Disponible sur PC, PS4 et Xbox One depuis le 13 février dernier, Kingdom Come Deliverance est un jeu de rôle médiéval avec un certain penchant pour le réalisme et les bugs lourdingues.
Mais vous m'avez dit de dire hardi !
La Bohême, 1404, Henry, le jeune fils du forgeron de Skallice mène une vie paisible, entre cuites à la taverne et opérations vengeresses sur les mauvais bougres qui osent dire du mal sur le Roi en place. Mais alors qu'il finit un ouvrage exceptionnel avec son père, une armée prend d'assaut le village et massacre une grande partie de sa population. Parti chercher de l'aide, Henry, va alors se retrouver mêlé aux histoires géopolitiques de sa région, tout en cherchant à faire payer les assassins de ses parents.
Un point de départ finalement assez classique, qui va pourtant réussir à trouver écho chez de nombreux joueurs grâce, notamment, à son personnage principal : Henry n'a rien du héros traditionnel de jeu vidéo. Plutôt frêle, le jeune homme n'est pas forcément le plus vaillant ni le plus doué du monde et c'est en partie pour cette raison qu'il est si facile de s'attacher à son sort.
Trimballé de tâche ingrate en tâche ingrate par tous les seigneurs de Bohème, le bonhomme va se forger une réputation et renforcer son caractère selon les choix du joueur, dans la plus pure tradition des jeux de rôle occidentaux. Prônant le réalisme, les développeurs de Warhorse Studios ont effectué un travail titanesque pour nous immerger dans Bohème au début du XVe siècle : tout, de votre accoutrement à vos actions passées, aura des répercussions sur les quêtes en cours ou sur votre progression.
L'exemple le plus parlant est celui des vêtements que vous portez, votre tenue influant directement sur le comportement de vos rencontres : inutile d'aller voir un seigneur sapé comme un goret si vous souhaitez être pris au sérieux, vos frusques devront être nickel chrome et vos chaussures soigneusement cirées. Cela va donc bien au delà des simples compétences d'éloquence et de charisme que l'on retrouve un peu partout, et si l'ensemble de ces idées sont excellentes pour l'immersion, elles sont bien souvent introduites in-game de manière maladroite ou de manière évasive.
Il est très facile de passer à côté de quelques finesses de gameplay simplement parce que vous n'avez pas parlé à l'unique PNJ capable de vous inculquer LA bonne compétence. C'est un peu le prix à payer pour cet ultra-réalisme tant vanté par WH : vous ne verrez pas tout en une seule partie et il faudra bien souvent vivre avec les conséquences de vos actes, sans pouvoir revenir en arrière, c'est d'ailleurs probablement pour ça que les développeurs ont opté pour un système de sauvegarde vous demandant de crafter et utiliser une potion, le fameux schnapps du sauveur.
Guère épais
Cette ambiance retranscrite de manière quasi-inédite dans un jeu vidéo est clairement la plus grande force de Kingdom Come : Deliverance, juste devant l'écriture de ses quêtes, de très bonne facture également. Comme nous le verrons plus bas, l'ensemble est tiré vers le bas par l'incongruité de certaines situations et pas mal de dissonances ludo-narratives : il n'est pas rare qu'un garde que vous venez d'agresser finisse finalement par vous saluer avant de passer son chemin comme si de rien n'était…
Voilà une toute petite miette de ce à quoi vous vous exposez en achetant KC:D à l'heure où ces lignes sont écrites. Alors certes, ce n'est pas "grand chose", mais lorsque cela arrive régulièrement, cumulé avec un nombre incalculable de bugs (parfois bloquants), y a de quoi entamer un bon bol de soupe à la grimace. C'est frustrant, très frustrant, car au delà de ces lacunes d'ordre technique, le premier titre de Warhorse avance de très belles choses, comme son système de combat, demandant au joueur pas mal de rigueur et de sang froid afin d'être exploité convenablement.
Dans les faits, les premiers combats sont abordés avec la boule au ventre, de peur de se faire rosser par un truand un peu trop sûr de lui : ce n'est qu'à force de suer sang et eau que les finesses du système vous rentreront dans le crâne, avec un vrai sentiment d'accomplissement lorsque vous parvenez à défaire un malandrin de bas étage. Mais, car oui il y a souvent un "mais" dans KC:D, lorsque les affrontements de masse s'invitent à la fête, c'est la bérézina direct : le ciblage automatique vit sa vie et le résultat est un joli bazar lorsque le nombre d'adversaires dépasse la doublette.
Tout n'est donc pas rose non plus d'un point de vue purement mécanique, le vol à la tire et les différents crochetages effectués lors de nos sessions ont souvent été abordés à reculons par votre serviteur, mais il ne s'agit que d'une goutte d'eau dans l'océan de propositions et d'opportunités offertes par Kingdom Come : de la gestion de votre cheval à l'évolution de vos compétences à travers les diverses actions répétées que vous effectuerez au cours de vos promenades champêtres, il y a vraiment de quoi faire, quitte à donner le tournis aux moins acharnés que le jeu prend de toute façon un malin plaisir à laisser sur le bas-côté rapidement.
Bohemian Rhapsody
D'un point de vue purement esthétique, Kingdom Come s'en sort avec les honneurs : si la technique ne suit pas toujours, les différents environnements de Bohème offrent un pur dépaysement et le plaisir de traverser champs et forêts reste intact, malgré quelques textures trahissant les origines modestes du jeu. On notera également des animations raides comme la justice dans toutes les scènes de dialogues et les nombreuses cutscenes qui habillent par ailleurs de belle manière l'épopée vengeresse de Henry.
Venons-en maintenant aux choses qui fâchent et que nous avions commencé à aborder plus haut : les bugs ! Et là attention mesdames et messieurs, le jeu va tout vous faire, tout ! Disparaitre sous la terre ferme ou se faire catapulter à 500m en l'air, pfouah, des broutilles, attendez plutôt de ne plus pouvoir avancer dans la quête principale parce que le PNJ à qui vous deviez vous adresser fait comme si vous n'existiez pas. Inutile de vous faire un dessin, vous voyez le topo et de toute façon les frasques des early-buyers ont suffisamment circulé sur le net pour que vous soyiez au courant de ce qui se trame in-game.
Même constat sur l'optimisation chancelante : testé sur une config équipée d'un i7-4790k et d'une GTX1080, KC:D peine à maintenir un framerate constant à 60 images par seconde en 1080p. En ressort une impression désagréable, celle que le jeu peut nous claquer entre les doigts en quelques secondes, gâchant ainsi une (grosse) partie du plaisir de jeu. A voir d'ici quelques mois donc, lorsque Warhorse aura réglé tous les soucis qui empêchent le titre de devenir un incontournable.
Testé sur PC