Débuté en janvier 2014, le projet We Happy Few a pu voir le jour grâce au Kickstarter lancé en juin 2015 et à un soutien indéfectible d'une communauté très vite happée par la promesse d'une expérience unique et délirante d'un jeu d'aventure à la première personne, mêlée à de la survie au sein d'une dystopie rétrofuturiste.
Depuis, le dernier bébé de Compulsion Games (publié par Gearbox Software), a fait un sacré bout de chemin, après une première version alpha testable à la fin de l'été 2016, We Happy Few est progressivement sorti de la lumière avant de revenir sur le devant de la scène à l'E3 en juin dernier avec un nouveau trailer et une date de sortie pour cet été, le 10 août prochain, sur PS4, Xbox One et PC.
Nous avons eu le plaisir de recevoir le directeur narratif de chez Compulsion Games, Alex Epstein, qui nous a permis de mettre les mains sur la dernière version en date du jeu. Avez-vous pris votre Joy ? Car voici nos premières impressions !
Y'a de la joie
Basé en 1964 sur les terres d'une Angleterre ayant perdu la seconde Guerre Mondiale et ayant subi l'occupation des Allemands pendant 4 ans, We Happy Few raconte l'histoire des habitants traumatisés et rongés de remords de la petite ville britannique de Wellington Wells.
Pour oublier et ne pas faire face au poids du passé, cette petite société inventa donc une drogue, la Joy, permettant à la population de voir la vie en rose et de vivre comme si de rien n'était. Il ne dépendra que de vous de suivre les règles prônées par «Uncle Jack» et de prendre ou non votre Joy au risque d'affronter la réalité et les autres habitants qui n'aiment guère voir quelqu'un de déprimant raviver les vieux démons qu'ils tentent de fuir.
Placée au centre de votre expérience de jeu, la Joy détermine donc votre perception du monde créé par Compulsion Games en fonction de la dose que vous prenez…ou non. Cette drogue décuple le nombre de possibilités d'interactions différentes au service de la narration qui est justement le fer de lance de We Happy Few.
Survival light & storytelling
Initialement pensé comme un jeu de survie hardcore rogue-like, la communauté, via le kickstarter, a rapidement fait part de son désir d'un titre moins punitif afin de ne pas nuire à la trame narrative et aux interactions délirantes de We Happy Few qui bénéficie d'une atmosphère unique et d'un univers riche.
C'est pourquoi les développeurs ont pris le parti de basculer vers un modèle light du système de survie qui ne punit plus les joueurs pour ne pas y prêter attention, autrement dit vous ne mourrez plus si vous ne prenez pas la peine de courir jusqu'au puit pour chercher de l'eau en plein milieu d'une quête ou d'une autre activité. En revanche, entretenir votre personnage et jouer selon les codes de la survie vous octroiera des bonus de confort en jeu tel qu'une meilleure endurance ou encore une mobilité accrue.
Comme nous avons pu le voir durant notre session de jeu, c'est dans sa faculté à raconter des histoires à l'aide des choix narratifs , des éléments environnementaux et des interactions proposées que We Happy Few se démarque.
Vous avez dit Rogue-like ?
Bien qu'il soit un jeu d'aventure avant tout, We Happy Few bénéficie d'un léger aspect rogue-like qui contribue à offrir une rejouabilité se mettant au service de la narration et de la compréhension de l'histoire. En effet grâce à sa technologie de génération procédurale, le titre vous permettra de progresser dans des villes générées différemment à chaque fois que vous recommencerez une partie après une mort, car oui, la mort est irréversible et vous ne reprendrez pas votre progression à la manière d'une sauvegarde en cas de décès.
Néanmoins, les éléments que vous aurez récolté lors de votre progression pourront être stockés et donc récupérés d'une partie à l'autre. Vos parties ne se ressembleront certes jamais mais elles vous en apprendront toutes un peu plus afin de survivre à Wellington Wells.
Les triplettes de Wellington Wells
En plus des environnement générés procéduralement, votre expérience de jeu variera selon les personnages que vous incarnerez car chacun d'entre-eux possède sa propre histoire et un gameplay unique basé sur ses aptitudes et caractéristiques. Chaque personnage possède un arbre de talent qui colle à sa personnalité.
Les destins de ces protagonistes sont amenés à se croiser au cours de votre aventure, afin de découvrir l'histoire d'un personnage du point de vue de ce dernier, puis de celui avec qui il interagit.
- Arthur, le premier et jusque là le seul personnage jouable, est le monsieur tout le monde, rédacteur du département des impressions, il passe ses journées à imprimer, archiver, recycler et censurer des articles. Son destin bascule au moment où il arrive à court de Joy et que son fardeau ressurgit.
- Sally fait partie des deux personnages récemment présentés et contrairement à Arthur, elle est une personne connue et appréciée pour ses talents de chimiste, néanmoins, elle cache un secret de taille qu'elle tente de protéger coûte que coûte. Et bien qu'elle ne soit pas adepte des armes, ses ustensiles de travail lui sont utiles en toutes circonstances :
- Ollie est un écossais dérangé dont la meilleure amie est une fille de 10 ans, Margarette, décédée il y a de cela plusieurs années et à qui il parle régulièrement. En tant qu'ancien militaire, il est à l'aise en combat et bien plus robuste que les deux personnages précédents.
It's been a long day
We Happy Few a parcouru bien des étapes avant d'arriver à ce qu'il est aujourd'hui. Son épopée en kickstarter lui a permis de s'étoffer et de prendre une autre direction tant dans son aspect que dans son gameplay et ses mécaniques.
Lors de notre première prise en main 2016, la navigation dans les menus n'était pas de tout repos, cela était un réel problème puisque dans We Happy Few, vous devrez composer avec les éléments du décor et les objets trouvés pour progresser et pour crafter de quoi vous défendre, vous nourrir ou vous soigner. Or avec les récentes évolutions du jeu, la navigation nous a paru bien plus claire et intuitive comme le montrent les deux images ci-dessus.
Le soft aurait pu faire office de jeu à la troisième personne mais l'exploration, les interactions et les phases de combat n'en sont pas moins réussies à la première personne. Ces dernières n'ont rien d'exceptionnel bien que les différents personnages offrent un éventail plus ou moins varié de possibilités suivant leurs talents, leurs armes et même leurs ustensiles de défense. En somme, les affrontements se résument à une garde, une action d'attaque, la possibilité de lancer des projectiles et quelques subtilités telles que la discrétion ou la diversion.
De peur de nous répéter, le coeur du gameplay de We Happy Few ne réside pas dans les affrontements mais plutôt dans l'interaction du joueur avec l'environnement et avec les personnages, tant dans l'exploration libre que dans le suivi strict d'une quête et de ce côté là, le jeu ne pèche pas.
Tout au long de votre progression, vous tomberez nez à nez avec des éléments environnementaux qui façonneront l'histoire et votre expérience de jeu. Comme un objectif, cette découverte constante vous incitera à aller au fond des choses afin de connaître l'histoire et de comprendre le monde qui vous entoure.
Les interactions avec les personnages affecteront eux aussi pleinement votre expérience de jeu car vos choix auront un impact sur la difficulté mais également sur votre survie. Décider de ne pas prendre votre Joy vous exposera au danger, à l'inverse, discuter avec un policier sous l'emprise de la drogue pourrait vous donner certains passe-droits. Il ne tiendra qu'à vous de décider de votre expérience de jeu.
Bien qu'il ne soit pas exempt de tout reproche sur sa technique, la direction artistique du titre développé par Compulsion Games parvient à faire oublier la moindre faiblesse affichée à l'écran. Qui plus est, le travail global sur les sons d'ambiance, les voix, les dialogues et l'écriture générale offre une atmosphère sombre et burlesque qui vous plongera dans cette dystopie haletante où l'angoisse et la peur du passé règnent.
Pour rappel, We Happy few sortira partout dans le monde, à l'exception de l'Asie, dès le 10 août prochain sur PS4, Xbox One et PC au prix de 69,99 euros.