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Test : Hellblade - Senua's Sacrifice

Test : Hellblade - Senua's Sacrifice
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Senua's nous entraîne dans sa psychose à travers les légendes nordiques et on n'en ressort pas indemne.

Test : Hellblade - Senua's Sacrifice

Test : Hellblade - Senua's Sacrifice


Ninja Theory, studio britannique, nous offre Hellblade - Senua's Sacrifice, un jeu basé sur la mythologie nordique et faisant la part belle aux manifestations psychotiques de son personnage principal : Senua. L'interprétation marquante de celle-ci par l'actrice Melina Juergens a longtemps été mise en avant pour la promotion du jeu, et elle vaut en effet le détour.

Le titre est sorti sur PC et PS4 le 8 août 2017, un pari audacieux que de programmer un lancement en pleine période de vacances ! D'ailleurs, du fait de l'inévitable coupure numérique estivale, notre test aura mis un mois à poindre le bout de son nez. Mais comme tout arrive à qui sait attendre, laissons place au verdict.

 

 

Genre : puzzle game, action

Date de sortie : 8 août 2017
Plateforme : PS4, PC
Développeur : Ninja Theory
Éditeur : Ninja Theory
Prix : 29,99 €

 

En route vers Helheim


Dans Hellblade, Ninja Theory nous invite à suivre les aventures de Senua. Et le ton est donné dès le départ lorsqu'une voix s'adresse à nous pour nous proposer non seulement de nous conter son histoire mais aussi de l'accompagner dans son voyage. On apprend cela alors que nous suivons déjà Senua en train de ramer sur un tronc de fortune, comme nous pouvons aussi le voir dans les premières images du trailer ci-dessus. C'est également l'occasion d'insérer le générique dans le décor.

Senua est différente, elle l'a toujours été. Son père, le druide Zynbel, pense qu'elle est maudite et préfère la tenir à l'écart des autres. Elle vivra ainsi, enfermée à l'intérieur d'elle-même, dans l'obscurité, jusqu'à rencontrer Dillion, un guerrier qu'elle observe s'entraîner et décide d'imiter avant d'en tomber amoureuse. Lui seul la comprend, il considère simplement qu'elle voit le monde différemment. Ainsi, se sont-ils entraînés ensemble et sont-ils devenus amants. Mais pour le protéger des ténèbres qui l'ont touché et qui reviennent sans cesse, elle décide de fuir. Malheureusement, cela ne suffira pas car, en son absence, les nordiques viendront au village et le tueront. Ne serait-ce pas par sa faute ? N'aurait-elle pas attiré les ténèbres sur le clan ?

Ayant, avant de partir, promis à Dillion de revenir, elle compte bien honorer sa promesse, quoi qu'il en coûte. C'est donc accompagnée du crâne de son aimé qu'elle décide de se rendre à Helheim, là où seuls les morts habitent, afin de ramener son âme, car elle compte bien honorer sa promesse, quoi qu'il en coûte. Et c'est là que nous la retrouvons, sur son morceau de bois qu'elle s'empressera, une fois à terre, de pousser au large afin de rompre toute possibilité de retour.

 

Dillion...

 

Helheim (ou Hel) est l'un des neufs mondes de la mythologie nordique, tout comme Midgard, le monde des hommes d'où vient Senua. Si elle décide de s'y rendre, c'est sur les conseils d'un vieux fou prénommé Druth, qui est resté 6 ans esclave de Hel et qui se plaît à raconter à Senua les histoires des nordiques. Il prétend qu'elle a une chance de trouver l'âme de Dillion : "N'oublie pas mes histoires Senua car tes ténèbres arrivent de Hel et ton destin s'y trouve". Régulièrement Senua pourra ainsi en apprendre plus sur les nordiques grâce à des stèles nordiques, sortes de pierres de savoir qu'elle pourra activer en se concentrant dessus.

Elle doit ainsi trouver le pont couvert d'or qui traverse la rivière des couteaux afin de se rendre à Helheim. Normalement seuls les morts peuvent traverser ce pont, mais Druth lui apprend qu'il existe un passage secret pour y monter. La porte de Helheim sépare les vivants des morts, mais avant de la franchir, elle devra récupérer la marque de Valram, le dieu de l'illusion, et celle de Surt, le dieu du feu. Alors seulement elle pourra rencontrer Hela, la fille de Loki, la géante qui retient l'âme de Dillion. C'est en effet elle qui non seulement contrôle le monde des morts et veille sur ceux que la maladie, la vieillesse et l'épreuve du suicide emportent, mais c'est aussi la seule des neufs mondes à pouvoir ressusciter les morts. Senua doit donc négocier avec elle.

Sera-t-elle assez forte pour affronter ses peurs, vaincre les dieux et atteindre son objectif en bravant la mort ? Ou sa psychose, ses ténèbres, à l'origine des voix dans sa tête, aura-t-elle raison de son esprit avant ?

 

Le pont qui mène à Helheim

Une œuvre psychotique


La cœur du thème abordé par Hellblade reste la psychose de Senua. Avant même que le jeu ne soit lancé vous êtes d'ailleurs prévenus : si vous avez déjà souffert de cela, vous risquez d'être mal à l'aise. On nous annonce également qu'il a été conçu en collaboration avec des psychiatres et des personnes ayant déjà eu une expérience de la psychose. 

Et pour mieux rentrer dans la peau, ou plutôt dans la tête de Senua, on vous encourage à enfiler un casque audio. Et c'est effectivement un bon conseil si l'on veut profiter pleinement de la spatialisation du son opérée par David Garcia (Rime) et ressentir davantage la présence de ces voix dans notre tête.

L'idée des voix qui commentent sans cesse les actes de Senua est plutôt sympa. Elles parlent d'elle à la troisième personne, se contredisent parfois, l'une l'encourageant à faire quelque chose alors que l'autre s'avère plutôt réfractaire. Parfois, elles mettent aussi la pression : "elle ne devrait pas y aller", "elle ne peut pas y arriver", "elle va mourir", "elle doit faire demi-tour"... Et souvent elles commentent ses actes, s'interrogeant sur ceux-ci : "pourquoi fait-elle ceci ,"pourquoi ne fait-elle pas cela ?"... Elles sont également accompagnées de cris, de rires ou de hurlements.

La bande son est d'excellente facture, non seulement les voix et les bruitages, mais aussi les musiques ou les chansons toujours bien appropriées à la situation, rien à redire de ce côté-là, tout comme de celui de la qualité graphique d'ailleurs. L'Unreal Engine 4 est parfaitement bien exploité et le rendu est vraiment très bon, d'autant que les décors sombres et dévastés, jonchés de nombreux cadavres, sont plutôt bien inspirés. La mise en scène, avec des angles de caméra bien choisis, des enchaînements bien amenés, sans aucune rupture, entre les phases de jeu et les cinématiques, est également remarquable.

Le feu, le domaine de prédilection de Surt

 

On notera l'absence totale d'interface, ainsi que d'un tutoriel. Mais ceci n'est pas un handicap puisque tout est très intuitif. Au contraire, cela permet de jouer d'avantage sur le visuel qui est clairement la grande force de Hellblade.

Le jeu nous propose d'ailleurs un mode photo, permettant de créer ses propres plans en fixant l'action dans le jeu puis en permettant de déplacer ensuite la caméra, de faire apparaître ou disparaître Senua, ainsi que les éventuels ennemis, d'appliquer des filtres afin d'obtenir le rendu désiré grâce à la distorsion de l'image, aux jeux de lumières... Il ne reste alors plus qu'à immortaliser le résultat obtenu.

L'ambiance dégagée par Hellblade doit beaucoup à son game design et à sa bande sonore, mais aussi au jeu d'acteur de Melina Juergens, qui a su s'approprier avec brio le personnage de Senua. Bardée de capteurs comme on peut le voir sur de nombreuses photos et vidéos divulguées par la production, elle a su, grâce au motion capture, donner corps à l'héroïne de Hellblade avec brio.

Au niveau des imperfections techniques, quelques bugs graphiques tels qu'une caméra permettant de passer à travers les murs, ou une avancée bloquée par un obstacle invisible ont été notés mais ils restent exceptionnels et peu gênants. De même, les sous-titres français font l'impasse sur certaines traductions, tout particulièrement des voix de Senua, mais cela n'est pas très handicapant car elles restent facilement compréhensibles même pour qui ne maîtrise pas parfaitement la langue de Shakespeare. En revanche, l'impossibilité de sauter et donc de franchir la moindre pierre nous a souvent dérangé.

 

Senua et son interprète, Melina Juergens


Walking simulator, puzzle game et combats


Bon, alors c'est bien gentil de belles images, de beaux plans, une belle histoire et un son soigné, mais je ne suis pas venu voir un film, vous dirons les plus grognons, où est le jeu ?

Et bien, il faut reconnaître qu'une grande part de Hellblade consistera à avancer dans des décors somptueux pour accompagner Senua dans sa descente aux enfers. Mais c'est loin d'être déplaisant, au contraire. Le personnage de Senua avec sa tristesse et sa détresse ainsi que l'univers du jeu s'avèrent très intéressants. Le seul aspect dérangeant reste cette sensation d'être enfermé dans un couloir d'où l'on ne peut pas s'échapper, certaines pierres de savoir ont également tendance à se répéter un peu. Et puis il n'y a pas que ce côté walking simulator, le voyage de Senua est entrecoupé de phases de puzzles et de combats.

Les combats sont sans doute la partie la moins intéressante. Deux types d'attaques sont possibles : légères et rapides ou lourdes et plus lentes. Il est également possible d'esquiver et de parer ainsi que d'attaquer en courant et en se jetant sur l'ennemi, mais attention alors au contre. Parer est un point important car en parant au dernier moment on déclenche une sorte de contre-attaque avec des coups plus dévastateurs. Une fois que l'on a bien pris le coup de main, les combats se révèlent assez simple et rapidement répétitifs. De plus, les voix de Senua viennent l'aider ("attention derrière-toi") et, une fois avancé dans le jeu, il est possible de se concentrer (focus) afin d'immobiliser les ennemis (en ralentissant le temps) pour mieux les rouer de coups, ce qui facilite encore plus le travail.

Les combats sont toutefois très bien orchestrés, ce qui permet de leur donner un peu plus de saveur et les rendre plaisants. Le nombre d'ennemis et leur puissance ayant tendance à augmenter au fur et à mesure que l'on avance dans le jeu, certains combats s'avèreront tout de même un peu longs du fait de la répétitivité des mouvements. Mais le combat de Senua est plus une bataille de l'esprit que du corps...

Cependant, les ténèbres ne veulent pas tuer Senua, juste l'affaiblir petit à petit. Ainsi, lorsque l'on meurt, cela peut arriver malgré tout, la putréfaction de Senua remonte lentement le long de son bras et le jeu met la pression dès le départ en annonçant que si elle atteint la tête alors Senua perd son esprit et toute progression sera perdue, il faudra recommencer au début.

 

Le focus est plutôt efficace en combat

 

La partie du gameplay la plus importante réside dans les puzzles, et il en existe de différents types. Cela commence dans le monde de Valram, ou il ne faut pas croire ce que l'on voit et où il faut savoir jouer avec ses illusions. Il s'agit de passer dans le bon sens sous des portes magiques représentées par des arches afin de modifier le décor. Ainsi apparaissent ou disparaissent des murs, des portes, des escaliers, des échelles... permettant de rejoindre des points sinon inaccessibles. Il faudra parfois traverser plusieurs fois ces arches : une première fois pour atteindre un élément donné qui nous permettra de débloquer un accès que l'on empruntera après avoir traversé une nouvelle fois l'arche afin de revenir à la situation initiale.

Il y aura également plus loin dans l'histoire des éléments de décors à reconstruire grâce à la concentration, ou des masques permettant, toujours grâce à la concentration, d'alterner entre deux mondes, l'un clair et l'autre obscur, afin d'opérer des actions du même type qu'avec les portails magiques.

Il y a aussi beaucoup de portes verrouillées par des runes que l'on doit imprégner sur notre rétine en se concentrant afin de les retrouver dans le décor en alignant les éléments de celui-ci une fois trouvé le bon angle. Ce n'est a priori pas toujours évident mais lorsque l'on approche du secteur des runes rouges apparaissent pour nous aider, il ne reste plus qu'à trouver la bonne position. Les voix nous indique également quand il est temps d'appliquer le focus. Dès que toutes les runes ont été trouvées, il est alors possible de franchir la porte.

Enfin, plus tard dans l'histoire, il y aura également des épreuves labyrinthiques, ou il faut trouver son chemin, parfois dans le noir (heureusement la concentration nous aidera là-aussi), en évitant des créatures étranges. Nous serons tout de même parfois aidés ici par le fantôme de Dillion qui nous guidera.

Il faut donc aimer les puzzles. Si certains sont bien vus d'autres semblent tout de même dispensables et il pourra être lassant de chercher la solution lorsque l'on n'adhère pas au principe proposé. Il n'est en effet pas toujours évident de comprendre ce qu'il faut faire, peu d'indications nous étant données, comme par exemple lorsque l'on nous demande, dès le départ, d'aligner les corbeaux avec la marque de Valram. Une fois compris le principe, c'est évident, mais au début cela peut paraître étrange et il faudra saisir le principe tout seul, même si les voix pourront encore une fois être utile ici.

 

Les portails magiques et les runes qui bloquent les portes

 

Annoncé comme un jeu d'action, Hellblade peut sans doute décevoir tant c'est davantage le côté walking simulator et puzzle game qui ressort en fin de compte. Il s'agit toutefois d'un jeu de grande qualité, au rendu exceptionnel, que la petite équipe de Ninja Theory nous propose, sans l'aide d'un éditeur de renom. Qualifié de triple A indépendant, Hellblade est une réussite à de nombreux niveaux et ceci pour un prix très correct. Il serait donc regrettable de passer à côté tant il est plaisant d'accompagner Senua pendant une dizaine d'heures dans son voyage au royaume des morts. 

 

Hellblade - Senua's Sacrifice est une réussite tant sur le plan visuel que de l'histoire qui nous est comptée. L'interprétation de Senua par Melina Juergens n'y est pas étrangère et la représentation de sa psychose à travers les voix qui courent dans sa tête non plus. On regrettera seulement un manque de liberté ainsi que des combats trop répétitifs. Il faut également adhérer au concept des puzzle games. C'est en tout cas une œuvre marquante que l'on ne peut que conseiller, à moins d'être réfractaire à son concept.

Les plus et les moins

Pâte graphique aux petits oignons Chemin beaucoup trop balisé
Bande sonore et sa spatialisation Liberté d'action très limitée
Melina Juergens très inspirée Combats répétitifs et parfois trop longs
La psychose de Senua et la mythologie nordique Certains puzzles qui peuvent lasser
Absence d'interface    
Prix    
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Hazziel Zen
Nyam Hazz

Editor

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