One Piece a toujours eu un parcours compliqué sur la scène vidéoludique. Là où Dragon Ball et Naruto ont connu des époques dorées pour leurs adaptations (Budokai, Storm), la saga d'Eichiro Oda s'est fendue de jeux oscillant entre moyen et pas mal. Près de trois ans après le sympathique jeu de combat Burning Blood, la licence revient avec un jeu d'aventure prometteur, cette fois-ci en open world : le fameux World Seeker. La promesse fait rêver : parcourir cet immense monde avec tous nos personnages favoris. Sauf que non, One Piece : World Seeker nous piège sur une île originale avec l'impossibilité de se déplacer en bateau ou avec un autre personnage que Luffy. Avec un tel postulat, Bandai Namco a-t-il prévu assez de fun et de contenu pour faire passer la pilule ? Le résultat est loin d'être honteux, mais peut-être pas à la hauteur des attentes.
- Genre : Action, aventure, open-world
- Date de sortie : 15 mars 2019
- Plateforme : PS4, Xbox One, PC
- Développeur : Ganbarion
- Éditeur : Bandai Namco Entertainment
- Prix : 69,99€
- Testé sur PS4
L'océan sans vie
Techniquement, One Piece : World Seeker tient la route. Sous ses faux airs de jeu PS3 lissé, il fait parfois preuve de précision, notamment quand il s'agit des personnages emblématiques de la série. Le choix du cel-shading est pertinent et permet de cacher des textures parfois en deçà. Le gros problème du titre se situe plus du côté artistique. World Seeker manque terriblement d'une âme. Si les quelques lieux emblématiques de l’île-Prison ont chacune leurs spécificités, elles finissent rapidement par toutes se ressembler. La faute à des modèles de bâtiments trop similaires et à un manque cruel de vie. Les villes sont monotones et seule Steel City, la capitale, se détache du lot par sa variété de couleurs. Malheureusement, cette monotonie est constamment entretenue par des paysages naturels tout aussi peu inspirés mais également moins détaillés. Les animations tiennent tout de même globalement la route et permettent au semblant de mise en scène de ne pas tomber dans le ridicule. En termes de moteur physique, il ne faut rien en attendre. Les collisions et les hitbox, imprécises au possible, auront parfois un malin plaisir à jouer avec votre patience. Malgré cette énumération de petits couacs, le titre de Ganbarion reste fluide en toute circonstance, et c'est bien le principal pour qu'il soit jouable.
Gum Gum sans plus
Avec World Seeker, Ganbarion fait le pari de ne proposer qu'un seul personnage jouable, Luffy, afin de créer un gameplay autour de lui. Avec son corps élastique et tous ses mouvements iconiques, il possède un potentiel énorme qui ne demande qu'à exploité. Ce n'est pas le cas dans ce titre, ou en tout cas pas pleinement. Il y a tous les ingrédients du gameplay open-world, mais pas plus. Au menu : des phases de combat, des phases d'exploration, un peu de craft, un petit arbre de compétences et un journal de quêtes. En termes de déplacement et d'exploration, Luffy possède une palette très succincte de capacités. Tel le grappin dans Batman Arkham City, le bras du héros peut s'attacher à la majorité des surfaces d'une pression sur R1, puis prendre appui afin de s'envoler. S'ajoute à cela la possibilité de planer brièvement en martelant X pendant une poignée de secondes. Si c'est très amusant les premières minutes, la saturation finit par s'installer, aidée par une physique aléatoire qui se mêle très mal aux capacités de déplacement.
Les phases de combat souffrent quand à elles d'un manque de coups flagrant. Tel Kazuma Kiryu de la série Yakuza, Luffy possède plusieurs styles de combat. Le premier fait la part belle à la fluidité de déplacement et aux coups rapides, tandis que le second est focalisé sur les gros coups et la parade. Tous deux proposent un combo de mêlée à base de pilonnage du bouton carré, auquel viennent se greffer un tir à distance en visée TPS et quelques coups relatifs à chaque style. Trois gros coups spéciaux complètent enfin le tout. Un arbre de compétences est là pour doper un peu la palette mais il démontre trop vite ses limites. Les possibilités de combos sont faibles et les affrontements sont souvent brouillons, épaulés encore par le moteur physique. La boucle de gameplay fait le minimum d'effort pour renouveler son intérêt, et abandonne le joueur à une répétition inlassable des mêmes situations.
Pas d'oscar pour Isaac
Comme sur tous ses autres pans, One Piece fait également le job sans plus sur le contenu. L'histoire, qui met en scène l'opposition des nouveaux Isaac (officier de la Marine) et Jeanne (leader d'un groupe anti-marines), vous occupera une vingtaine d'heures. Bien que dure, elle ne présente pas un récit d'un grand intérêt pour autant. Luffy et son équipage débarquent sur une île sur laquelle la Marine a la mainmise et va donc, à l'aide de Jeanne, la dégager. Tout ceci n'est finalement qu'un prétexte à nous faire enchaîner des missions qui nous demandent tantôt de tuer une série d'ennemis, un boss, de ramasser une série ou d'objets, d'effectuer des simples puzzles ou des chasses au trésor. Même affaire pour les quêtes secondaires, disponibles en masse sur tous les recoins de la map. Pour nouer des liens et améliorer son "karma" avec les PNJ du titre, Luffy peut également effectuer des séries de missions pour eux.
Le fond n'est pas passionnant mais World Seeker laisse quand même le joueur avec des choses à faire. Mais là où un Spider-Man arrivait à rendre intéressantes des quêtes peu inspirées à l'aide de son gameplay, One Piece cale complètement et nous laisse un goût tout juste satisfaisant. Comme dans le titre d'Insomniac, il est également possible de varier l'accoutrement du héros via les quelques costumes à débloquer. C'est l'un des quelques pas que le jeu fait vers le fan-service, en plus de ramener quelques figures iconiques durant certaines missions. Un gros contraste avec les armées de sbires à mitraillette dont on questionne encore la cohérence avec la série d'origine.
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