Cela fait maintenant presque 20 ans que les jeux arcade de moto Trials existent. Initiée en Java en 2000 avant de passer au Flash avec Trials 2, la série s'est ensuite étendue au-delà du PC, tout d'abord sur Xbox puis sur PS4 depuis 2014 et Trials Fusion. Et la licence continue de s'étendre à d'autres plateformes puisque aujourd'hui Trials Rising est également décliné sur Switch, en plus du PC et des consoles PS4 et Xbox One, à compter du 26 février 2019.
Trials Rising, toujours développé par les finlandais de RedLynx et édité par Ubisoft, constitue ainsi le septième titre de la famille des Trials (sans compter les 8 extensions, spin-off et autre remake) et conserve bien entendu l'essence même de celle-ci, à savoir des courses spectaculaires et improbables avec un gameplay reposant sur son moteur physique, le tout emballé dans une action débridée avec une touche d'humour. Toutefois, si la série a clairement déjà gagné ses lettres de noblesse dans le domaine du jeu de plateforme arcade en motos, parviendra-t-elle à se renouveler sans se répéter ? C'est ce que nous allons tenter de voir.
- Genre : courses acrobatiques de motos trial
- Date de sortie : 26 février 2019
- Développeur : RedLynx, Ubisoft Kiev
- Éditeur : Ubisoft
- Plateforme : PC, PS4, Xbox One, Switch
- Prix : 24,99 € (toutes plateformes)
- Testé sur : PS4 Pro
Sur le toit du monde
Même si cela a une importance toute relative dans le jeu, Trials Rising vous laisse l'opportunité de choisir le sexe, le type de voix et la couleur de votre avatar. Rien de définitif cela dit puisque vous pourrez par la suite changer chacun de ces éléments. Après vous être amusé sur une première piste de mise en bouche, le jeu vous propose de faire vos preuves sur une vraie piste de ligue. Située aux États-Unis, celle-ci s'appelle "Braking Bad" et appartient à la ligue américaine des débutants. On vous proposera alors ensuite de vous inscrire à l'Université de Trials (University of Trials) qui se situe à Miami et où vous pourrez apprendre à manier convenablement votre engin grâce à des leçons de techniques dispensées par le professeur FatShady.
Les 12 leçons proposées seront progressivement débloquées en gravissant les niveaux. Les quatre premières s'attèlent au BA-BA de la conduite alors que les suivantes seront plus ardues et plus techniques. Pour commencer, vous n'aurez donc accès qu'à la première leçon qui vous demande d'apprendre à gérer l'accélération. Il faudra ensuite atteindre le niveau 14 avant de pouvoir bénéficier de la deuxième leçon axée sur le positionnement du corps sur la moto. Apprendre à se pencher est en effet primordial pour bien positionner sa monture. Par la suite, on apprendra à effectuer des rotations aériennes puis à bien gérer son flow, consistant à toujours atterrir sur 2 roues et enchaîner les obstacles sans perte de temps ni ralentissement. Et les leçons plus poussées s'intéresseront aux transitions, l'objectif étant de bien transférer son poids lors des passages de rampes, à l'atterrissage en montée...
Vous enchainerez aussi les pistes, en passant par Yellowstone ou encore New-York, et en cherchant à obtenir la médaille d'or, voire de platine, à chaque fois jusqu'à ce que vous décrochiez un sponsor, le premier étant Ubisoft RedLynx. L'intérêt des sponsors est qu'ils vous proposeront des contrats à remplir (finir la piste en un temps maximum, battre un pilote donné, faire un certain nombre de backflips et/ou de frontflips, passer un certain temps en wheeling...). Ceux-ci concerneront les nouvelles pistes que vous débloquerez mais aussi certaines sur lesquelles vous êtes déjà passé et où vous pourrez alors retourner avec un tout autre objectif que celui d'effectuer le meilleur temps. Grâce à cela, vous pourrez cumuler argent et expérience ainsi que décrocher certains équipements fournis par les sponsors.
Acquérir de l'expérience permet de gagner des niveaux et ainsi d'obtenir des caisses de matos qui permettront, tout comme l'équipement obtenu auprès des sponsors, de personnaliser votre pilote ou votre moto. De plus, c'est en atteignant certains niveaux que l'on débloque les stades. Le premier d'entre eux est bien entendu le stade américain pour débutant. En remportant celui-ci vous accéderez à la ligue européenne pour débutant (Euro Starter Cup) qui sera un peu plus dur mais aussi un peu plus fun avec des pistes situées en France, en Espagne, en Roumanie, en Hollande, en Écosse, en Finlande et en Russie. La ligue suivante, une fois remporté le stade européen, vous emmènera en Asie (Japon, Chine, Singapour, Birmanie...) avec un stade en Sibérie à remporter pour atteindre la ligue asiatique de niveau moyen (Asian masters) qui rajoutera des pistes au Koweit, en Sibérie, au Cambodge, au Vietnam, en Chine, etc, ainsi qu'un stade à Bali (Bali Ballot) et ainsi de suite avec une montée en puissance et un voyage autour du monde.
Place au spectacle
Trials Rising est un jeu où l'action est omniprésente, la tension à son comble et la vitesse recherchée. Aussi, il va de soi que la musique qui l'accompagne se doit d'être du même acabit. Et c'est en effet le cas, la bande son à base de musique hip-hop, metal et électrique, est variée de qualité et a de surcroit l'intelligence de savoir se montrer discrète. C'est souvent juste un petit fond sonore qui nous accompagne et finit de dynamiser l’ensemble. Le jeu est entièrement disponible en version française, tout au moins pour le texte. Toutefois, les vignettes des pistes ou des ligues n'ont pas non plus été refaites et nous pouvons donc profiter des noms en anglais avec leur traduction en français plus ou moins réussie puisqu'il s'agit souvent de jeux de mots, certains empêchant même toute traduction qui leur ferait perdre sens, à l'image de Braking Bad pour ne citer que celui-ci. Quant aux cinématiques de l'académie, elles conservent les voix anglaises sous-titrées en français.
RedLynx nous propose comme à l'accoutumée un titre qui doit avant tout se voir comme un jeu de plateforme en 2D avec des effets de profondeur où l'on devra parvenir à passer les obstacles le plus rapidement possible. Une piste, au Japon, nous propose même de la pure 2D vue de loin avec un résultat magnifique. Graphiquement, surtout sur console, Trials Rising n'est pas à la pointe de la technologie et n'a pas beaucoup évolué depuis Fusions, mais peu importe car, d'une part nous n'avons pas vraiment le temps de nous attarder sur les détails, et d'autre part le rendu du jeu offre un spectacle vraiment grandiose. À grand renfort de pyrotechnie et autres jeux de lumière réussis à base de soleil couchant ou de clair de lune, il sait nous en mettre plein les yeux dans des décors variés et animés (hélicoptères, oiseaux, avions, flèches dans l'ambiance médiévale, véhicules en mouvement, touristes en bouée descendant la rivière...). Certaines textures laissent toutefois à désirer et les personnages dans le public sont largement perfectibles, sans parler de notre pilote qui ressemble toujours plus à un mannequin qu'à autre chose.
L'ensemble du jeu reposant sur la gestion de la physique et de l'équilibre de l'ensemble pilote-moto avec la répartition des masses et le rôle joué par l'attraction terrestre, le moteur physique reste le point d'orgue de Trials Rising. Il fait à ce titre un travail remarquable et nécessitera un peu de pratique avant de bien tout maîtriser et éviter de se retourner sur la roue avant ou la roue arrière du fait d'un mauvais positionnement et/ou d'un dosage des gaz inapproprié. Il n'en demeure pas moins que quelques bugs persistent de ci de là, comme cette fois où nous nous sommes retrouvés coincés dans les ailes des moulins hollandais ou cette autre fois où nous nous sommes à nouveau retrouvé dans une position de trick cordova assez déstabilisante, comme lors de la preview. Rien de dramatique toutefois car cela reste vraiment anecdotique.
Quoi qu'il en soit, après Trials Fusion qui faisait la part belle à la SF, Trials Rising revient aux bases de la série avec des environnements bien plus réalistes aux quatre coins du monde. Que ce soit en ville, dans le désert, dans les bois, dans les îles,à bord d'un cargo russe en plein ciel, au milieu des puits de pétrole explosifs du Koweit, dans un parc d'attraction, au milieu des studios de cinéma hollywoodiens, dans les égouts de Bucarest, parmi les néons de Tokyo, sur les pentes de l'Everest en pleine tempête de neige, sur les moulins hollandais, sur les montgolfières birmanes, dans un immeuble en plein effondrement à Prypiat, sur les quais de Singapour, ou encore la Tour Eiffel, la Grande muraille de Chine ou les pyramides égyptiennes, les occasions de s'envoyer en l'air à l'aide de tremplins, catapultes et autres éruptions volcaniques ne manqueront pas. Chacun des 140 tracés est plus vertigineux que le précédent, et ce n'est pas fini puisque les DLC à venir devraient venir encore gonfler cette offre. Une carte du monde nous permet de visualiser les différentes pistes et les différents stades où l'on peut se rendre, avec affichage en temps réel des nouveaux records établis par les joueurs du monde entier. On peut également voir pour chaque piste notre positionnement dans le classement mondial ainsi que régional (France donc pour nous) ainsi qu'avec nos amis qui jouent aussi à Trials Rising.
An Isaac Newton Game
Ce qui est certain c'est que l'on ne se prend jamais au sérieux dans Trials Rising. L'humour est à ce titre omniprésent, que ce soit dans le nom des pistes, leurs tracés improbables, les finish violents (écrasé, explosé, la tête dans les toilettes de chantier, propulsé dans le vide, embarqué par une fusée en plein décollage...) ou encore les étranges tortillements au sol de notre pilote en cas d'accident. De même, le festival des jeux d'adresses de Mexico propose des challenges bien barrés qui se débloqueront progressivement : rebondir le plus loin possible en se faisant exploser sur des bidons d'essence, s’éjecter de la moto pour attraper un ballon et tenter de marquer un maximum de paniers de baske, se faire enflammer et essayer d'aller le plus loin possible en restant en feu... On pourrait aussi citer le festival des tomates en Espagne où l'on commence par plonger dans une énorme cuve remplie de tomate qui éclabousse l'écran.
Quelle que soit la course que l'on fait, les fantômes d'autres joueurs nous accompagneront afin que l'on se compare à eux. L'accent a en effet été mis sur le côté compétitif du titre, comme la présence des classements le rappelle, avec cross-platform assuré. Et un véritable pan multijoueur est présent dans Trials Rising, que ce soit en ligne ou en privé (à condition d'avoir l'abonnement PS Plus sur PS4 bien entendu) ainsi qu'en local à 4 joueurs avec tous les éléments paramétrables. On effectuera ainsi la course aux côtés des fantômes des autres joueurs en direct et ceci sur le niveau de notre choix, un plus indéniable par rapport à Fusion. Citons aussi au passage la possibilité de jouer à deux sur une moto tandem où chacun participe à la fois à l'accélération et à l'équilibre, ce qui nécessite une bonne entente et promet de bonnes tranches de rigolade (ou d'engueulade, au choix).
Si l'on retrouve le gameplay tout ce qu'il y a de plus simple des opus précédents, c'est toujours avec autant de plaisir tant le fun est là et la banane assurée dès les premiers tours de roues. Fidèle à la réputation de la série, Trials Rising saura combler tout un chacun avec une accessibilité évidente mais aussi une difficulté sans cesse croissante qui ira titiller les nerfs même des plus endurcis d'entre nous, tout particulièrement dans les niveaux extrêmes. Il est indispensable de maîtriser son flow et de trouver la meilleure trajectoire possible, parfois en exploitant les parcours annexes (économiseurs de temps ou Time Savers) qui vous permettront de court-circuiter la trajectoire principale afin de gagner quelques secondes précieuses ou d'éviter certains obstacles retors, mais généralement en apprenant aussi à freiner afin d'éviter les vicieux obstacles aériens que vous ne manquerez pas de percuter une fois lancé dans les airs, mais également pour éviter de perdre du temps à monter trop haut même si cela en jette pour votre public, sans parler des pauses indispensables au déclenchement de certains évènements vous permettant d'accéder à la suite du parcours ou simplement pour laisser passer un train.
Le principe du jeu repose ainsi essentiellement sur du Die and Retry. La moindre erreur étant fatidique et tout se jouant généralement à pas grand chose, il faudra bien connaître la piste avant d'espérer établir un nouveau record. Votre premier passage regorgera de surprises inattendues avec lesquelles vous devrez par la suite apprendre à jongler. Ce qui est certain c'est que la technique du tout à fond sera rarement payante. Pour varier un peu le gameplay des courses contre la montre, les sponsors (RedLynx, Fox, KTM...) seront les bienvenus avec leurs contrats à remplir, ainsi que les stades avec leurs qualifications successives ou les défis demandant par exemple de battre 3 pilotes d'affilée en 3 essais seulement. Autre petit élément à surveiller, des objets collectors sont disséminés sur les pistes, à vous de les repérer et de trouver le moyen de les atteindre pour décrocher une récompense unique. On regrettera simplement que seules trois figures soient au programme : frontflips, backflips et wheelings. Nous aurions apprécier quelques figures supplémentaire afin d'apporter encore plus de spectacle. De même, seules 3 "vraies" motos sont au programme : la Squid de départ, la Rhino à partir du niveau 14 et la Mantis au niveau 42. Il faut toutefois rajouter à cela le Tandem ainsi que la mini-moto Donkey et le vélo Helium, ce dernier débloquant le sponsor Anba qui vous demandera de revisiter certains circuits en vélo, un petit plus assez sympathique, surtout que l'on sent bien le côté bien plus léger de l'engin qui part très vite dans tous les sens. Hormis la Squid et le Tandem, chaque moto devra être achetée avec des Trials Coins (remportés lors de vos victoires ou en remplissant des contrats, en même temps que l'expérience et certains objets de personnalisation).
L'aspect personnalisation du pilote et de la moto ont en effet été poussés plus loin dans Trial Rising. Vous pourrez ainsi choisir le casque, la veste, le haut, les gants, le bas, les chaussures et les accessoires de votre pilote, mais aussi la pose qu'il prendra pendant le chargement de la piste ainsi que son animation en cas de victoire comme de défaite et ses propriétés (sexe, voix, couleur). Pour la moto vous pourrez jouer sur les jantes avant et arrière, l'échappement, le phare, le cadre, le carénage, le garde boue avant, et les pneus avant et arrière de chacune des motos que vous possédez, en jouant au passage sur la couleur de chaque élément et en choisissant les stickers à leur appliquer. En revanche, et on peut le regretter, il n'y a aucun élément d'amélioration des motos. Et pour obtenir de nouveaux éléments, il faudra les remporter via les contrats des sponsors ou grâce aux caisses obtenues à chaque changement de niveau ou achetées avec des glands, la seconde monnaie de Trial Rising que l'on peut remporter in game mais surtout acheter avec de vrais euros . Et sachant que le contenu des caisses est constitué essentiellement de stickers existant en très grand nombre et que les vêtements ou les pièces de moto sont non seulement bien moins fréquents mais se répètent aussi beaucoup, on peut reprocher l'existence de ses lootboxes monnayables en argent réel. Cela dit, et c'est un moindre mal, cela ne concerne que des éléments esthétiques, mais tout de même. En dehors de ça, la boutique propose aussi des packs de tenues et de pièces de moto identifiables (clown, cuir, gentleman...), ce qui est déjà plus acceptable.
Enfin, comme toujours avec la licence des Trials, un éditeur de piste est disponible avec une bibliothèque d'objets tirée de tous les Trials. Il permet non seulement de concevoir ses propres parcours mais aussi de les partager avec la communauté via le Track Central. Vous pouvez ainsi proposer vos créations mais aussi télécharger celles qui y sont proposées, l'auteur touchant en contrepartie des Trials coins. Et, à en croire RedLynx, cet éditeur est si complet qu'il a été utilisé par ses développeurs pour constituer l'intégralité des pistes du jeu sans qu'aucune modification ne soit apportée. Alors saurez-vous faire preuve d'autant de folie que ces derniers dans vos créations ? Il faut en effet reconnaître que les développeurs ont su faire preuve de créativité et d'imagination dans le level design, non seulement en proposant des environnements variés mais aussi en incluant sans cesse de nouveaux éléments de gameplay permettant de ne jamais s'ennuyer et de toujours être à l'affût de nouvelles découvertes, à tel point qu'il est bien difficile de s'arrêter une fois que l'on a lancé une partie. Ce qui est sûr, c'est qu'il est préférable que les gars qui ont conçu les niveaux restent dans le jeu vidéo, car s'ils prenaient idée de rentrer dans les BTP, ils pourraient bien être rapidement accusés de génocide envers la communauté des motards.
Les serveurs d'Anthem sont désormais officiellement ouverts. A cette occasion, nous vous proposons de découvrir ou de redécouvrir notre test du dernier Bioware.
