La Call of Duty World League va bientôt souffler sa première bougie ! Il y a un an Activision annonçait le premier circuit eSport officiel sur sa franchise FPS, une annonce qui a mis un peu d'ordre sur la scène compétitive du jeu. Exit les multiples organisateurs, les transferts incessants et l'absence quasi-totale de ligue professionnelle hors du territoire Nord-Américain, l'éditeur met un coup de pied dans la fourmilière et fait son entrée à grand coups de millions. Après 10 mois de larmes, de frissons et de compétition, quel bilan pouvons nous dresser de la saison Black Ops 3 ? Nous avons pu rencontrer et parler de cette année ainsi que du futur de la ligue avec Jay Puryear, directeur de développement de la marque chez Activision, lors du COD XP.
ESL a fait grandir l'eSport Call of Duty
Nous sommes fiers d'avoir développé la scène Call of Duty sur trois continents grâce à la CWL, le niveau mondial n'a jamais été aussi homogène et ça rend les tournois beaucoup plus excitants.
Le lancement de la COD World League a signé l'arrivée de ESL aux commandes du circuit COD. Un circuit auparavant géré d'une main de maître par MLG aux États-Unis au détriment des autres régions du monde. ESL a amené son savoir faire et son expérience et a nettement haussé la qualité de production des évènements proposés sur COD. La différence s'est ressentie dès les qualifications CWL en décembre avec un stream bien plus professionnel et calibré que ce que nous avions l'habitude de voir auparavant, ESL offrait un pied à terre aux équipes de productions et aux casters avec un studio sur chaque continent. La mise en place d'une ligue en Australie et en Europe a considérablement élevé le niveau de jeu mondial sur Black Ops 3. Résultat, les Américains n'ont jamais été aussi inquiétés que cette année. Le premier avertissement a été envoyé par Millenium lors du Crown Melbourne. Notre équipe était proche de prendre la victoire au nez et à la barbe d'OpTic Gaming, considérée comme la meilleure équipe du monde. A l'ESWC, Splyce a terminé top 2 en sortant le FaZe Clan et Rise Nation. Après deux MLG peu satisfaisantes pour les Européens, le serpent jaune a créé la surprise au COD Championship avec une seconde place historique. De leur côté, les Australiens ont du faire face à un tirage très difficile lors des Worlds et ont payé leur manque de présence lors des évènements internationaux tout au long de l'année. Les équipes étrangères ne se sont pas contentées de faire de la figuration lors des duels face aux Américains et la ligue y est pour quelque chose.
Beaucoup de matchs, trop peu d'évènements
La Pro Division a rythmé l'année Black Ops 3 avec près de 650 matchs disputés entre janvier et juillet, en Amérique du Nord, en Europe et en Australie-Nouvelle Zélande. Une nette progression pour le vieux continent et la région ANZ pour qui les périodes entre les tournois majeurs rimaient trop souvent avec des matchs sans enjeu sur les précédents jeu. Mais en début d'année, les matchs de ligue ont pris le pas sur les autres tournois et le début de saison a été très long pour les joueurs et les spectateurs en Amérique du Nord notamment. L'UMG South Carolina a été le seule LAN organisée au pays de l'Oncle Sam entre la sortie du jeu et le mois d'avril. Un début de saison à retardement qui a montré les premières faiblesses du nouveau circuit.
Nous sommes conscients que cette année manquait de tournois offline. La COD World League était très importante pour nous et elle le restera mais, on va faire en sorte de proposer plus d'évènements LAN l'année prochaine.
Jay Puryear nous as rassuré sur ce point lors du COD XP, il devrait à priori y avoir plus d'évènement LAN l'année prochaine. Le défi consiste surtout à équilibrer le tout. À raison de trois jours de ligue par semaine pendant la quasi-totalité de la saison, il paraît difficile d'ajouter des tournois majeurs réguliers le weekend sans provoquer une overdose chez le spectateur. Les semaines de ligues sont denses et étalées sur une trop longue période, nous avons pu observer une certaine lassitude chez les spectateurs en fin de saison régulière et particulièrement à partir de la mi-saison 2. La faute à un calendrier trop chargé ? Une pause trop courte entre les deux phases ? Probablement les deux.
Prenons l'exemple de la Pro Division NA, chaque équipe doit disputer 22 matchs par saison, c'est beaucoup trop pour tenir le public en haleine du début à la fin de l'exercice. Ajoutez à cela une attente quasi-nulle pour le lancement du stage 2 et vous obtenez une saison bancale. Seulement 3 semaines ont séparé les playoffs de la saison 1 et le lancement de la saison 2. Un break déjà trop court auquel s'est ajouté le Crown Melbourne, c'est ce qui a empêché de créer de l'attente autour de la seconde phase de Pro Division. Activision doit repenser son calendrier pour maintenir la ferveur autour de sa ligue tout en laissant la place aux évènements MLG ou Gfinity, pour ne citer qu'eux, qui font partie de l'ADN de l'esport COD. La fin d'année était d'ailleurs bien plus intéressante à suivre avec l'arrivée des MLG Anaheim et Orlando.
La solution pourrait venir d'une réduction du nombre d'équipes présentes en Pro Division ; moins d'équipes, moins de matchs pour plus de grosses affiches. La scène Call of Duty n'a pas un niveau très dense, seules quelques équipes évoluent dans le haut du panier et certains matchs n'étaient pas forcément « dignes » d'une division censée rassembler l'élite de chaque continent. Avec tout le respect que nous devons à ces équipes, il est quand même évident qu'une affiche Giants/PuLse ou 100Thieves/TSM peut casser le rythme d'une soirée déjà bien chargée. En délestant les Pro Division de deux équipes par continent, nous aurions droit à des semaines moins chargées, des saisons moins longues et des affiches beaucoup plus intéressantes.
La Challenge Division doit devenir une vrai ligue
Le gros point noir de la saison Black Ops 3 de Call of Duty World League réside dans sa Challenge Division. Un fonctionnement atypique, un système de points CWL pas forcément clair pour tout le monde et l'impossibilité d'établir et de suivre un vrai classement ont fait de cette Challenge Division, une « ligue » presque inutile aux yeux de tous. Cette dernière doit être réformée et se calquer sur le modèle de sa grande sœur afin de permettre à plus d'équipes de participer régulièrement à des matchs à enjeux et d'avoir une chance d'intégrer la ligue professionnelle. Un fonctionnement plus souple peut être envisagé avec des consignes de transferts moins strictes, un stream assuré par les joueurs pour ne pas surcharger la semaine avec pourquoi pas un choc de la semaine diffusé un soir de Pro Division pour donner de l'exposition aux rosters Challengers. La Challenge Division assurerait alors parfaitement son rôle de rampe de lancement vers la Pro Division. Le circuit actuel composé de tournois online reposant sur un système de points pourrait être transformé en circuit amateur qui servirait à accéder à la Challenge Division. C'est un gros chantier qui attend Activision mais ce dernier est nécessaire pour développer la Call of Duty World League et créer un environnement propice à la professionnalisation des joueurs et le développement des structures.
MLG aux commandes l'année prochaine ?
Comme nous le disions en début d'article, l'arrivée d'ESL a fait du bien à la scène Call of Duty dans son ensemble. Mais la Major League Gaming a fait un retour triomphal en juin avec son tournoi à Anaheim. Grâce au support de l'éditeur, MLG est revenu en force avec deux évènements qui ont redynamisé la fin d'année et un COD Championship qui restera dans les mémoires.
Cette année, on s'est associés avec ESL pour la Pro Division, puis Activision a racheté Major League Gaming en janvier dernier et l'organisateur est venu se greffer au circuit avec deux superbes évènements. MLG est au commandes du Call of Duty World League Championship, qui s'annonce comme le plus bel évènement de l'histoire de la franchise. On ne sait pas encore ce qu'il en sera pour l'année prochaine, nous sommes en discussion avec MLG et ESL.
La balle semble néanmoins être dans le camp de la MLG, désormais propriété d'Activision. De plus certains acteurs en charge de la CWL chez ESL à l'image d'Everett Coleman ou Brian Kraemer se dirigent vers de nouveaux projets. MLG devrait reprendre les rennes en Amérique du Nord et Gfinity devrait récupérer la charge de la division Européenne.
Le sujet sensible de la ligue en ligne
Il ne devrait pas y avoir de changements quant au format de la ligue l'an prochain, les matchs de saison régulière devraient être disputés en ligne et les playoffs en LAN. Les défenseurs de la cause d'une ligue offline n'ont simplement pas conscience du coût que représente une telle organisation. L'esport COD n'est pas assez rentable et n'a pas une base de spectateurs assez importante pour attirer des sponsors capables d'aider toutes les structures à déplacer, héberger et rémunérer les équipes pendant plusieurs mois dans une même ville. Néanmoins des solutions peuvent être trouvées pour lutter contre les soucis rencontrés tout au long de cette année. Une plus grande flexibilité des organisateurs serait appréciable, les forfaits à tour de bras ont créé des polémiques qui n'avaient pas lieu d'être alors que de simples reports de match auraient pu résoudre certains problèmes. Pour le reste, il n'y a pas de miracles, des serveurs dédiés amélioreraient grandement les conditions dans lesquelles sont jouées les matchs actuellement, alors que certains déplorent le fait de ne pas jouer en LAN, il est encore plus préoccupant selon nous de jouer une ligue à $250.000 sur l'host de l'un des joueurs...
Un COD Championship réservé à la crème de la crème
Cela ne fait aucun doute, l'édition Black Ops 3 du Call of Duty Championship a été l'un des plus grands évènements esport de l'histoire de la franchise. Après neuf mois de compétition, les meilleures formations du monde ont livré un dernier combat dans les travées de la prestigieuse salle du Forum de Los Angeles. Néanmoins, un championnat du monde à 32 équipes n'était-il pas trop ouvert pour venir mettre fin à un circuit débuté depuis presque un an ? Le format aurait pu être beaucoup plus intéressant en ne faisant concourir que 16 équipes, 32 c'est plus que les trois Pro Division continentales réunies. Le format était justifié en l'absence totale d'un autre circuit les années précédentes mais, cette fois-ci, les équipes ont bataillé pendant de longs mois pour s'imposer parmi les meilleures, pourquoi ? Pourquoi jouer plus de 60 matchs officiels tout au long de l'année, en s'entrainant et en donnant son maximum pour décrocher les meilleures places du continent si une équipe composée de quatre joueurs n'ayant jamais mis un pied en Pro Division peut jouer les Worlds ?
C'est sur ces petits détails qu'Activision va devoir travailler dans les prochaines semaines. Pour une première édition, la Call of Duty World League Black Ops 3 a été une belle réussite. Mais il reste encore beaucoup de chemin avant de se hisser parmi les meilleures disciplines esportives du moment. Rendez-vous sur Infinite Warfare.
Retrouvez les highlights du dernier jour du COD Championship. |
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