Andrei "Meddler" Van Roon nous parle aujourd'hui d'un sujet qui suscite des débats passionnés sur les forums : les styles de jeu improbables. Où s'arrête l’originalité et où commence le troll ? Trop s'éloigner de la méta ou des stratégies habituelles peut-il être punissable ? Ou vous dit tout.
Les joueurs qui jouent off-meta font évoluer le jeu
Si League of Legends était un organisme, les joueurs off-méta seraient les mutations spontanées qui permettent son évolution. Bon nombre d'idées aujourd'hui communément admises n'étaient à l'époque que des essais farfelus. En saison 1 par exemple, il était d'usage de faire s'affronter deux tandems de bruisers en botlane ( Garen tournoyait donc en bot bien avant de tournoyer en top ). Et puis soudainement quelques équipes européennes ont eu l'idée de déplacer leur ADC de la midlane vers le bot, en le faisant accompagner par un autre champion qui ne farmerait pas pour que l'ADC puisse aller aussi vite que lorsqu'il était au mid et qui le protégerait des ganks. La botlane ADC/support était née.
Qui sont donc ces excentriques qui jouent un ADC en bot lane ?
Qu'est-ce qui sépare le troll du joueur original ?
Certaines stratégies peuvent à l'origine sembler très, très trollesques ( une pensée émue pour l'âme vaillante qui a expérimenté le Singed proxy en premier ) et ce n'est donc pas la proximité de la nouvelle stratégie à ce qui se fait habituellement qui permet de séparer les originaux des trolls. A la place, on se pose une autre question : "ce joueur est-il activement en train d'essayer de faire gagner son équipe ?". Pour répondre à cette question, on peut se reporter sur des statistiques comme la quantité de ressources générées : le joueur qui essaie vraiment de gagner va normalement faire gagner des golds à sa team ( ou en faire perdre à l'équipe adverse ). Même si ses actions semblent incohérentes, si le résultat net en gold est positif c'est bon signe, car le troll quant à lui entraîne toujours une perte sèche.
Proxy Singed, une technique qui d'emblée n'inspire pas la confiance.
Les joueurs qui se font report sont ceux qui ne communiquent pas
L'étude du chat dans les parties où des stratégies hors normes sont mises en place ainsi que les témoignages de joueurs qui les pratiquent sont formels : la communication améliore tout. Lorsqu'un joueur s'éloigne de la méta, il est primordial qu'il explique à sa team ce qu'il va faire et pourquoi il va le faire. Ça évite les incompréhensions, le tilt, les reports, en plus ça augmente grandement les chances de victoire.
Parfois, certaines découvertes fonctionnent si bien qu'elles doivent être patchées par les développeurs
L'histoire de LoL est remplie build originaux qui ont fonctionné si bien qu'ils ont fini par être nerf, mais deux exemples retiennent particulièrement l'attention : Tryndamere AP et Ekko tank. Dans ces deux cas, on part sur un build totalement à l'opposé de ce que dicte le bon sens : de l'AP sur un bruiser basé sur les coups critiques, et de la tankiness sur un assassin. Mais dans les deux cas ça fonctionne incroyablement bien, au point que le winrate du champion avec le build atypique dépasse de loin son winrate lorsqu'il est joué "normalement".
La rédaction de Millenium s'excuse de vous avoir rappelé l'existence de Tryndamere AP.
Si la stratégie est viable, et si Riot encourage les joueurs à expérimenter de nouvelles façons de jouer, alors pourquoi avoir nerf ces deux builds au point de les rendre injouables ? Et bien Riot insiste pour que tous les builds et tous les champions aient au moins un point faible que l'équipe ennemie puisse exploiter. Dans ces deux cas bien précis, les builds faisaient justement disparaître les faiblesses des champions. Le gameplay de Tryndamere l'oblige à charger sa rage sur les sbires pour pouvoir ensuite l'utiliser en combat, mais le tryndamere AP n'en a pas besoin du tout, le passif du champion est donc ignoré. Ekko voit sa mobilité et ses dégâts contrebalancés par le danger auquel il s'expose en rentrant dans la mélée alors qu'il est squishy, un défaut qui disparait avec un Ekko tank qui, en plus, continue d'infliger des dégâts très respectables.
Mais d'autres stratégies nouvelles ont très bien marché dernièrement
Deux autres exemples récents qui ont connu un autre destin que de disparaitre : Miss fortune Support, et Ziggs ADC. Voilà plusieurs mois que ces deux builds sont connus du grand public et ils semblent maintenant faire partie du paysage de la faille de l'invocateur, Miss fortune support est apparue aux Worlds l'année dernière et vient encore d'être jouée au MSI 2017, une longévité exceptionnelle pour quelque chose d'aussi improbable qu'un ADC support. Pourquoi sont-ils restés ? Parce qu'ils ne sont pas forts au point d'être toujours préférable au build "normal" du champion.
Prendre une Miss-fortune support c'est perdre à la fois les dégâts d'auto-attaque d'une MF ADC, abandonner la protection qu'offre un support plus défensif, et être obligé de draft un ADC fournissant du contrôle pour pouvoir placer son ultime. Prendre un Ziggs ADC c'est abandonner la possibilité d'avoir un ADC full stuff en fin de partie qui détruit les adversaires à grands coups d'auto-attaques. Dans les deux cas c'est un choix réfléchi avec ses avantages et ses inconvénients, et tout non-conventionnels qu'ils soient, ils ont leur place dans le jeu.