Preview de Nioh sur PS4

Preview de Nioh

Après un développement chaotique d'une douzaine d'années, la Team Ninja ressuscite Nioh et compte bien titiller les ténors du genre Action-RPG soulbornesque tendance SM. Notre avis sur la dernière démo éphémère (qui se termine ce dimanche) de la bête avant sa sortie le 9 février prochain en exclusivité sur PS4.

Y'a du sushi à se faire !

Point de contexte scénaristique, ou si peu : on n'est pas là pour ça et nous vous reparlerons de la trame de Nioh dans un hypothétique test. Non, cette démo était avant tout l'occasion de retâter le gameplay de Nioh, un jeu à première vue très inspiré de Souls mais qui n'hésite pas à aller piocher des idées chez ses cousins éloignés du hack and slash, par exemple. Il suffit de voir le loot pleuvoir à chaque démon perforé pour se rendre compte que les développeurs ont certainement dû mettre à sac quelques Failles Néphalem si vous voyez ce qu'on veut dire. Et heureusement que le bougre sait récompenser ceux qu'il aime à torturer, parce que de mémoire de joueur, Nioh est certainement l'un des jeux les plus punitifs et difficiles qu'il nous ait été donné d'essayer. À vrai dire, la première heure de jeu est tellement douloureuse qu'on se demande finalement si ce n'est pas «trop» et si la Team Ninja aurait dû mettre un peu d'eau dans son vin, ce qu'ils ont déjà fait grâce aux retours des précédentes bêtas, soit dit en passant. Dans Nioh, le moindre trashmob est susceptible de vous refaire le portrait façon Picasso à la moindre erreur : l'intransigeance et une concentration sans faille sont de mise. Il va de toute façon falloir apprendre à maîtriser son gameplay, tout de même plus complexe et complet que celui des Souls, avant d'espérer faire plus de 100 mètres dans les sentiers forestiers lugubres de ce Japon médiéval-fantasy : ici, notre héros dispose de quatre options de combat, accessibles à tout moment grâce à des raccourcis de touche : deux armes au corps-à-corps et deux armes à distance, chaque type d'arme disposant évidemment de ses propres movesets et spécificités.

À cela, il faut ajouter les postures hautes, moyennes et basses, qui modifient le comportement et les assauts de William. Ainsi, la posture basse accroît la vélocité, celle du milieu permet avec les armes appropriées de faire des attaques de zone et la posture haute balance des attaques plus puissantes, contre des déplacements plus lourds. Toutes ces actions sont régies par le Ki, une jauge d'endurance qui ne dit simplement pas son nom, et c'est là qu'on commence à entrer dans le dur, de ce qui fait de Nioh un jeu qui se démarque proprement des Souls. Si vous venez à vous prendre un coup de tatane alors que votre barre frôle les zéros, alors considérez-vous comme mort, puisque cela aura pour effet de vous laisser immobile quelques secondes et quelques secondes dans Nioh, c'est une éternité ! Pour équilibrer l'ensemble, la Team Ninja a tout de même eu le bon goût d'affubler tous les ennemis de leur propre jauge de Ki, avec la même sentence en cas de fatigue, ce qui donnera généralement lieu à des finish moves fort gratifiants. L'autre mécanique liée au Ki est peut-être plus originale encore, puisqu'il va s'agir de purifier des zones d'ombre ralentissant le refill de l'endurance en appuyant sur R1 après une série d'attaques réussies. La purification autorise également le rechargement rapide de la jauge, ce qui va s'avérer très utile en cas de situation désespérée, encore faut-il parvenir à ne pas perdre ses moyens. Lorsque l'on met toutes les mécaniques bout à bout, des différentes postures à ce fameux Ki en passant par les divinités qui viendront vous prêter main-forte, on obtient un système qui nous fait tout simplement dire que la manette n'a pas assez de boutons. Retenir toutes les commandes et les maîtriser requiert tout de même trois bons quarts d'heure d'adaptation pendant lesquels vous tâtonnerez, mais comme d'habitude avec ce genre de jeu, cela se conclut par un plaisir de jeu décuplé lorsque l'on commence à tâter.

Nioh archives

Comme nous le disions plus haut, la philosophie autour du loot est très éloignée de celle des Souls (bien plus foisonnant que dans la licence de From Software) et il en va de même pour la progression du personnage qui, même si elle reprend le concept d'âmes à absorber pour augmenter de niveau, va aussi imposer sa propre patte pour accoucher d'un système que l'on perçoit déjà d'une profondeur abyssale. En plus des diverses pièces d'équipement (classées par couleur de rareté de blanc à violet), il va également falloir choisir les bonnes divinités qui accompagneront Adams dans son périple, ces dernières étant synonymes de bousculements significatifs dans le build du héros. De même, il est possible de donner vos objets obsolètes en offrande dans les temples (l'équivalent des feux de camp) contre quelques âmes supplémentaires, ce qui permet au passage de faire le ménage dans l'inventaire en cas de surcharge. Les soins s'articulent quant à eux autour des élixirs qui se rechargent automatiquement à chaque autel, le nombre d'élixirs maximum regagnés correspondant au nombre de petits démons que vous aurez trouvé au cours de votre exploration. Exploration qui sera de toute façon toujours récompensée par quelque ennemi spécial ou autre trésor bien planqué, là dessus on est sur du classique. Et pour ceux qui veulent ajouter davantage de piment à un plat déjà plus chaud qu'une assiette de Sichuan Huo Go, sachez qu'il est également possible d'interagir avec les tombes des autres joueurs façon gameplay asymétrique, non pas pour regarder leurs dernières secondes de vies mais carrément pour les affronter en duel, loot et âmes à la clé. À l'heure où ces lignes sont écrites, il nous reste encore pas mal de choses à voir et à approfondir, mais on sait déjà que Nioh sera d'une densité peu commune et ils nous tarde de fouiller les entrailles de cette énorme bête.

Alors quand on lui tire le portrait, le titre est diablement alléchant et les quelques heures passées sur cette démo de la «dernière chance» auront fait vibrer nos murs de colère et de plaisir : passer quelques heures en compagnie d'un jeu aussi éprouvant déclenche forcément quelques comportements primaires s'intensifiant au fur et à mesure des victoires, mais surtout des défaites. Jouer à Nioh, c'est finalement accepter de retrouver sa part d'animalité et de le faire savoir à tout son entourage par le biais de borborygmes ridicules, même si ce n'est jamais vraiment de la faute du jeu, qui est par ailleurs très bien calibré. Cependant, malgré tout le bien que l'on en pense pour le moment, Nioh laisse planer quelques zones d'ombre (c'est le cas de le dire) et certains points doivent encore être éclaircis. À l'heure actuelle, l'un des principaux reproches que l'on pourrait adresser au jeu est la pauvreté (toute relative) de son level-design et le manque d'inspiration manifeste de sa direction artistique (il ne suffit pas que tout soit gris pour réussir une ambiance glauque ou inquiétante), là où ses principaux concurrents misent à fond sur l'atmosphère et la construction de leur univers. Techniquement, le jeu n'est pas non plus une foudre de guerre, même s'il faut noter un effort en direction des petits veinards qui possèdent une PS4 pro, puisque ceux-ci vont avoir le droit d'expérimenter Nioh en 60 images par seconde et lorsque l'on connait l'apport non-négligeable de la fluidité pour ce genre de jeu, c'est tout de même une sacrée bonne nouvelle !