>Observer_ est un jeu d'horreur et d'enquête sorti sur PC, PS4 et Xbox One le 15 août 2017. Il est développé par Bloober Team et édité par Aspyr. Le titre nous place au milieu d'une enquête dans un univers CyberPunk poisseux et une ambiance très horrifique. Énième jeu d'horreur pour Youtubeur ou véritable appareil à frissons ? On fait le point dans ce test.
- Genre : Horreur, enquête
- Date de sortie : 15 aout 2017
- Plateforme : PC, PS4, Xbox One, Switch
- Développeur : Bloober Team
- Éditeur : Aspyr
- Prix : 27,99€
- Testé sur : PC
Cyberment votre
An 2084, Cracovie en Pologne. Une "peste numérique" a envahi le pays et les "augmentés" (ces personnes qui ont subi des modifications cybernétiques pour améliorer leurs capacités), provoquant la mort, la guerre et la désolation dans les rues, obligeant les survivants à se droguer pour rester en vie. Le monde a aussi "évolué" en terme de technologie. L'informatique et la robotique ont envahi la ville. Tout le monde a des implants, les rues sales sont maquillées grâce à des affichages holographiques, la pub et la propagande envahissent les habitants jusque dans leurs maisons, et leur seul refuge est un projecteur holographique, de quoi radicalement changer le cadre de son salon sans bouger de chez soi. Le crime ayant évolué, la police a dû faire de même, elle a donc créé les Observers. Ces gars sont des neuro-inspecteurs, avec l'autorisation de pirater et d'explorer les implants neurologiques des habitants grâce au Mangeur de Rêve. Avec ça, l'Observer peut visiter les souvenirs de n'importe qui, de quoi relever de précieuses informations sur le terrain. Daniel Lazarski (incarné par Rutger Hauer lui-même !) est un observer et le "héros" de cette histoire.
Daniel est aussi le père d'un jeune adulte, Adam, dont il reçoit un appel un soir de patrouille après des années sans nouvelles. Un appel qui ressemblait à un adieu. Il décide tout de même de le localiser et ne trouve chez lui qu'un cadavre, la tête arrachée, dans le studio d'un HLM délabré, crasseux et grouillant de câbles et d'hologrammes. Daniel doit trouver des réponses, pour cela, le jeu prend alors la forme d'une vraie enquête. Il va falloir inspecter les détails de la scène de crime à l'aide d'une vision électromagnétique et d'une bio-vision, qui analyseront des éléments en temps réel (à la manière d'un Batman Arkham City mais en moins pété), fouiller et pirater des ordinateurs à la recherche d'informations, et surtout interroger des voisins ou des témoins (et autant dire que chaque voisin à son petit lot de problèmes personnels et psychologiques). Cette phase est intéressante mais, comme pour la chauve-souris en collant, c'est un poil trop dirigiste, tout est surligné pour que le joueur ne perde pas trop de temps. Néanmoins, pas de quêtes Fedex, ni de gars à dépanner pour avoir des infos, >Observer_ se concentre sur sa mission principale, il vous forcera juste à vous intéresser à l'univers qui vous entoure, quitte à ce que vous erriez un peu dans les couloirs d'un immeuble peu chaleureux. D'ailleurs, on ne pourra que féliciter le gros travail des doublages, les interrogatoires se faisant via caméra de porte interposée, on arrive tout de même à comprendre et imaginer des personnages sans jamais les voir, juste avec le ton de leur voix. Et ce n'est pourtant pas mince affaire.
Une pinte de Cronenberg !
Mais >Observer_ c'est aussi un jeu d'horreur. Et des horreurs vous allez en voir, d'abord dans le monde réel entre l'univers crado, la folie des Hommes avec le transhumanisme et surtout cette dystopie rétro-futuriste qui vous mettra constamment mal à l'aise en vous entourant de morts, de dépression et de destins brisés, faisant passer les pires peurs d'Orwell pour un conte pour enfants. Daniel devra d'ailleurs régulièrement trouver de la Synthizine (une sorte de drogue) qu'il faudra s'injecter pour calmer son palpitant quand il se passe trop de choses négatives, mais aussi calmer les sortes de glitchs à l'écran qui peuvent apparaitre (signe d'un rejet des implants par le corps).
L'ambiance se corse beaucoup plus dès le moment où vous aller utiliser votre Mangeur de rêve. Ce petit câble (avec un crochet inquiétant au bout) vous permettra d'aller au plus profond de la mémoire des gens auxquels vous vous connectez. Mais les souvenirs n'ont pas de réelle définition physique, ce ne sont que la projection de notre cerveau d'un ensemble d'images marquantes. Ils sont donc très déstructurés, hasardeux, ils se mélangent entre eux pour former quelque chose que le joueur lui-même va devoir décrypter pour comprendre ce qui se passe dans ce qui ressemble à un sacré trip sous acide, jusqu'à effacer la barrière entre les souvenirs et la vie réelle. Bloober Team a réalisé un incroyable travail sur la direction artistique des souvenirs, proposant quelque chose d'abstrait sur la forme mais concret sur le fond, comme on pourrait analyser un test de Rorschach.
La Bloober team réalise ici un véritable coup de maître. Ils réussissent à maîtriser la définition de l'angoisse et à nous le partager via des images et surtout une bande son incroyables, notamment grâce à un level design, certes dirigiste, mais mené d'une main de fer, pour que le joueur se sente immergé et intégré à la trame. Saupoudré par cette direction artistique toujours plus "techno trip", le tout dans une inspiration culturelle cyberpunk assez dense (Blade Runner, Vidéodrome, Ghost In the Shell, System Shock etc.). L'enquête est assez courte (une dizaine d'heures), mais suffisamment intense pour être totalement satisfait de ce curieux voyage. On regrettera juste l'absence d'une re-jouabilité malgré la présence de choix de dialogues, le jeu est un One Shot au milieu du front.
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