Depuis son trailer d'annonce en août 2016, Metal Gear Survive fut souvent l'objet de remontrances de la part des joueurs et à fortiori des fans de Metal Gear Solid. Difficile de ne pas avoir d'à priori lorsque la vidéo énoncée un peu plus tôt montre les mêmes environnements que MGSV simplement recouverts d'un voile grisâtre. Mais comme nous allons le voir, même en faisant abstraction de toutes les comparaisons possibles avec l'univers imaginé par Hideo Kojima, Metal Gear Survive n'est pas une franche réussite, loin s'en faut.
Bidon des sens
Le scénario de Metal Gear Survive débute sur une cinématique revenant sur les événements dépeints à la fin de MGSV : Ground Zeroes. Alors que la Mother Base part complètement en fumée, Snake parvient à s'enfuir en hélicoptère et c'est précisément à cet instant que Survive prend le relais. Les derniers rescapés de la base coulée sont aspirés par de mystérieux trous de ver menant à une dimension désolée peuplée par des zombies licornes pas franchement décidés à tailler le bout de gras tranquillement.
Vous, le joueur, allez être envoyé illico presto sur Ditté (le nom de la fameuse dimension) afin d'essayer de comprendre le pourquoi du comment. Sur place, vous allez très vite rencontrer Reeves, et deux unités centrales très bavardes et pas franchement intéressantes. A partir de cette base fébrile et de quelques ateliers de crafting posés là par l'opération du Saint Esprit, vous allez pouvoir débuter votre périlleuse entreprise et autant le dire tout de suite, ça va pas être de la tarte.
Tout d'abord, le scénario est digne des pires séries Z et même si l'on pourra rétorquer que ce n'est pas le but du jeu, on peut alors se demander pourquoi Survive est aussi bavard… Les deux ordinateurs taperont constamment la causette par Codec et le reste du casting, tout aussi inspiré que le duo de tas de ferraille ambulants, ne relève pas franchement le niveau.
Côté mise en scène, il faudra se contenter du strict minimum, avec quelques cutscenes lors des moments importants, tout le reste passant par le fameux talkie-walkie du turfu. Cela importe finalement peu : au bout de 5 heures de jeu, vous finirez tout simplement par zapper les dialogues tant ils sonnent creux.
Enfin, tous les objectifs de mission, se ressemblent et sont d'un intérêt somme toute très limité, puisqu'il suffira de rallier un point sur la carte, faire vos petites affaires, puis revenir à la base. Ça passe lors des premières heures de jeu, puis ça devient usant, tout simplement.
Kuban revolution
C'est dommage, puisque Survive a pour lui quelques idées de gameplay bien senties, comme la création instantanée de bâtiments ou de barricades permettant de contenir l'arrivée de zombies, ces derniers se déplaçant bien souvent en meute. Une fois la protection posée, à la manière d'un tower-defense, vous aurez alors tout le temps nécessaire pour envoyer du streum à terre. Les corps à terre peuvent ensuite être dépecés (ou "fultonés" si vous réussissez des assassinats discrets) pour récupérer de l'énergie kuban, la ressource principale de Metal Gear Survive.
Et c'est en déchirant pour la première fois une dizaine de corps que vous allez comprendre qu'il y a un problème dans ce jeu : l'action est longue, beaucoup beaucoup trop longue, à tel point qu'on finit bien souvent par laisser quelques dépouilles à terre par flemme.
Et c'est un constat que l'on pourrait finalement étendre à l'ensemble du jeu, tout devient ue corvée dans MGSurvive : 90% des actions demandent de rester appuyer sur une touche X secondes pour être validées, les séances de farm se font sans entrain et jamais rien ne nous pousse à aller voir plus loin, si ce n'est le développement de la base, intéressant et complet, mais qui dira forcément quelque chose à ceux qui ont passé des heures sur les MB de Peace Walker et MGSV.
La dernière production de Konami fait pourtant des efforts, en poussant à la créativité grâce à différents types de pièges et des variations d'ennemis qui demandent une approche un peu différente du combat, mais rien n'y fait, la sauce ne prend pas. Même les différentes jauges de faim, de soif et d'oxygène, pourtant des classiques de la survie, sont mal gérées ici, alors que l'idée de départ n'est pas franchement mauvaise : vos réserves de nourriture et d'eau conditionnent l'état de vos barres de vie et d'endurance, il faudra donc constamment manger et s'hydrater pour garder un bon niveau de HP et de stamina max.
Malheureusement, les deux jauges descendent trop vite, rendant l'expérience plus frustrante qu'autre chose. Il en va de même pour l'exploration des "cendres" requérant une bombonne d'oxygène limitant encore un peu plus la progression, probablement pour mieux coller au côté "survie" du jeu. Avec les diverses améliorations de la base et en prenant de bonnnes habitudes, ces handicaps s'effacent quelque peu, mais le calvaire des premières heures va peut-être venir à bout de votre patience.
Pour farmer tranquillement, sans jauges à gérer, le mieux reste encore de prendre part aux missions en coopération en ligne, toujours avec ce principe de tower defense, avec des hordes d'ennemis de plus en plus puissantes qu'il va falloir écarter de l'objectif à défendre. Simples et efficaces, les sessions en ligne sont néanmoins victimes de la même lenteur décourageante que le reste du jeu, avec une attente interminable entre chaque vague. Alors certes, c'est pratique pour looter les matériaux aux environs, mais l'ennui profond arrive bien vite.
Oh, et la petite cerise sur le gâteau : les micro-transactions. Proposé à un tarif plutôt raisonnable (40€), MGS se lâche complètement, en proposant un cash shop bien fourni et la création d'une nouvelle slot de sauvegarde pour 10€… Une décision qui défie toute logique et une nouvelle pierre à l'édifice des gros éditeurs tarifant des options basiques à prix d'or. Bouh, c'est pas bien !
Plastique Betrand
Tout comme son cousin éloigné, Metal Gear Survive fait usage du Fox Engine, un moteur qui a fait ses preuves mais qui ne parait pas forcément exploité au mieux ici. Si la majorité des assets graphiques proviennent de MGSV, difficile de ne pas constater une certaine régression au point de vue visuel.
Peut-être est-ce dû à la direction artistique générique au possible, ou à certaines animations moins convaincantes, Survive ne fait jamais vraiment d'étincelles : c'est gris, vide, peu inspiré, rendant les phases d'explorations peu palpitantes. Même constat sur la partie sonore, aucun thème ne se démarque, et le sound-design hérité de MGS5 pour les bruits de récupération et d'ajouts au codex finissent par taper sur le système.