"Qu'est ce qui fait un bon champion ?" Vous vous êtes peut-être déjà arrêté au milieu d'un dive pour vous poser cette question. Si c'est le cas, vous vous êtes probablement fait report par votre équipe, mais cela vous aura permis d'égratigner la surface d'une question que les employés de Riot se posent tous les jours.
Et à force de se la poser tous les jours pendant 7 ans, Greg "Ghostcrawler" Street, concepteur pour Riot, est devenu sacrément bon pour y répondre. Aujourd'hui, il partage avec nous ce qu'il faut pour faire un bon champion.
Cinq piliers sont à la base de tout bon personnage : le plaisir de jeu, la résonance thématique, l'expression du talent, le caractère équitable et enfin l'originalité.
Le plaisir de jeu
Certainement pas le plus simple des cinq piliers, car entièrement subjectif. Ici la principale question est "lorsque le joueur appuie sur un touche et active un sort, le résultat est-il satisfaisant ?" Pour obtenir ce résultat satisfaisant il faut beaucoup de choses : que le sort soit utile, qu'il colle au style du champion et que les effets sonores et visuels soient agréables.
Zap, méga-roquette, vitesse de déplacement décuplée... c'est sûr Jinx est drôle à jouer
Un exemple souvent cité comme une réussite dans ce domaine est le Zap de Jinx. Le sort est rapide, précis, satisfaisant lorsqu'il touche sa cible et colle parfaitement à l'univers déjanté du champion.
D'un autre côté, le sang-chaud de Nunu profite à quelqu'un d'autre, et n'est signifié que par une faible lueur rougeâtre, c'est le contraire d'un sort satisfaisant.
La résonance thématique
Ici il s'agit de se demander si l'apparence et la personnalité du champion colle à son style de jeu. Si Darius, avec sa hache et son imposante armure était un support à distance prodiguant des soins, le résultat manquerait complètement de logique et gênerait les joueurs.
Darius pourrait avoir les sorts de Soraka, mais ça ruinerait sa résonance thématique.
Obtenir un champion qui se comporte comme on s'attend à ce qu'il se comporte au vu de son apparence, c'est réussir l'étape de la résonance thématique.
L'expression du talent
Réussir dans ce domaine, c'est faire sentir au joueur qui réussit sur son champion qu'il l'a mérité, qu'il est mécaniquement bon. C'est un pilier qui est apparu relativement tard dans la vie du jeu et qui n'a cessé de prendre de l'importance depuis.
On le constate facilement en comparant les mécaniques des champions les plus anciens (Nasus, Garen, Annie...) qui sont souvent "basiques", à des champions récents (Aurelion Sol, Ivern, Bard...) qui reposent sur des gameplays très originaux.
Pas un seul autolock et des mécaniques uniques, Bard représente parfaitement la nouvelle génération de champions.
Pour Riot, les champions les plus difficiles à maîtriser sont les plus intéressants pour les joueurs, car progresser avec eux est déjà une récompense en soi. Le rework récent de Warwick, qui a vu son ultime passer d'un bête autolock à un skillshot symbolise parfaitement la prise d'importance de "l'expression du talent".
Le caractère équitable
Un champion doit avoir des faiblesses claires, afin que l'équipe ennemie ait toujours un moyen de les contrer. Ziggs est extrêmement fort à distance, mais vraiment fragile si vous parvenez à l'attraper, au contraire Darius est un danger au corps à corps, mais peu avoir perdu toute sa vie avant même d'attraper quelqu'un.
On s'est tous déjà fait dive par un Tryndamere en se disant "oui, c'est juste et équilibré".
C'est justement parce qu'ils ne respectaient pas le critère du "caractère équitable" que des builds comme Tryndamere AP ont du disparaitre.
L'originalité
Chaque nouveau champion doit apporter quelque chose au jeu. Si un nouveau venu n'apporte pas quelque chose de jamais vu auparavant dans l'univers de Runeterra, à la fois en terme de style de jeu, et en terme visuel, alors il faut le retravailler.
Kayn possède un style de combat classique, mais il apporte la possibilité d'ignorer les murs de la carte.
Par exemple, Nunu a beau être monté sur son Yeti, son gameplay ne le reflète pas du tout, les deux personnages agissent en unisson à tel point que beaucoup de joueurs ne sauraient pas dire si Nunu est le yeti ou le jeune garçon. Et c'est justement parce que la mécanique de la monture n'avait jamais été exploitée dans le jeu que Riot a commencé à développer Kled.
Conclusion
Greg Street est le premier à reconnaître que tous les champions n'excellent pas dans chacun de ces cinq piliers, il pense d'ailleurs que de nombreux champions sont abandonnés non pas parce qu'ils sont faibles dans la méta, mais parce qu'ils ne remplissent pas ces critères.
À l'opposé, il invoque l'exemple de Thresh qui est depuis sa sortie l'un des supports les plus populaires du jeu, buff ou nerf, fort ou faible, Thresh n'a jamais cessé d'être joué, et c'est parce qu'il est une réussite sur le plan des cinq piliers.
Le roi des cinq piliers, dans toute sa splendeur fantomatique.
Toucher un hook incroyable ou sauver un allié avec la lanterne parfaite est extrêmement gratifiant, le plaisir de jeu et l'expression du talent sont donc présents, l'originalité et la résonance thématique sont également remplis car Thresh dispose d'un design unique et immédiatement reconnaissable, il incarne "la faucheuse" dans l'univers de Lol, la forme de son arme et sa capacité à ramasser des âmes collent d'ailleurs parfaitement à cette image. Enfin, il reste possible d'éviter toutes ses engages, que ce soit grâce à un évitement, ou en ne le laissant pas venir au corps à corps, le caractère équitable est donc là aussi.
Pour toutes ces raisons, Thresh sera probablement toujours populaire, il ne reste plus qu'à parvenir à un résultat similaire avec tous les champions, mais c'est plus facile à dire qu'à faire.