Une image bien plus nette
La définition de nos casques actuels reste également un gros défaut. Que ce soit le manque de netteté, l'effet de grille ou le champ de vision réduit, de gros progrès sont recherchés et attendus dans ce domaine. L'une des astuces qui devrait se répandre en 2019 est le recours à l'eye tracking. Le suivi oculaire permet en effet d’améliorer les performances graphiques grâce au rendu fovéal améliorant la netteté là où notre regard se porte, déchargeant ainsi le travail en périphérie. Sachant que cela permet aussi d’améliorer le réalisme du focus et les effets de profondeur de champ, ainsi que de reproduire dans la réalité virtuelle les mouvements des yeux de l'utilisateur afin d'apporter plus de réalisme, on aurait tort de s'en priver. De plus, couplée à des écrans qui se déplacent en fonction de l'endroit où porte le regard de l'utilisateur, cette technique permet d'obtenir, comme sur l'Oculus Half Dome, une focalisation variable bien plus confortable pour l'utilisateur qu'une distance focale fixe. En mettant les lentilles en mouvement plutôt que les écrans, le Lemnis Verifocal VR a d'ailleurs décroché le prix de l'innovation pour le CES 2019 qui se tiendra à Las Vegas du 8 au 11 janvier 2019. Pour information, ce casque incorpore aussi 2 écrans 1440x1440, un système de tracking 6DoF, et même une correction directe de la vue afin de pouvoir se dispenser de ses lunettes à l'intérieur du casque.
Au-delà de l'eye tracking déjà prévu sur les prochains casques haut de gamme, ce sont aussi les définitions des écrans qui devraient être revues à la hausse. Ainsi, Oculus planche sur l'Oculus Rift S, une refonte de l'Oculus Rift actuel, privilégié à l'Oculus Rift 2 et probablement à l'origine du départ de Brendan Iribe, l'ancien CEO co-fondateur d'Oculus, fin octobre. Même si la principale évolution de celui-ci sera l'abandon des capteurs externes au profit de la technologie Insight Tracking reprise du Quest, il devrait également proposer une définition légèrement revue à la hausse ainsi qu'un design affiné pour un poids réduit. En parallèle, il se pourrait bien qu'un Oculus Rift 2 soit toujours à l'étude si l'on en croit le brevet obtenu par Facebook / Oculus concernant la combinaison d'un grand écran à faible définition et d'un petit écran à haute définition (écran microdisplay OLED eMagin WUXGA de définition 1920x1200) projeté là où regarde l'utilisateur grâce à la présence d'eye tracking afin de fournir une définition comparable à l'œil humain, une technique qui rappelle celle du Varjo dont nous reparlerons un peu plus loin.
De leur côté, Google et LG ont annoncé des écrans en 4800×3840, mais le casque très attendu dans ce domaine est le Pimax 8K qui est disponible à la vente directe depuis début décembre 2018, mais avec des délais d'attente de 90 jours, car le fabricant chinois Pimax VR livrera en priorité ses contributeurs Kickstarter, puis les précommandes (ouvertes depuis fin octobre 2018), et enfin seulement les commandes directes. Il faudra donc attendre encore mi-janvier 2019 pour les backers ou mi-février pour les autres avant de voir arriver les premiers modèles. Pour rappel, le Pimax 8K dispose d'un écran CLPL d'une définition de 3840×2160 par oeil grâce à la technique de l’upscaling, soit 7680×2160 au total, avec un taux de rafraîchissement de 80 Hz et un FOV de 200 degrés à l'horizontale, des caractéristiques qui lui ont valu un succès considérable sur Kickstarter avec 4,23 millions de dollars recueillis. Et même s'il aura finalement un an de retard, beaucoup l'attendent comme le messie. Il vous en coûtera 899 $, auxquels il faudra ajouter 300 $ pour les stations de tracking SteamVR 2.0 et les contrôleurs à détection de mouvement. Précisons que le Pimax 8K sera aussi accompagné du Pimax 5K+ et du Pimax BE. Pour en savoir plus, nous vous encourageons à lire notre article.
Pour ce qui est du concurrent direct du Pimax 8K, le StarVR One, fruit du partenariat entre Starbreeze et Acer ayant déjà donné naissance à des casques équipant les salles d'arcade VR et autres centres dédiés à la VR, il pourrait bien finalement ne jamais voir le jour. Il faut dire qu'à 3200 $, même s'il est destiné aux professionnels, le prix est quelque peu prohibitif. Disponible pour les développeurs depuis fin novembre 2018, le casque propose tout de même un FOV de 210° horizontal et 130° vertical (le Rift et le Vive n'offrent que 80° horizontal et 90° vertical) soit un champ de vision similaire à celui du l'œil humain. Il est équipé de deux écrans AMOLED de 4,77 pouces d'une définition de 3660×1464 (1830×1464 par œil), avec un taux de rafraîchissement de 90 Hz et propose bien entendu de l'eye tracking, tout en ajustant automatiquement l’écart interpupillaire. S'il dispose d'un microphone, il faudra par contre lui connecter un casque ou des écouteurs grâce à sa prise Jack intégrée, ainsi que les stations de tracking SteamVR 2.0 qui ne sont pas fournies, tout comme les contrôleurs à détection de mouvement. Forcément, il nécessite aussi un PC bien équipé pour tourner correctement. Acer n'a toutefois laissé qu'un délai de 3 mois à StarVR pour devenir rentable, faute de quoi la société sera dissoute ou revendue. Finalement, suite au mauvais résultat de Overkill The Walking Dead et au scandale pour délit d'initié ayant conduit à une arrestation dans les locaux de Starbreeze, puis à la démission de son CEO, sans parler de la radiation de StarVR du Taipei Exchange Emerging Market, les ventes du StarVR One ont été suspendues en attendant que la situation se stabilise.
Plus fort encore, pour 5500 $, le casque VRgineers XTAL, conçu à Prague et clairement destiné aux entreprises, s'est offert les meilleures lentilles du marché. Conçues par la société israélienne VR Optics, ces lentilles non-Fresnel et asphériques permettront de profiter d’un champ de vision plus large (180 degrés en diagonale) et d’une image moins distordue et plus nette avec une large zone super-focused. VRgineers cherche en effet à concevoir le casque VR le plus à la pointe de la technologie. Le casque incorpore par exemple un capteur EEG de Neurable capable de détecter les émotions de l’utilisateur. Pour ce qui est des écrans qui l'équipent, il s'agit de deux écrans OLED d'une définition totale de 5120×1440 (2560×1440 par œil), soit l'équivalent du Pimax 5K+. Bien entendu, le hand tracking Leap Motion pour une utilisation avec les mains, sans contrôleurs, et l'eye tracking intégrés sont également présents et comme le StarVR One, le XTAL dispose d'une fonction AutoEye ajustant automatiquement l'écart interpupillaire pour s'adapter à la morphologie de l'utilisateur. Inaccessible à ce prix, VRgineers prévoit toutefois une version plus abordable pour le grand public, histoire de ne pas commettre la même erreur que le StarVR One.
Enfin, un autre casque destiné aux professionnels et au prix battant tous les records (entre 5000 et 10 000 $) devrait arriver en janvier 2019 : le Varjo. Sa particularité est de fournir une image des plus nettes grâce à un casque disruptif ayant permis à la société Varjo de lever 31 millions de dollars. Son principe est d'utiliser deux écrans par œil, un écran classique comparable à ceux du Vive Pro pour la vision périphérique et un écran micro-OLED de très haute densité pour la mise au point avec une image projetée à très haute vitesse en premier plan dans le champ de vision de l'utilisateur grâce à des miroirs mobiles. Cela permettrait, selon Varjo, d'obtenir une image de 50 mégapixels par œil. Le casque, cela va de soi, dispose bien évidemment d'un eye tracking développé en interne.
