Test de Mafia 3
Mafia 3 est le jeu du moment qui divise. Nous l'avons terminé et voici donc enfin notre verdict final sur ce titre polémique sorti sur PS4, Xbox One et PC.
Claymation
Fraichement revenu des tranchées ensanglantées de la Guerre du Vietnam, Lincoln Clay pense retrouver sa famille pour un dernier au revoir avant de commencer une nouvelle histoire dans un chantier maritime en Californie. Malheureusement, la situation va le pousser à traficoter pour son frère et son père adoptif, ce qui par une malheureuse série d'événements va déboucher sur le décès des deux personnes sus-cités par des mafiosos italiens. Dommage collatéral de cette guerre de territoire, Clay va alors marcher sur le sentier de la vengeance afin de traîner les meurtriers de ses proches dans la boue. Ça, c'est pour la version courte : dans les faits, le prologue de Mafia 3 est une suite de quêtes plutôt bien rythmée entrecoupé de flashbacks jouables introduisant les protagonistes principaux de ce revenge game façon open world. Par ailleurs, la narration sous forme de documentaire dans le présent est plutôt bien vue, avec des images d'archives et quelques détails sur le contexte de cette époque renforçant ainsi l'immersion. Peu de choses à redire pour le moment sur l'ambiance du jeu de toute façon, Hangar 13 nous sert ici quelque chose de très propre, avec des séquences cinématiques dotées d'une bonne mise en scène et toujours accompagnées d'une musique qui colle parfaitement avec le propos, comme lorsque nos lascars sortent du braquage d'une banque fédérale avec "I Fought the Law" en fond sonore. La bande-son est de toute façon le plus gros point fort du jeu, avec des pistes sélectionnées avec soin et des radios qui s'écoutent toutes avec grand plaisir.
Les gunfights manquent de saveur, malgré une bonne patate.
Gangsta's Paradise
Après son introduction musclée, Mafia 3 revient à du GTA like plus classique, avec des commanditaires disposant chacun d'une série de missions à compléter. Le gros problème étant que les objectifs se suivent et se répètent : assassinat d'une cible, mise à sac d'un trafic quelconque afin de faire sortir la petite frappe du coin de son trou... Fort heureusement, Mafia 3 réussit à retrouver un semblant d'âme lors de missions importantes faisant avancer considérablement le scénario. Un bon point, même si ses quelques éclats de génie sont beaucoup trop rares pour sauver le rythme du jeu. Cette répétitivité ne donne pas envie de s'impliquer outre-mesure et l'on finit tout simplement par débrancher son cerveau, suivre les flèches et attendre que quelque chose d'intéressant se produise. Si le gameplay du jeu permettait d'une quelconque façon de relancer l'intérêt, mais tout est beaucoup trop basique et daté pour réellement prendre du plaisir au cours des gunfights ou des courses-poursuites. Non pas que le jeu soit particulièrement ennuyeux à prendre en main, il s'agit surtout ici d'un feeling particulièrement étrange dans lequel le pataud des gunfights côtoie la médiocrité crasse de l'intelligence artificielle. Entre les ennemis qui ne vous voient pas, ceux qui buggent ou encore, les plus courants, ceux qui foncent tels des kamikazes près du canon de votre arme, il y aurait énormément à dire sur cette IA complètement aux choux : au moins, cela fera de jolies compilations sur Youtube.
Quant à la conduite, si chacun se fera son idée sur les sensations au volant, on reste dubitatifs devant la gestion des collisions complètement pétée qui envoie les roues arrières des voitures valdinguer 3 mètres en l'air au moindre choc, ou encore face au screen shaking trop prononcé lors des coups de frein un peu violents : certes, ça fait "réaliste", mais au bout de quelques trajets, ça commence à irriter, d'autant que ces derniers sont souvent trop longs, sans possibilité de voyage rapide. La carte de New Bordeaux en devient d'ailleurs presque trop vaste, avec des trajets d'un ennui que seul la police loufoque du jeu viendra égayer de temps à autres. C'est dommage, parce que Mafia 3 amène quelques idées intéressantes, comme les différentes fonctionnalités liées aux lieutenants de Lincoln et qui vont déboucher sur un tas de possibilités de gameplay tout à fait sympathique, sauf qu'on finit très rapidement à se demander à quoi tout cela sert, puisque toutes les situations peuvent être réglées en quelques salves de fusil d'assaut. Si des jeux comme Assassin's Creed et GTA réussissent à rendre leurs mondes ouverts suffisamment riches pour que le joueur ait l'occasion d'exploiter toutes leurs mécaniques de gameplay, ce n'est clairement pas le cas de Mafia 3 qui s'inscrit dans une monotonie lassante, la seule mission annexe d'envergure étant la recherche de magazines Playboy en ville.
Dans le contexte du jeu, la police se permet quelques "écarts".
Nervous breakdown
Et puis il y a tout l'aspect technique... Vous devez forcément en avoir entendu parler si vous avez un peu suivi le jeu ces derniers jours : Mafia 3 est tout à fait indigne de nos machines nouvelle génération. On dit toujours que les graphismes ne font pas tout et clairement, le titre de Hangar 13 n'est pas non plus une catastrophe sur ce point, avec une direction artistique qui se tient dans l'ensemble et quelques plans réussis, à la faveur d'un coucher de soleil orangé. Ce qui le plombe, ce sont les bugs, de textures, de collisions, le clipping, . Pourtant testé sur un bête de course, Mafia 3 réussit tout de même l'exploit de ramer comme un beau diable et de manière totalement injustifiée dans certaines portions de la ville. On ne s'étalera pas outre-mesure sur un aspect qui a déjà beaucoup fait jaser et ce n'est finalement qu'un souci parmi de nombreux autres. Mafia 3 avait sa carte à jouer dans le monde de plus en plus vaste des open world à ambiance, malheureusement il loupe le coche à cause de choix de game design étranges et d'une technique lacunaire.
Seules quelques cutscenes viennent redresser le bilan technique de ce Mafia 3.
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Les plus et les moins |
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Lincoln, un anti-héros plutôt cool | Pas bien beau | ||||
Ambiance réussie pour New Bordeaux | On s'ennuie | ||||
Scénario et mise en scène convaincante | Gameplay basique de chez basique | ||||
Les conclusions, toutes intéressantes | Où est passée l'intelligence artificielle ? | ||||
Les exécutions au couteau de chasse | Les bugs, omniprésents | ||||
Bande-son magistrale |