Le serpent qui se mord la queue ? Une BD « Solide » !
Comme au cinéma ou dans la littérature, il y a des jeux qui marquent les esprits. Mieux encore, qui donnent matière à réfléchir… La saga des Metal Gear Solid, MGS pour les intimes, sur consoles est de ce calibre. Alors que le jeu vidéo en général est encore trop connu pour ses scénarios légers et son fun pris trop rapidement, la série de Hideo Kojima est une respiration capable d’inspirer chacun d’entre nous, ceci tout en se révélant être une expérience vidéo-ludique d’un grand calibre. La question d’aujourd’hui est donc la suivante : la BD de Mana Books est-elle capable de nous procurer de telles sensations ?
Fiche de présentation
« Alors comme ça, le gouvernement ne t’a rien dit ? Classique. C’est ce que tu récoltes en étant l’employé modèle, Snake. On te ment, on te trahit et puis on te sacrifie. »
Quand des terroristes génétiquement modifiés s’infiltrent sur l’île de Shadow Moses pour dérober le Metal Gear Rex, une arme de destruction massive, le soldat Solid Snake doit sortir de sa retraite anticipée. Libérer les otages et éviter une détonation nucléaire : tel est l’objectif officiel de cette mission.
Mais lorsque des informateurs meurent dans ses bras, qu’une force invisible semble attaquer la base et qu’un adversaire redoutable du nom de Liquid Snake se révèle, le super-soldat se rend vite compte qu’il est le pion d’une machination tentaculaire…
- Sortie : 08/02/2018
- Auteur : Kris Oprisko / Ashley Wood
- 304 pages / 180 x 275 mm / 18€
- Éditeur : Mana Books
Kris Oprisko est l’auteur de nombreux comics tels que la série CSI ou Underworld: Red in Tooth & Claw. Il s’attaque ici pour la première fois à la saga culte Metal Gear Solid.
Ashley Wood est un illustrateur de comics (Hellspawn, Silent Hill, Uncanny X-Men), candidat au prix Eisner en 2006 pour son histoire courte « Blood Son ».
Une forme à la hauteur du fond ?
Il fallait oser tenter d’habiller un épisode de MGS avec les coups de crayons d’Ashley Wood (Illustrateur de couvertures de comics et de jeux vidéo). En effet, reprenant, trait pour trait, le scénario du Metal Gear Solid sorti sur PlayStation en 1999 (1998 au Japon), Projet Rex prend quelques libertés nécessaires sur le fond, mais reste constamment au plus près de la trame narrative et de la mise en scène du jeu original. Pour autant, les dessins de Wood offrent un cachet inédit à cette histoire, prenant la forme d’illustrations parfois trop sombres ou de peintures superbes en fonction des pages. Le résultat peut apparaitre comme déconcertant au début, mais si on y regarde de plus près, ces rendus offrent une nouvelle vision graphique bienvenue qui parvient même, parfois à rafraichir cette aventure que les gamers chevronnés connaissent par cœur.
Une mue parfaitement maîtrisée !
Et pour les néophytes, ceux qui ne savent pas que le 1er MGS date de 1987 sur MSX 2 et que la série comporte aujourd’hui plus d’une vingtaine d’épisodes (dont des rééditions ou arrangements), ça donne quoi ? Je pense que malgré l’effort réalisé par l’auteur, Kris Oprisko, pour rendre l’ensemble digeste et accessible, certains passages manquent à l’appel pour réellement comprendre l’entièreté de l’œuvre. Mais c’est sans doute mon fanboyisme qui me fait parler ainsi. Le scénario, malgré sa terrible complexité (rien que sur cet épisode et sans compter toutes les interconnexions de l’univers et des jeux) demeure digeste et parfaitement compréhensible. Et en cela, le travail effectué s’avère titanesque et surtout bien pensé pour mettre en valeur les dessins de A. Wood. Malgré des premières pages qui décontenancent, il faut l’admettre, le job est fait et on entre aisément dans ce monde où l’espionnage, l’action et la tactique sont de rigueur. Une première aventure prometteuse et intelligemment couchée sur papier qui fait honneur à la saga.
Le choix des armes
Il faut être audacieux pour proposer une bande dessinée sur le scénario du 1er MGS, sorti sur la fameuse PlayStation, et dont le scénario est sans doute le plus connu, et compris, de la série (en effet, bcp de joueurs ont vite décrochés sur les épisodes suivants tant l’ensemble de l’histoire est à la fois riche, dense et complète). Le tout sous la forme d’une BD stylisée aux dessins particulièrement « couillus », si vous me permettez l’expression. Alors, oui, l’histoire, vous la connaissez sans doute, mais sous cette forme, ce n’est pas le cas. C’est pourquoi nous vous la recommandons pour en profiter telle une alternative originale, le tout dans un emballage biblique collector.
Enfin, pour ceux qui découvrent, nous vous étonnez pas, le manque de clartés de certains dessins est tout à fait voulu et souligne à la fois la profondeur et l’obscurité de certaines scènes , ou même personnages, ceci pour offrir un effet dramatique en accord, souvent parfait, avec le jeu original. Comme un message qui va au-delà de l’image, Metal Gear Solid : Projet Rex parvient à transcender ses propos pour nous offrir un monde tout aussi savoureux sur consoles que dans une bande dessinée. Mr Wood et Mr Oprisko, votre BD est solide et nous espérons qu’elle fera des petits tout aussi consistants que le sont « Les Enfants Terribles » de la saga MGS.