Des années 80 aux années 2000, l'âge de bronze du jeu vidéo à la télé
Les toutes premières émissions
Les années 1980 font partie de l'âge d'or des émission de jeunesse à la télévision, avec comme icône l'indétrônable Dorothée, chère à nombre de trentenaires. C'est alors le temps d'avant Internet, le temps du minitel, le temps des disquettes et du début de la démocratisation de la micro-informatique.
La toute première trace d'un programme dédié aux jeux vidéo en France nous ramène en 1980 et s'appelle alors Super Champion. Notre mémoire étant parfois défaillante, nous avons retrouvé un utilisateur du forum Gamopat qui en conserve, lui, un souvenir indélébile et que nous vous partageons. (On vous conseil de lire la suite avec le générique suivant dans les oreilles pour une meilleure immersion)
Dans leur sillage, avec le succès grandissant des jeux vidéo auprès des enfants, TF1 cherche à créer un programme sur ce thème : c’est ainsi que naît Pixi Foly, diffusé chaque mercredi après-midi entre 1983 et 1984, dans l’émission pour enfants Vitamine. En digne représentant de son époque, le programme est complètement fou et original, le concept frôle le psychédélique : les animateurs, costumés et hauts en couleur, vivent une aventure différente à chaque diffusion, grâce à un jeu vidéo. Exemple avec Fort Apocalypse un shoot’em up sorti en 1982 sur Atari 8-bits et Commodore 64, où il faut sauver Antoine, l’un des animateurs de l'émission, détenu sous-terre :
Un an plus tard, le Mini Journal de Patrice Drevet, diffusé tous les jours à 18h sur TF1 entre 1984 et 1986, présente pour la première fois les nouveautés du jeu vidéo dans sa rubrique du joystick en folie : à la différence de Pixi Foly, le programme n’est pas adressé aux enfants mais à tous, amorçant un début de sérieux dans le traitement du JV sur le petit écran.
Arrive ensuite en 1989 Drevet vend la mèche, sur France 3, qui comprend une rubrique sur les jeux vidéo animée par son fils, Cyril Drevet, dont la carrière dans le milieu n'a pas discontinué depuis, et qui présente les nouveaux titres du moment. Dans cet extrait sont par exemple présentés Ghostbusters II et Ghouls'n Ghosts dignes représentants de licences qui avaient connu de beaux jours à cette époque.
Ce sont les années 80, et sur le PAF où s'entrecroisent des images fugaces aux couleurs délavées où l'on trouve pêle-mêle des programme de jeunesse hésitants, des discours du président Mitterrand, des plans tournés dans des rues aux immeubles noirs de crasse, ou de débats télévisés aux participants échangeant la cigarette au bec. Et dans ces années 80, les jeux vidéo se font petit à petit une place à la télévision, où ils délivrent un premier aperçu de ce que deviendront les émissions à partir de 1990 : du divertissement à destination de la jeunesse, et des magazines sur l'actualité vidéoludique.
Une multiplication des émissions
Mais le temps qui paraissait s'écouler si lentement à l'époque, continue de filer. Arrivent les années 90 qui marquent une multiplication notable des émissions consacrées aux jeux vidéo. Le succès commercial du secteur ne cesse de croître, dans un contexte ou la modernité se conjugue souvent avec des gadget souvent improbables, et déjà dépassés à peine sortis. Certains verront dans le JV l'un de ces avatars qui finira par disparaitre, d'autres lui voient un brillant avenir. Les amateurs sont en constante recherche d'images, de tests et de news sur les prochaines sorties. On parle d'une époque où internet n'existe pas, ou peu, et où les seuls moyens d'information sont la presse écrite et la télévision, et elles ne seront pas généreuses en informations sur ce nouveau moyen de divertissement. Mais la chose n'est pourtant pas inexistante dans des jounaux aux colonnes noircies par une typographie dense, ou sur un petit écran où les émissions au ton sérieux côtoient les programmes à l'ambiance qui se veut jeune façon années 1990, pleins de ces tenues aux coupes improbables et aux couleurs mélangeants les pastels et le fluo.
Dans un registre moins exotique, Gros plan sur la souris fut le premier programme télévisé de la vague des années 90. Diffusé sur France 2 chaque mercredi vers 11h00, au sein de l'émission jeunesse Eric et toi et moi, on y parlait actualité micro ordinateur et console, en partenariat avec le magazine Génération 4.
L'année d'après, Micro Kid’s débarque sur France 3, lui aussi sous la forme d'un magazine hebdomadaire et l'on comptera plus de 140 émissions produites entre 1991 et 1997. Présentée par Jean-Michel Blottière et Delphine (si quelqu'un connaît son nom de famille, nous updaterons), l'émission abordait elle aussi l'actualité des jeux vidéo consoles et micros, mais proposait également reportages et jeux où deux équipes s'affrontaient. En 1995, le plateau est supprimé et les présentateurs sont remplacés par un animateur virtuel : Dr Clic.
Toujours dans la moitié des années 90, l'émission Télévisator sur la 2, présentée par Cyril Drevet, marie jeux vidéo et dessins animés pour le plus grand bonheur des "gamers" en herbe de l'époque.
En 1992, un petit personnage animé marquera les mémoires, il s'agit d'un petit troll vedette de l'émission Hugo Délire qui fait son apparition aux côtés de Karen Cheryl de 1992 à 1994. Le programme bouleverse le modèle de ce qui était jusque-là proposé. Pour la première fois, le téléspectateur dirige un avatar grâce aux touches de son téléphone (fixe à l'époque), à travers des mini-jeux, où le son des touches de téléphone résonnaient à l'oreille de tous sur fond de tentatives plus ou moins fructueuses des participants. À la clef : des cadeaux et un voyage. Et évidemment il faut composer avec le "lag" inhérent à cette technologie où le moindre obstacle devient alors d'une incroyable difficulté (voir la vidéo), d'ailleurs rares sont ceux qui se rappellent avoir jamais vu quelqu'un arriver au bout du défi… Mais quel plaisir pour le public de rire des somptueuses animations de fail, très travaillées pour l'époque.
De nombreuses émissions sur l'actualité vidéoludique suivront Player One (MCM, 1993-1994) ou Méga 6 (M6, 1995-1997), et d'autres intégreront des rubriques sur les jeux vidéo : on peut citer Récrékids (TMC, 1993-2002) ou encore le très populaire Club Dorothée (TF1, 1987-1997).
En 1995, Cyber Flash (qui deviendra C+Cléo en 97 - avec un changement de doublage au passage) sur Canal + apporte l'animation 3D à la télé, avec son personnage, la pulpeuse et sexy Cléo et sa voix envoutante qui marque plus d'un esprit à l'époque. L'émission est consacrée à la culture jeune, et parle ainsi de l'actualité jeux vidéo jusqu'en 1999. Dans le même temps, la chaine propose aussi un programme mensuel, Cyber-Culture, où la présentatrice Chine Lanzmann envoyait le spectateur dans l'univers d'un jeu vidéo.
L'envers du décor
Bertrand Amar, qui a animé différentes émissions sur les jeux vidéo, que ce soit sur Canal J ou encore NRJ12, a partagé avec nous sa grande expérience de la télévision. Entre moyens archaïques et divers subterfuges, la production d'émissions vidéoludiques dans les années 90 était loin d'être facile...
Tout au long des années 90, le format des émissions sur les jeux vidéo évolue, essaie de nouvelles choses, pour finalement venir se calquer sur celui des magazines papier : preview, news, tests, soluce. A la seule différence : la télévision offre cette possibilité de voir les jeux vidéo bouger et c'est ce qui lui vaudra le titre de premier média vidéoludique… Pour un temps.