Sorte d'escape game dans un esprit dérangé, résultat d'une simulation numérique corrompue de la famille d'un scientifique perturbé conçue à partir de leurs données cérébrales collectives, Transference est un titre original développé par SpectreVision en collaboration avec Ubisoft Montréal, édité par Ubisoft. Il s'agit d'une expérience narrative qui se veut à mi-chemin entre cinéma et jeu vidéo. On se retrouve ainsi entrainé dans un thriller psychologique qui pourrait bien s'avérer traumatisant.
Pour rappel, SpectreVision est la société de production d'Elijah Wood (Frodon), qui s'est d'ailleurs déplacé personnellement à plusieurs reprises, comme lors des conférences E3 d'Ubisoft en 2017 et 2018, pour présenter Transference, un projet qui semble lui tenir à coeur. Le titre se destine à la fois au PC et aux consoles PS4 et Xbox One, mais propose aussi et surtout un mode VR compatible avec les différents casques haut de gamme (Oculus Rift, HTC Vive et PSVR). Alors, réussite ou fiasco ?
- Genre : Thriller psychologique
- Date de sortie : 18 septembre 2018
- Développeur : SpectreVision et Ubisoft Montréal
- Éditeur : Ubisoft
- Plateforme : PC (Oculus Rift, HTC Vive), PS4 (PSVR), Xbox One
- Prix : 24,99 €
- Testé sur : Oculus Rift
Esprits, êtes-vous là ?
Dans Transference, votre aventure commence avec une séquence vidéo où un barbu vous annonce avoir non seulement fait une incroyable découverte, mais aussi avoir osé l'utiliser pour dupliquer la conscience. Il continue en disant que sa famille et lui vont déménager mais qu'il est impatient de nous rencontrer car il a beaucoup de choses à nous montrer.
On se retrouve alors dans la nuit noire devant un bâtiment abritant au rez-de-chaussée un magasin de musique dénommé Harmony dont le slogan est "Music is the key". Ne sachant que faire d'autre, on se dirige donc vers lui pour trouver la porte d'entrée close. On entreprend alors de faire le tour pour trouver une autre issue. On croisera en route divers prospectus dont celui concernant Laika, une chienne disparue que ses propriétaires recherchent. À l'angle de la rue se dresse un lampadaire qui grésillera avec un son lugubre à notre arrivée. On trouvera finalement les clés de la réception accrochées à un cartable d'écolier gisant au sol. En continuant notre tour, on découvrira que le troisième pan de l'immeuble est le même que le premier, et qu'en continuant, le dernier est aussi le second, étrange.
Autre étrangeté, tous les objets que l'on a saisi se désintègrent lorsqu'on les lâche pour réapparaître là où ils étaient initialement. En pénétrant dans la bâtisse, on voit bien que quelque chose cloche. Déjà, il y a cette voix qui nous parvient pour nous dire "Je ne trouve plus mon papa". Ensuite, la porte après le hall d'entrée semble inachevée et n'est de toute manière pas franchissable. Autour de nous se trouvent diverses références musicales : un paillasson avec des notes de musique sur une portée et un prospectus pour des leçons de piano de Katherine Hayes. On découvrira aussi une livraison de la pharmacie pour M. Hayes. Et c'est en fouillant la boîte aux lettres de Raymond Hayes que l'on trouvera une ébauche de partition avec des lettres. En déchiffrant ce code, on débloquera la porte.
C'est alors qu'un jeune garçon se jette contre la vitre en nous appelant à l'aide avant qu'il ne soit emporté par une forme aux yeux rouges et que nous ne nous retrouvions dans le noir. Nous passons alors dans un couloir avec plusieurs portes hermétiquement closes. La porte vitrée qui se trouvait derrière nous s'est transformée en porte comme les autres. Des espèces de cendres volent dans les airs et l'image vibre régulièrement. Un interrupteur semble nous appeler. En le pressant, l'univers qui nous entoure redevient normal, nous sommes passé dans le couloir et la porte vitrée est à nouveau là, derrière nous. "Qui es-tu, il faut que quelqu'un nous sauve". Dans l'escalier permettant de monter aux étages, des bruits peu rassurants nous accueillent et nous décidons de descendre au sous-sol. Mauvaise idée. Toujours ces voix qui nous accompagnent : "Tu es un rêve ?", "S'il te plaît, aide mon papa", "C'est notre maison ?", "Aide-nous à sortir d'ici", "Tu as vu ma chienne ?"...
Compilation en cours
Vous pouvez choisir de jouer à Transference de manière traditionnelle, que ce soit sur PC, PS4 ou Xbox One, ou en réalité virtuelle sur Oculus Rift, HTC Vive ou PSVR, après avoir activé le mode VR et relancé le jeu. On ne saurait toutefois trop vous recommander d'opter pour la version VR, le jeu ayant été conçu avec cette optique en tête. Pour cela, la configuration recommandée sur PC est un microprocesseur intel i5-4690 ou AMD FX 8350, 8 Go de RAM et 4 Go de VRAM avec une carte graphique NVIDIA GTX 970 ou AMD 290, ainsi que 8 Go d'espace disque disponible, directX 11 et Windows 7, 8.1 ou 10 (64 bits seulement).
Que vous jouiez en VR ou non, on vous conseille également d'utiliser un casque, tant l'ambiance sonore est importante et efficace pour vous immerger plus profondément dans le jeu et vivre une expérience d'autant plus troublante. Que se soient les musiques stressantes de violoncelle ou les grognements omniprésents, ainsi que les voix des personnages intégralement en français, tout est habilement mis en place pour nous mettre mal à l'aise. Et ce ne sont pas les dessins lugubres ou démentiels ou les inscriptions qui ornent les murs de l'appartement de la famille Hayes qui amélioreront les choses ("Laisse moi partir", "Au secours", "Dark is bad", "Personne ne m'aime"...).
Concernant les dessins et autres annotations, ils semblent malheureusement parfois être en surimpression sur les murs, comme si ceux-ci étaient recouverts d'une vitre sur laquelle se trouveraient les messages. Ce n'est pas que les graphismes ne soient pas de qualité, bien au contraire, c'est une franche réussite de ce côté là, mais c'est un petit détail que nous avons remarqué quand on regarde les murs de près. Sur le plan technique, nous déplorons aussi parfois l'apparition d'écrans noirs lorsque l'on tourne la tête. Il suffit alors de bouger pour que tout rentre dans l'ordre mais cela s'avère plutôt désagréable lorsque l'effet se produit.
En VR, le jeu est étudié pour être joué assis, un bouton (R3) nous permettant de nous baisser puis de nous relever, mais il est tout à fait possible de jouer aussi en room scale. Point de téléportation en revanche, le titre exploite le déplacement libre avec le stick gauche et la rotation avec le stick droit, l'angle de rotation étant paramétrable. Il est toutefois parfois difficile d'attrapper certains objets au sol ou au fond d'un tiroir, mais à part cela, le système fonctionne à la perfection et aucune cinétose ne devrait venir vous gâcher le plaisir. Il faut dire que, la partie effrayante du titre mise à part, l'expérience se veut confortable, ce qui explique probablement la position assise, un peu comme au cinéma. Il faut dire que SpectreVision et Ubisoft qualifient eux-même leur création comme à mi-chemin entre le cinéma et le jeu vidéo, leur objectif étant de combler le fossé séparant ces deux médias. On alternera ainsi sans cesse entre action et narration afin de jouer avec nos émotions.
Éteignez la lumière
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, Transference n'est pas à proprement parler un jeu d'horreur. Il s'agit bel et bien d'un thriller psychologique qui vous fera certes dresser les poils et qui contient quelques jump scares assez efficaces, mais il s'agit avant tout d'une expérience dérangeante. C'est un jeu d'exploration dans une simulation digitale de la famille du docteur Raymond Hayes, un brillant scientifique perturbé. Il a conçu celle-ci à partir des données collectives de son cerveau ainsi que de celui de sa femme Katherine et de son fils Benjamin. On dispose ainsi de trois perspectives différentes qui nous obligeront à effectuer des aller-retour entre chacune d'entre elles pour résoudre le mystère de cette famille.
Pour cela, on utilise les interrupteurs qui permettent de passer d'un "monde" à un autre. On se trouve toujours dans la même maison, mais le décor change. Parfois, des portes qui étaient là ont disparu, le contenu des tiroirs ou des placards est également modifié. À chaque fois, les dessins sur les murs, tout comme les tableaux, les photos, les livres ou les autres objets personnels sont très évocateurs de la psyché de chacun des personnages. Et certains lieux nécessiteront d'être débloqués avant de pouvoir y accéder. Le docteur Hayes rêve d'un monde créé à partir de l'imagination de chacun mais sa passion et son obsession le rongent car il doit prouver ses théories à ses pairs à tout prix, quitte à délaisser sa famille.
L'expérience du docteur Hayes étant corrompue, certains éléments restent incomplètement présents dans le monde qu'il a créé. Les sautillements de l'image illustrent très bien cette instabilité du programme. Il faudra donc finir la compilation en résolvant des puzzles dont les pièces manquantes peuvent se trouver dans l'univers correspondant à celui du docteur, de son fils, ou de sa femme. Pour nous aider, les éléments avec lesquels des interactions sont possibles clignotent : poignées de portes, tiroirs, objets, interrupteurs... Certains objets sont ainsi indispensables à la poursuite de l'aventure, d'autres apportent simplement des informations sur l'état d'esprit de chacun des membres de la famille, et d'autres encore sont totalement inutiles.
Raymond Hayes, le scientifique fou, ayant épousé Katherine Hayes, une violoncelliste talentueuse, l'ensemble de la maison comme la plupart des énigmes entretiennent des relations étroites entre science et musique. Au fur et à mesure de notre aventure, on trouvera également des registres vidéos, que ce soit sur clé USB, cassette vidéo ou encore disque dur. S'ils ne sont pas indispensables, d'autant qu'ils sont aussi présents dans le jeu, ils nous permettent de connaître un peu mieux la famille Hayes en les visionnant. On assiste en effet à une vidéo jouée par des acteurs bien réels, appuyant le côté cinématographique du titre. On regrettera toutefois qu'il faille à chaque fois repasser par le menu pour y accéder, rompant ainsi l'immersion, ainsi qu'il soit si difficile d'identifier la dernière vidéo trouvée dans la liste. Dernier regret, vous atteindrez le générique de fin en trois heures environ, ce qui est plutôt long pour une oeuvre cinématographique mais très court pour un jeu vidéo, surtout si vous ne jouez pas en VR, où nous sommes davantage habitués à des durées de vie plus brèves. Quoi qu'il en soit, c'est une expérience très enrichissante à laquelle nous vous conseillons de participer.
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