwatch League).
« Féfé voulait qu’on y entre. Il disait que c’était notre opportunité d’avoir un projet intéressant ». Mais Albless a d’autres envies : alors qu’il se lasse du coaching, le cast lui apporte beaucoup plus. En décembre, il retourne à ses racines à la Réunion, Albless décide d’abandonner le coaching pour se consacrer entièrement au métier de caster. Après plusieurs années à s'être suivis dans l'esport, Albless et Féfé prennent des chemins différents. Albless candidate alors pour intégrer O'Gaming en tant que caster des Contenders Europe.
« Je suis entré en contact avec Haz, qui recrutait de nouveaux casters. J’ai compilé des vidéos de mes casts précédents, que ce soit tout seul ou ceux avec Féfé… ensuite, j’ai fait le test dans ma première émission et j’ai rencontré Atao et Rivenzi ». Il est alors recruté et se lance dans le cast de la ligue régionale des Contenders Europe chaque semaine, pour toute l’année 2018. Habitué à la petite communauté soudée des GO4, il doit s’habituer à travailler devant une audience plus large et dans un studio professionnel. De son côté, Féfé devient coach d'Eagle Gaming, l'équipe française qui deviendra numéro 1. Très vite, Albless se démarque par ses idées délirantes comme ses chansons et plus tard, son déguisement franco-français à l'étape parisienne de l'Overwatch World Cup.
L'arrivée dans la cour des grands : l'Overwatch League
Au début, la Coupe du Monde, couplée avec la finale des Contenders Europe, s'annonce très mal pour Albless et Rivenzi : au dernier moment, Blizzard les informe qu'ils ne casteront pas sur scène. « Cette annonce nous a mis un gros coup, on était au fond du trou pendant deux jours », raconte Albless. Mais au final, les deux co-casters s’y rendent et font les choses à fond : « On ne voulait pas rater la finale des Contenders et on voulait voir nos potes qui y étaient. Alors on est venus déguisés en capitaines France, baguettes au point et on a passé un super moment ! » Ces derniers s’improvisent chauffeurs de salle et animent un public enflammé tout au long de la compétition.
Avec la Coupe du Monde s’achève alors la saison de 2018. Et en 2019, alors que Féfé entre dans la compétition prestigieuse de l’Overwatch League en tant que coach de Paris Eternal, Albless y entre également : il rejoint l’équipe de casters français d’O’Gaming. Encore une étape franchie pour lui et son collègue Rivenzi. « Sur la reprise de cette saison 2, j’avais déjà pris de l’expérience avec Rivenzi : on faisait du host, cast, analyse, on gérait tout de A à Z car il n’y avait personne d’autre sur le projet Contenders, puis la Coupe du Monde. Ça nous semblait être la suite logique de cast l’Overwatch League », explique Albless.
Désormais, la vie du caster tourne autour de l’Overwatch League. Il passe deux à quatre nuits sur Paris pour commenter les matchs, et le reste du temps à Montpellier. Ses lundis sont consacrés à l’enseignement de l’événementiel dans l’université ISEFAC, ce qui lui laisse des week-ends courts. En outre, les horaires à l’heure américaine (avec des matchs qui commencent parfois à 1h du matin) le forcent à travailler de nuit et à se décaler. « Dans la semaine, tu as toujours une journée où tu prends cher : soit tu dors et tu es décalé, soit tu travailles et tu es mort ! »
Mais Albless ne s’en plaint pas. Passionné par son activité, il ne compte pas les heures. Avant les sessions de cast, l'équipe joue contre des spectateurs en direct ; et parfois, Albless revisite des musiques Overwatch et les monte en vidéos (comme celle ci-dessus). Et Albless ne compte pas s’arrêter là : « j’aimerais continuer à progresser dans mon métier de caster sur Overwatch. Et si j’en ai l’occasion, ça me ferait très plaisir de commenter du Smash Ultimate et du League of Legends ! »