Entre les deux mastodontes que sont PUBG et Fortnite, leurs copies éhontées sur mobiles, ainsi que la flopée de titres déjà en préparation pour cette année, le genre du battle royale en arriverait déjà presque à saturation. A partir de ce constat, difficile de s'extirper de la masse, et pourtant, The Darwin Project (disponible en accès ancitipé sur Steam) pourrait bien changer la donne avec son concept frais et une intégration maligne de Twitch et Mixer.
Commandant couche-tôt
Dévoilé lors de la conférence E3 2017 de Microsoft avec une session de gameplay commentée par un animateur "ambiancé" comme jamais, The Darwin Project avait de quoi laisser perplexe : on pouvait certes distinguer un titre multijoueur à la DA cartoonesque assez nerveux, mais de là à savoir ce qui le différenciait de ses (nombreux) collègues du genre survie/PVP, il fallait se lever de bonne heure.
Aujourd'hui, et avec quelques heures de jeu dans le cornet, tout est beaucoup plus clair : le monsieur incompréhensible lors du show de MS était censé représenter un élément très important du gameplay de TDW, le Game Director. Ce dernier est un rôle clé de la partie, puisqu'il va survoler la carte et faire pencher la balance d'une manche à son bon-vouloir grâce à des mutators et à des objets à placer via des commandes conditionnées par des cooldowns.
Si l'on retrouve des buffs plutôt classiques comme des boucliers renforcés ou le placement de ressources importantes à des points stratégiques de la carte, d'autres outils beaucoup plus originaux pourront être utilisés pour pimenter les parties : réduire la gravité au max, choisir des portions de la carte à supprimer pour restreindre l'aire de jeu… il y a de quoi faire mumuse avec les nerfs des survivants, cela dit, mieux vaut rester bienveillant : à chaque fin de game, le GD est soumis aux notes des utilisateurs. faîtes l'andouille, favorisez clairement un joueur sans raison ou prophérez des insanités et vous verrez votre réputation de showman chuter en un clin d'oeil. Pour peu que vous ayez lié votre compte Twitch ou Mixxer au jeu, vos viewers vont également avoir l'opportunité de jouer un rôle dans le bazar, puisqu'il leur sera possible de choisir qui favoriser ou quelle modification de terrain choisir grâce à un vote que vous leur soumettrez en direct.
Ce concept est d'une efficacité assez folle, surtout lorsque le Game Director joue le jeu et tente d'animer les parties comme un véritable Guy Lux façon JC. Cela dit, il va encore falloir arrondir les angles et peut-être proposer des manières de contrer le GD, celui-ci est un peu trop puissant pour le moment et si son impact de doit de rester significatif, on espère que les développeurs trouveront quelques solutions pour que sa toute-puissance n'entache pas l'intérêt du jeu sur le long-terme.
De même, la modération est inexistante in-game, il suffit donc de tomber sur un troll bien gras pour passer un sale quart-d'heure. De petits réglages sont donc encore à effectuer, mais dans l'ensemble, cette mécanique de GD permet à elle-seule de distinguer TDW de ses congénères battle royale, et nous allons voir que ce n'est pas le seul tour que le jeu de Scavengers a dans son sac pour s'éviter toute comparaison avec la concurrence.
Dix de der
Côté survivant, The Darwin Project a décidé de ne rien faire comme tout le monde et on l'en remercie : chaque partie accueille 10 joueurs, déjà tous équipés des deux seules armes principales, à savoir un arc et une hache pour les combats rapprochés. Petit détail qui a son importance : compte tenu du faible nombre de compétiteurs en simultané, Darwin ne se pratique qu'en solo pour le moment, un mode duo est néanmoins en cours de développement.
Balancés sur une carte recouverte de neige, les joueurs devront s'empresser de récolter ressources et objets afin de se préparer au mieux à la baston : les composants de craft de base vont par exemple servir à fabriquer des pièges afin de contrer d'éventuels poursuivants. Chaque action liée à la collecte provoque en effet une onde sonore matérialisée par un effet visuel in-game bien visible par les autres joueurs.
Dans le même ordre d'idée, les troncs et fauteuils (oui oui, vous avez bien lu) récemment dépouillés peuvent être observés par d'autres joueurs qui auront alors le droit à une jolie piste bien balisée, afin de vous traquer le plus tranquillement du monde. A noter que certains bâtiments de la carte sont équipés de radars, bien pratique pour voir qui vous colle aux basques, ou tout simplement pour vous tenir au courant de la population dans les environs.
Enfin, la gestion de la température corporelle devra faire partie de vos préoccupations et il faudra régulièrement trouver des sources de châleur, ou carrément en crafter (se fabriquer une veste en peau vous aidera également à résister au froid). Un gameplay bien fourni aux nombreuses subtilités donc, pour des parties rapides qui ne dépassent jamais la vingtaine de minutes. Un changement de rythme bien venu qui, mêlé à toutes ses mécaniques de craft et de traque, font de Darwin Project un jeu addictif et novateur, même si là encore, nous avons quelques petites réserves à émettre.
Tout d'abord, les effets de projection infligés par chaque tir sont beaucoup trop prononcés : on se doute qu'il s'agit là d'une manière de se la jouer stratège en envoyant par exemple un adversaire dans un ravin ou contre un piège, mais limiter cette fantaisie au seul usage de l'arme au corps-à-corps aurait été selon nous bien plus cohérent. Là encore il s'agit de "petits réglages" et nous avons hâte de voir dans quelle direction Scavengers compte amener son titre tout au long de l'accès anticipé (sortie du jeu prévue pour cet été si tout va bien).
Da win project
D'un point de vue esthétique, TDW embrasse une direction artistique façon cartoon, déjà bien connue des nombreux fortniteux qui trainent dans le coin. On restera néanmoins assez dubitatif sur le rendu global et encore davantage sur la modélisation du seul modèle de personnage disponible à l'heure actuelle. L'ensemble manque cruellement de détails, il faut donc espérer que les développeurs n'en ont pas encore terminé avec la patte graphique de leur bébé, sous peine que cet aspect ne devienne un repoussoir pour tous ces joueurs qui ne jugent un livre que par sa couverture.
Enfin, mettons ça sur le dos de son accès anticipé, the Darwin Project manque encore cruellement de contenu "accessoire", le genre de petite carotte que l'on débloque en prenant des niveaux (un système d'XP est pourtant déjà implémenté) comme des cosmétiques ou de nouveaux skins. Comme dit, c'est tout à fait secondaire et il y a encore quelques mois avant la sortie, difficile donc de juger de manière concrète cet aspect du jeu.