C'est le jeu de l'été sur Nintendo Switch : à force de trailers et de promesses, Octopath Traveler est devenu l'une des grosses attentes des possesseurs de la console hybride. Alors, la hype est-elle justifiée pour ce nouveau J-RPG des développeurs de Bravely Default dispo en exclusivité sur Switch le 13 juillet prochain.
Multipath, please… help !
Octopath Traveler propose aux joueurs de suivre le destin de 8 personnages disséminés sur la carte du monde. Le jeu débute par la sélection de son premier héros et donc de son premier scénario afin d'entamer son premier chapitre, déjà disponible en démo gratuite sur l'eshop, rappelons-le. Le titre d'Acquire se base ensuite sur une narration "libre" : après avoir passé l'introduction, vous serez complètement libre d'explorer le monde comme bon vous semble, en continuant l'aventure du protagoniste, ou en en commençant une autre en allant chercher un des 7 autres traveler du jeu et ainsi jouer son chapitre 1. Là déjà, ça pique : concrètement, si vous voulez faire le jeu proprement, vous devrez manger les 8 intros, des débuts à la structure strictement identique à chaque fois et croyez-nous sur parole, c'est une tannée. Fort heureusement, quelques destins se veulent plutôt accrocheur, rendant la tâche moins harassante, mais dès le troisième perso et donc le troisième chapitre 1, la torpeur finit quoiqu'il arrive par prendre le dessus. Là on pourrait tout à fait se dire qu'il suffit de se concentrer sur un ou deux scénarios pour ne pas perdre pied, mais cette soi-disant liberté n'est qu'un trompe-l'oeil grossier.
En achevant une intro, vous serez niveau 4/5, mais si vous souhaitez compléter le chapitre 2 d'une aventure, vous devrez monter de 10 à 15 niveaux… ce qui vous force donc à aller chercher toujours plus de héros. Donc oui, se concentrer sur un nombre réduit de destinées est tout à fait possible, mais cela sous-entend que vous allez devoir participer à un bon grindfest des familles. Le détail qui finit d'achever ce système de narration faussement libre, c'est l'interaction entre les différents protagonistes : c'est très simple, il n'y en a pas, niet, nada, tout juste un petit dialogue à chaque rencontre du style "écoute mon histoire" avant de plonger dans un énième chapitre 1. Finalement, les paths de Octopath Traveler ne nous auront donné qu'une seule envie : relancer des C-RPG comme Pillars of Eternity ou Baldur's Gate, qui eux, réussissent à intégrer plusieurs destinées, un but commun et des tas de dilemmes moraux entre les membres d'un groupe… OT n'est qu'un embryon de tout cela en termes de narration.
Le grand huit
Heureusement, ça s'arrange un peu côté mécaniques de gameplay, avec du tour par tour dans la droite lignée de ce que les développeurs produisent depuis Bravely Default et, pour aller encore plus loin, FInal Fantasy The 4 Heroes of Light. Lors des affrontements, il est possible d'économiser des points s'accumulant au fil des tours. En les dépensant, un personnage pourra enchaîner plusieurs attaques ou encore augmenter le niveau de son sort ou de sa technique. Chaque ennemi étant sensible à un certain nombre d'éléments (type d'arme ou magie), il faudra dans un premier temps réussir à déterminer lesdits points faibles, puis en tirer avantage afin de briser sa défense et enclencher le break, un état d'hébétement dans lequel l'opposant sera d'autant plus sensible aux assauts. Ça, c'est pour les bases, ensuite chaque protagoniste propose des finesses liées à sa profession : l'alchimiste peut concocter des potions, la chasseuse peut capturer les bêtes pour les invoquer en combat, Primrose la danseuse appelle les personnes qu'elle réussit à séduire en combat, etc.
A cela viennent s'ajouter des jobs secondaires et un apprentissage de compétences actives et passives somme toute très classique mais qui enrichissent une formule pas si classique que cela. On reprochera néanmoins aux combats aléatoires de s'étirer un peu trop en longueur, la faute à des ennemis au nombre de PV trop important. Les héros pourront également avoir un impact direct sur les PNJ grâce à des interactions dédiées qui affecteront vos compétences en combat, donneront accès à des objets cachés et bien plus encore. Ces actions sont régies par un système de réputation bancal, puisque si cette dernière baisse trop, il suffit de soudoyer le tavernier local pour remettre les choses en ordre… Il y a donc à boire et à manger dans le gameplay de Octopath Traveler, néanmoins il s'avère être tout à fait correct dans la pratique, encore faut-il réussir à rester éveillé pour en profiter convenablement.
Cheum cheminée
Octopath Traveler inaugure la représentation en "2D-HD" de Square Enix, à savoir des sprites naviguant dans des environnements 3D à l'esthétique 2D. Malgré quelques bugs d'affichage un brin gênants, ça fonctionne très bien et ça donne un certain charme aux différents tableaux, même si, on va être clair tout de suite, le monde d'OT est d'un classicisme assez exaspérant. Aucun effort n'a été fait pour rendre cet univers un tant soit peu cohérent et on passe d'une forêt au désert ou à un canyon en traversant une rivière… Plutôt abrupte !
Tous les chemins de traverse se ressemblent et la construction circulaire de la carte finit d'achever cette sensation de toujours faire "la même chose en pas pareil". C'est d'autant plus dommage que la bande-son, elle, est tout à fait à la hauteur de ce que l'on attend d'un grand J-RPG : épique à souhait, avec des thèmes qui restent bien en tête, même après avoir coupé la console.