Test de Gran Turismo Sport sur PS4
Gran Turismo septième du nom a rapidement été rebaptisé Gran Turismo Sport. Face à une concurrence toujours plus féroce, les développeurs de Polyphony Digital ont pour la première fois opéré un virage à 180° et fait (presque) l'impasse sur ce qui faisait la grande force de la licence : le mode carrière. GT Sport est résolument tourné vers le multijoueurs et son cortège de compétitions et autres challenges en ligne. Ce Gran Turismo nouvelle génération remplit-il son contrat ? Ne risque-t-il pas de laisser nombre de joueurs sur le bas-côté ? Découvrez notre test.
Genre : Simulation course
Date de sortie : 18 octobre 2017
Plateforme : PS4
Développeur : Polyphony Digital
Éditeur : Sony Interactive Entertainment
Prix : 59,99 €
Gênes de la course
Gran Turismo Sport s'ouvre sur une superbe cinématique que nous vous conseillons de laisser tourner jusqu'au bout. Pendant plusieurs minutes, c'est toute l'histoire du sport automobile qui est retracée dans un somptueux mélange d'images d'archives et de CGI. Pour magnifier le tout, un superbe morceau de musique classique (que ma piètre culture en la matière m'empêche de reconnaître) accompagne l'ensemble. On retrouve pêle-mêle Juan-Manuel Fangio dans sa Mercedes, les buggies Citroën sur les dunes du Paris-Dakar ou les Porsche LMP1 aux 24h du Mans. Parce qu'enfin dans un Gran Turismo, les Porsche ont le droit de cité. Et puis on découvre aussi de nombreuses images de Lewis Hamilton (réelles ou en motion-capture), véritable égérie de ce Gran Turismo Sport. Qui de mieux que le pilote Mercedes, triple champion du Monde, pour illustrer l'esprit de compétition inhérent aux simulations de courses automobiles (qui a dit Michael Schumacher) ?
Le studio Polyphony Digital a annoncé que cet opus serait celui d'une nouvelle ère : une ère résolument tournée vers l'affrontement et la compétition. C'est sans doute pour cela qu'il s'appelle "Sport" et non pas "7", un peu à la manière d'un spin-off ; comme s'il fallait bien marquer la différence et le distancer des épisodes canoniques. Et en effet, des différences, il y en a. Surtout une d'ailleurs : afin de focaliser l'attention sur le multijoueurs, le mode solo a été réduit à sa plus simple expression. Nous y reviendrons plus avant.
Gran Turismo Sport sera donc l'opus des courses online à l'échelle mondiale. Enfin, lorsque tout sera accessible... En effet, au moment où ces lignes sont rédigées, la plus grosse partie, celle qui fait saliver les pilotes en herbe : les championnats en ligne, ne sont pas ouverts. Ils seront au nombre de trois. Il y aura tout d'abord le Championnat Polyphony Digital. Viennent ensuite les deux coupes qui ont reçu l'approbation de la FIA (Fédération Internationale de l'Automobile) : la Coupe des Nations et la Coupe des Constructeurs. Même si leur contenu exact n'est pas connu, leurs dénominations sont assez parlantes. Quand à leur déroulé, cela devrait passer par des manches qualificatives pour aboutir sur des courses finales. Les joueurs vainqueurs des Championnats se verront remettre des prix FIA officiels lors de cérémonies annuelles à Paris. Pour l'instant, seules les courses quotidiennes sont jouables. Regroupées par catégories de voitures, elles ont lieu par roulement de 15 minutes à raison d'une course toutes les 5 minutes. Elles permettent de bien se faire la main et de faire connaissance avec le système de Fair-Play. Ce dernier permet, passez-moi l'expression, de "saquer les bourrins". En effet, et c'est bien normal, une pénalité de temps est appliquée à chaque touche d'une voiture adverse. Si bien que, même en faisant très attention, on se retrouve rapidement avec 30 secondes de pénalité sur une course, ce qui est énorme. On prend l'aspiration de celui qui nous précède et le type pile, on accélère trop fort ce qui engendre un survirage et paf, on percute une voiture qui nous faisait l'extérieur, les exemples sont nombreux. Mais pas la peine de rager puisqu'on se rend compte à la fin de la course, qu'à peu près tous les joueurs écopent des même peines. Sauf deux catégories de joueurs : les kamikazes qui récoltent un montant de pénalités hallucinant qui les condamne systématiquement à la dernière place et les vainqueurs qui ont bien géré leur course. Et c'est là que l'on constate le bénéfice d'une bonne préparation et d'une bonne manche qualificative. Il n'est pas rare de voir que le joueur qui s'est qualifié à la première place sur la grille de départ termine premier de la course, sans aucune pénalité. Et oui : il est plus facile de ne toucher personne quand on part en tête.
On passe ainsi facilement plusieurs heures à enchaîner les courses ; une bonne manière de se familiariser avec le système en attendant les pièces de résistance, début novembre.
Ma que solo ?
Une belle carrière solo remplie de courses gagnées, de trophées en or, une écurie remplie de voitures toutes plus affinées les unes que les autres après des heures de réglages, voilà ce dont un fan de Gran Turismo rêve et ce qu'il est en droit d'attendre. Mais qu'en reste-t-il dans ce Gran Turismo Sport ? Sans parler de rachitisme, il faut reconnaître que le contenu solo du jeu est tout de même bien pauvre au regard de ce que l'on a connu auparavant. Il se présente tout d'abord avec la Campagne, un bien grand mot par rapport à ce qui y est proposé.
On y retrouve tout d'abord l'Ecole de Conduite. Celle-ci permet d'aborder toutes les phases de la conduite sur circuit via des leçons en vidéos puis des exercices. Ces derniers sont sanctionnés par des coupes en bronze, en argent et en or selon les résultats. On voit en premier les bases comme l'accélération en ligne droite, le freinage puis la prise de virages, les épingles, etc. Toute une série de leçons, récompensées toutes les huit terminées par une voiture offerte. Vingt-quatre en débutant, vingt-quatre en intermédiaire, ça en fait des exercices. Surtout qu'à part gagner des voitures, cela ne sert à pas à grand chose, surtout pour le joueur/pilote expérimenté. En effet, loin des permis de conduire d'antan, ces leçons de conduite n'ont aucune incidence sur le reste du jeu. Que vous n'ayez que des coupes de bronze ne vous empêchera pas de gagner une voiture au bout de huit leçons terminées. Seuls les collectionneurs d'or compulsifs passeront des heures à tenter d’affûter leurs passages pour avoir au final un bel écran tout d'or vêtu.
La Campagne propose ensuite les Missions. Au nombre de soixante-quatre (huit missions sur huit niveaux), ce sont des petites épreuves diverses et variées qui permettent de mettre en pratique ce que l'on a appris à l'Ecole de conduite. Cela va du renversement de plots au contre-la-montre en passant par "finir premier en partant dernier". Là encore, il faut viser l'excellence et l'or, même si le bronze vous permet de passer à la mission suivante. À nouveau, des récompenses sanctionnent chaque niveau.
Enfin il y a l'Expérience des circuits qui permet de découvrir pas-à-pas les tracés des circuits et de prendre ses marques pour les courses futures. Ici tout est question de trajectoires et de repères de freinage.
Le reste du contenu solo, c'est le mode Arcade que tout le monde connaît. Dans Gran Turismo Sport, il est possible de faire une Course Simple, un Contre-la-Montre, un Défi Dérapages, une Course Personnalisée, une course en JvJ local en écran partagé et une Expérience VR. Rien de bien nouveau en somme. Surtout que la Course Simple et le Contre-la-Montre sont sérieusement grevés par l'IA qui, elle, n'a pas du prendre des leçons de Fair-Play. Dire que les voitures adverses sont agressives est un doux euphémisme. C'est à croire que, faisant fi de remporter la victoire, leur seul but est de vous envoyer valser dans le décor. Plutôt très désagréable comme expérience.
Le reste du contenu est représenté par Environnement, un mode photo plutôt complet, pour qui veut jouer au "metteur en espace" spécialisé en automobiles. Des décors, des voitures, des placements d'objectifs, tout ce qu'il faut pour laisser parler votre créativité. Les artistes pourront aussi se laisser aller sur le Créateur de livrée qui permet de décorer à sa guise les voitures du jeu. Vos créations peuvent être affichées dans l'espace social. Celui-ci permet de rester en contact avec ses amis, de partager ses résultats, etc. Enfin, on retrouve la Centrale des Marques, gigantesque magasin de voitures à visiter par régions d'origine des constructeurs et y dépenser ses crédits.
OK mais le jeu dans tout ça ?
Gran Turismo s'est toujours vu comme une simulation de course automobiles pointue mais accessible. Il faut reconnaître que, manette en main, on prend vite ses marques. La Dualshock restitue parfaitement les sensations et on a l'impression de parfaitement contrôler le véhicule. Les gâchettes permettent un contrôle mesuré des accélérations et des freinages et seul le joystick gauche affecté à la direction manque un peu de précision. Malgré cela, on ressent très bien le travail des pneumatiques, qu'ils patinent ou qu'ils accrochent le bitume. De plus et comme toujours, les voitures et la conduite sont entièrement paramétrables. Tout d'abord les aides à la conduite (anti-patinage, freinage assisté, etc.) permettent aux nouveaux venus d'aborder la piste en toute sérénité. Il sera possible de les déconnecter au fur et à mesure de la prise d'expérience. Les plus aguerris pourront eux se pencher sur le réglage de la voiture elle-même : répartition du freinage, hauteur de caisse, etc. tout et plus est paramétrable et a sa petite ou grande incidence sur la conduite.
Au niveau des graphismes maintenant, force est de reconnaître que l'on a vu mieux récemment chez la concurrence. Même si les effets de lumière sont bien restitués, l'ensemble manque clairement de détails et de finesse. Le pire étant l'impression de vitesse quasi nulle. Même à 300 km/h en ligne droite, les décors défilent comme si on roulait à un paisible 90 en rase campagne : pas génial pour l'immersion. Le joueur équipé d'un PS4 Pro et de l'écran adéquat pourra bénéficier de l'affichage en 4K à 60 images par seconde et du HDR qui amélioreront sensiblement le package visuel. Mais ce n'est pas encore le cas de la majorité des joueurs. Les autres devront composer avec des scintillements par ci par là, quelques clippings et autres légers désagréments. De plus, un grand écran est plus que conseillé. Que ce soit à l'écran de menu ou durant les courses elle-mêmes, toutes les indications sont vraiment petites.
Du côté du pool de voitures disponibles, les choses ont fait grincer des dents avant même le lancement du jeu, et à raison. À peine plus de 160 voitures au lancement, c'est franchement rachitique (là le terme n'est pas galvaudé). Rappelons pour mémoire que Gran Turismo 6 contenait 1200 voitures et que le récent Forza 7 en contient 700. Avec ses plus de 60 Go, on attendait plus de Gran Turismo Sport. Et c'est bien là que le bât blesse : on attend plus d'un Gran Turismo, même d'un pseudo spin-off. Comment un jeu presque entièrement tourné vers le online peut-il peser aussi lourd ? Sont-ce les textures 4K que peu de joueurs verront ? Sont-ce les "quelques" voitures recréées en 3D ? La tronche de Lewis Hamilton ? Ou peut-être que, possédant de piètres serveurs, Polyphony Digital a fait le choix de mettre un max de features en local. Bref, et plaisanterie mise à part, on a un peu l'impression de se retrouver avec un Call of Duty sur circuit : après des épisodes proposant un multi anecdotique, le studio a fait le choix d'inverser la vapeur et de proposer 90% de multi pour 10% de solo. Un bon choix selon vous ?
En résumé
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Les plus et les moins |
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Toujours accessible au plus grand nombre | 163 voitures et 17 circuits au lancement | ||||
Quantité de réglages disponible | Mode Solo très pauvre en contenu | ||||
Des heures et des heures à passer sur le multi | Graphismes en deçà de la concurrence |