La série Steins;Gate créée par le studio 5bp, spécialiste des visual novels, a rencontré le succès dès la sortie du premier opus en 2009. Ce succès fut d'ailleurs tel que le jeu a rapidement donné naissance, entre autres, à une série animée puis un film. Vous pouvez retrouver ses 24 épisodes ainsi que le film notamment sur Netflix.
Bien entendu, déclinaisons marketing oblige, ce premier jeu a connu des suites et des spins-off. Mais l'épisode Elite qui nous occupe aujourd'hui reprend en fait le premier jeu, épisode culte pour beaucoup, en lui adjoignant des séquences de l'anime pour littéralement lui donner vie. Comme l'annonçait le trailer d'annonce, le joueur prend les commandes, non plus d'un visual novel, mais d'un anime.
- Genre : Visual Novel
- Date de sortie : 19 février 2019
- Plateforme : PC, PS4, Switch
- Développeur : 5pb
- Éditeur : Spike Chunsoft
- Prix : 49 €
- Testé sur Switch
Dr Stein
Dans le quartier otaku d'Akihabara, Rintaro Okabe (aka Kyouma Hououin, aka Okarin), Mayuri Shiina (aka Mayushii) et Itaru Hashida (aka Daru, aka Super Haka) ont fondé le Future Gadget Laboratory. Ils n'ont pas beaucoup d'inventions à leur actif et leurs travaux actuels tournent autour d'un four à micro-ondes commandé par SMS.
Rintaro, protagoniste de l'histoire, est un jeune homme excentrique portant la plupart du temps une blouse de laboratoire et se définissant lui-même comme un savant-fou, un "mad-scientist". Arrogant face à son auditoire, il fait aussi preuve de paranoïa et déclare être poursuivi par une mystérieuse Organisation. Mayuri est une amie d'enfance d'avantage intéressée par le cosplay que par la recherche scientifique. Enfin Itaru est étudiant, et le hacker de la bande.
Un jour que Rintaro et Mayuri se rendent à une conférence, des événements étranges se déroulent. Rintaro rencontre Kurisu Makise, jeune chercheuse en neuro-science extrêmement talentueuse. Quelques minutes plus tard, il la découvre baignant dans son sang. Une fois sorti du bâtiment, il envoie un SMS à Itaru pour l'informer de ce qu'il vient de se passer quand tout à coup, toutes les personnes autour de lui dans la rue disparaissent. Il reste ainsi quelques secondes, seul, à se demander ce qu'il se passe. Puis le monde reprend vie d'un coup, comme si rien ne s'était passé. Rentré au laboratoire, alors qu'il parle de ce qui lui est arrivé, il découvre que le SMS, qu'il a envoyé à Itaru il y a une heure à peine, lui est en fait parvenu il y a une semaine. Il se rend aussi compte qu'aucune info sur le meurtre n'apparaît sur le net ou aux actualités. Enfin, il découvre que John Titor, soit-disant voyageur temporel qui a beaucoup fait parler de lui au début des années 2000, n'a en fait pas encore fait son apparition sur les forums.
Entre autres étrangetés, nos deux scientifiques constatent que la plaque de leur four à micro-ondes tourne dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Et, après avoir suivi une conférence de Kurisu Makise, mystérieusement revenue à la vie - conférence qui tourne d'ailleurs en un cours magistral sur l'impossibilité du voyage temporel, ils admettent enfin que leur four à micro-ondes est une machine qui peut modifier l'espace-temps. Alors que seul Rintaro garde en mémoire les changements entre les différentes réalités, une organisation (réelle, celle-ci) appelée le SERN (CERN dans le monde réel) va tenter de s'emparer de leur machine. Rintaro va devoir effectuer de nombreux sauts dans le temps afin de protéger ses amis.
Ça se Gate
Qui dit visuel novel dit choix à effectuer. Dans Steins;Gate, ceux-ci se font via le téléphone portable de Rintaro. Le joueur choisit d'envoyer tel ou tel message à un protagoniste, voire ne rien envoyer du tout, gameplay pour le moins basique. Mais alors que l'on pourrait penser que ces interactions gênent l'immersion et l'implication, l'histoire nous tient du début à la fin. C'est là la grande force de Steins;Gate. Même si le thème du voyage temporel a été développé dans d'innombrables œuvres de fiction, il est ici abordé de manière à la fois loufoque et rigoureuse : loufoque par l'emploi d'un four à micro-onde comme médium et rigoureuse par son approche scientifique. La conférence de Kurisu Makise au début du jeu en est le parfait exemple : les théories présentées sont réelles et la façon dont elles sont vulgarisées est exemplaire. Tout fan de science et/ou de voyage temporel se devrait de la suivre, à condition bien sûr de maîtriser la langue de Shakespeare. Ou d'Isaac Newton en l’occurrence. Car premier bémol, alors que l'anime a été doublé en français, Steins;Gate Elite n'est doublé qu'en VO et les sous-titres ne sont disponibles qu'en anglais. Il va peut-être parfois falloir sortir le dictionnaire.
La deuxième force du jeu, c'est bien entendu l'emploi tout du long de séquences sorties de l'anime. On sort complètement du cadre du visual novel classique pour entrer de plain-pied dans l'ère de l'anime interactif. Il en résulte un nombre de descriptions drastiquement diminuées, ce qui permet de mettre l'accent sur les dialogues. Et la lecture s'en trouve facilitée, aidée par des lignes de sous-titres sobres et à la taille de police réglable. Certains passages resteront toutefois un peu lents et redondants. Dans la liste des choses qui peuvent gêner, il y a aussi le doublage japonais, pour celles et ceux qui ont du mal avec cela. La sobriété n'est jamais de mise avec les comédiens nippons, et même si l'on se rend compte qu'ici un effort semble avoir été fait, certaines envolées, notamment de Mayuri, peuvent rapidement taper sur les nerfs. Néanmoins, rien de réellement rédhibitoire. Non, ce qui pourrait l'être en revanche, ce sont certains thèmes abordés. Le respect du PEGI 16 est ici primordial.
Une autre excellente idée de Steins;Gate, ce sont les tips. Certains mots, notamment liés à la culture japonaise, sont affichés en rouge durant les descriptions ou les dialogues. Le joueur peut alors mettre le jeu en pause, aller dans la rubrique Tips et en apprendre d'avantage sur ce thème. Cependant, on sort parfois largement du cadre scientifique propre au jeu, avec une certaine tendance à toucher au sexe, sans mauvais jeu de mots. Nous savons tous que les jeux de l'amour ont une grande importance au Pays du Soleil Levant et que comportements ou ressentiments exotiques à nos yeux peuvent être intéressants à découvrir et à appréhender d'un point de vue ethnologique, mais de là à parfois accentuer le trait, c'est dommage et ça brise l'immersion. Parlons franchement : autant le thème de l'émoi que peut ressentir un homme face à un individu androgyne du même sexe est compréhensible, autant l'idée apportée par Rintaro de commettre un viol puis de repartir dans le passé pour effacer toute trace de son forfait peut déranger.
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