Un genre en déclin ?
Au cours de la dernière décennie, les jeux RPG se font rares, mais ceux qui sortent du lot rencontrent un succès phénoménal : The Witcher 3 et Skyrim ont profondément marqué le genre. Les éternelles séries Final Fantasy, Dragon Quest, Tales of et les autres, plus récentes, comme Dark Souls, Monster Hunter, Fallout ou encore Mass Effect continuent d'exister et de prospérer à leur manière, grâce à leur public. Mais les cataclysmes produits par The Witcher 3 et Skyrim, avec leurs mondes ouverts, leurs univers, leurs cinématiques et graphismes époustouflants, ont à jamais changé les attentes d'un public de plus en plus exigeant. Produire un jeu de cette trempe coûte très cher, et prend beaucoup de temps. A cela se rajoute l'expansion du secteur du jeu vidéo, où la concurrence n'a jamais été aussi importante. Notre époque semble bien loin des années 90 ou 2000, là où les RPG sortaient à foison, de toutes les formes et de toutes les couleurs.
En réponse à cette problématique, qui raréfie la création dans le RPG moderne, on remarque un retour aux sources, une actualisation de ce qu'il se faisait dans les années 1980-2000: Steam ou la boutique Good Old Games (GOG.com) remettent par exemple au goût du jour des classiques du CRPG. Certains nouveaux jeux, comme le JRPG Octopath Traveler (Square Enix) prévu sur Switch en juillet 2018, illustrent parfaitement cette tendance à la nostalgie.
Des proto-RPG aux premiers grands jeux sur Apple II et jusqu'à aujourd'hui, le RPG n'a jamais cessé d'hésiter sur la forme à adopter afin de donner vie à son inspiration d'origine, le jeu de rôle papier. Première ou troisième personne, en équipe ou en solo, tour par tour ou temps réel… Il hésite, expérimente et revient même en arrière. Mais sans ces mutations, le genre défini dans les années 80 n'aurait sans doute pas pu vivre aussi longtemps. Paradoxalement, c'est peut-être cette absence de forme précise, cette faculté étonnante d'adaptation à toutes les plateformes, aux nouvelles formes de maniabilité et de gameplay, cette capacité de s'associer à tous les autres genres, qui font que le RPG est si unique et plaisant.
Les technologies actuelles et futures pourraient offrir bien d'autres possibilités au RPG, à l'image d'un Detroit: Become Human, qui propose un nombre colossal de possibilités au joueur, desquelles découlent une multitude de scénarios. Ou encore l'arrivée de la réalité virtuelle qui pourrait pousser le jeu de rôle et l'incarnation d'un personnage à son paroxysme. Qui sait ce que nous réserve le RPG du futur ?
Nous n'oublions pas que bien d'autres titres auraient pu être cités tout au long de ce dossier, mais cela aurait mérité d'écrire un livre. Merci à Raphaël Lucas, auteur de L'histoire du RPG, passés, présents et futurs, et principale source d'information et de réflexion.