Après des semaines d'attente et au final des résultats frisant l'apocalyptique pour l'Europe, on peut dire que Rift Rivals nous on laissé un goût amer dans la bouche. Retour sur une compétition pas comme les autres.
L'avant-tournoi : l'heure du taunt
Dès l'annonce du tournoi en mai, c'est l'alarme. Alors que la rivalité entre les deux serveurs fait rage depuis maintenant des années, alors que chaque camps scrute les résultats internationaux de l'autre sans pouvoir en tirer grand-chose, puisque de toute façon les Coréens gagnent à la fin, enfin, enfin une compétition rien que pour montrer à ces amateurs outre-Atlantique qui sait vraiment jouer à League of Legends.
L’enjeu est énorme : c'est la suprématie dans le chat Twitch, c'est le droit de taunt sans limites jusqu'aux Worlds. Et pourquoi s'inquiéter ? G2 Esports vient d'accomplir l'exploit lors des MSI, Fnatic et UoL sont en grande forme, alors que pendant ce temps en NA les clownfiestas s'enchainent et Phoenix1, l'un des trois ambassadeurs américains, vient de faire connaissance avec le fond du classement.
Le mois de juin passe donc dans une atmosphère de détente et d'enthousiasme en Europe. Vivement juillet, que EU>NA ne soit plus un avis subjectif, mais une vérité universellement reconnue.
Les phases de groupe : la gifle
Le tournoi a débuté depuis quelques minutes, les commentateurs font monter l'ambiance, les joueurs s'installent sur scène, Perkz envoie une dernière blague sur Twitter. Le premier match de la journée sera TSM contre G2, les deux équipes stars, parfait pour montrer d'emblée comment le tournoi va se passer. Zven attrape son Kog'Maw, Perkz vole la Syndra de Bjergsen, celui-ci se rabat sur un Galio qui n'a jamais fonctionné en NALCS, même la draft est facile.
Quarante minutes plus tard, Doublelift est en 6/0, Bjergsen en 5/2, TSM prend son deuxième Baron Nashor et achève G2. Et l'unique chose qui est allée comme prévu, est que ce match annonçait bel et bien la couleur pour le reste du tournoi.
Ces phases de groupes furent la débandade la plus absolue, elles s'achèvent sur un score de 12 à 6 en faveur du serveur NA. Notre meilleure équipe : UOL, s'arrête sur un score neutre de 3 victoires pour 3 défaites. Coté NA, c'est la pire équipe : Cloud 9 qui est en 3-3. G2 a été pulvérisé, seule une victoire arrachée le premier jour contre Cloud 9 les empêche de rentrer chez eux en 0-6. Fnatic qui entrait dans la compétition en grands favoris s'arrête sur 2 victoires en 6 matchs.
Oups, on a encore gagné.
La finale arrive, mais nos chances ne sont pas réjouissantes, car des Unicorns of Love ayant montré une performance en dent de scie vont devoir affronter une équipe TSM absolument dominante pendant toute la compétition. Les joueurs aux jerseys noirs et blancs sont passés tout près du perfect en terminant les groupes avec une unique défaite. Mais qui est donc cette équipe européenne qui a réussi à prendre un match à l'équipe de Bjergsen et Doublelift ? Ce sont les UOL, leurs adversaires pour la finale. L'espoir survit.
La finale : le coup de grâce
C'est finalement le jour de la finale, l'ambiance a générale a bien changé et les Européens s'assoient devant leurs écrans avec plus d’appréhension que les Américains.
Nous ne saurons jamais comment cette première game se serait déroulée si les deux équipes étaient arrivées aux phases de teamfight à égalité. Ce qu'on a eu à la place c'est un dive improbable à la 7eme minute de la part d'UOL, digne des plus grandes solo queues, où Samux meurt sous la tour ennemie pendant que son équipe recule. UOL, loin d'avoir appris la leçon, remet exactement la même, trois minutes plus tard, sur la même lane sous la même tour. Avec cette avance donnée gratuitement, TSM snowball et termine la partie en à peine trente minutes.
Ce n'est pas grave, c'était l'échauffement. UOL joue la prudence dans la seconde game mais TSM, toujours dominante, prend largement l'avantage aux golds. Et soudain, à 20 minutes ce sont les Américains qui loupent leur dive. Les licornes saisissent l'occasion, c'est un ace en leur faveur et un nashor qui leur tend les bras. Jusqu'à ce que Svenskeren sur son Lee Sin, qui a respawn juste à temps, ne parvienne à le voler. Juste comme ça, l'homme au 90% de winrate sur Lee enterre le comeback des Unicorns. TSM déjà forte d'une avance certaine utilise ce baron pour finir la seconde game encore plus vite que la première.
Le dernier rempart.
Est ce la fin pour nos héros ? Certainement pas, quand on choisit le rose pour couleur et la licorne pour emblème, on n'est pas du genre à se laisser facilement impressionner. UOL se lance dans cette dernière game dos au mur, mais plus déterminé que jamais. Chaque coup est rendu, chaque objectif contesté. Les TSM se font surprendre et tuer alors qu'ils font le Hérault de la faille, pour la première fois de la compétition, les A méricains sont en retard aux golds à 20 minutes. Le snowball européen est enclenché et il galope majestueusement à travers la faille de l'invocateur.
Il est certains ultimes qui peuvent changer le cours d'une partie, et celui de Gragas est l'un d'entre eux. Alors qu'UOL s'approche de la base américaine et que le teamfight s'enclenche, Hauntzer se téléporte en plein milieu du combat, son fût explosif est parfait, tous les carrys d'UOL sont projetés vers TSM et immédiatement massacrés. C'est un ace 5-0 pour TSM qui s'empare immédiatement du baron. Le snowball est terminé, le rêve européen est mort, tué par un roux alcoolique et un fût contenant une substance suspecte.
Doublelift et Bjergsen utiliseront cette avance pour gagner les prochains teamfights, quelques minutes plus tard TSM soulève le trophée des Rift Rivals.
Épilogue : Et maintenant ?
Les Américains vont rentrer chez eux terminer les NALCS, peut être cette fois ressentiront-ils le jet lag qu'ils ont oublié de subir à l'aller. Les Européens vont faire de même et les deux serveurs rivaux ne se reverront pas avant les Worlds.
Les Worlds justement, si les performances de l'Europe restent aussi décevantes, elle n'aura même pas besoin des Coréens pour se faire éliminer. Si l'Europe n'a pas eu l'air trop mauvaise en teamfight, il faut vraiment qu'elle travaille sur sa présence en early. Sur les 18 parties jouées lors du tournoi, l'Europe n'a eu une avance aux golds à 20 minutes que 2 fois.
Fnatic demeure la plus grande déception du tournoi.
Une solution de repli psychologique consiste à dire que les Rift Rivals, ça compte pas, qu'un tournoi à base de Bo1 n'est pas représentatif du niveau des équipes. De toute façon, la Corée vient juste de perdre son propre Rift Rivals donc vous voyez bien, ça veut rien dire.
Ps : une pensée émue pour les cheveux de Romain Bigeard, énièmes victimes de ce désastreux conflit.