Deus Ex: Mankind Divided : le Test
Après de longues années d'attente voici finalement Deux Ex: Mankind Divided, la suite directe de Deus Ex: Human Revolution. Nous avons pu tester la version PC du jeu, mais il sera aussi disponible sur Xbox One et PS4 à partir du 23 août 2016. Nous vous invitons à découvrir dans ce test ce que ce mélange de FPS, d'Action RPG et d'Infiltration développé par Eidos Montréal a dans les circuits.
Deus Ex: Mankind Divided - Trailer de lancement
Genre : Action RPG, FPS, Infiltration
Développeur : Eidos Montréal
Éditeur : Square Enix
Prix : 49,99 € à 69,99€ selon la version
Supports : PC, PS4, Xbox One
PEGI : 18+
Date de sortie : 23 août 2016
Bienvenue dans l'ère du triangle (Illuminatis confirmés ?)
Dans un futur proche et dystopique, les puissants manipulent (encore) dans l'ombre la société pour consolider leur pouvoir au détriment de la population. Si vous n'avez pas joué à l'excellent Deus Ex: Human Revolution il est encore temps de le faire, à défaut, ou si vous souhaitez vous rafraîchir la mémoire une vidéo récapitulative de près de quinze minutes est disponible lorsque vous lancez une nouvelle campagne, c'est bien vu car les choses ne sont jamais simples dans Deus Ex. En résumé, une grande partie de la population avait profité de la révolution technologique proposée par les augmentations; des implants cybernétiques, afin de remplacer leurs membres ou pour améliorer leurs capacités mentales. D'autres s'en sont servi pour des raisons médicales (comme le héros, notre pauvre Adam Jensen qui était devenu un homme tronc avec une balle dans la tête en prime), ou tout simplement pour rester compétitifs et conserver leur emploi.
Malheureusement les nouvelles technologies peuvent être utilisées en bien ou en mal, et le sabotage des puces de contrôle des implants sur la majorité des citoyens augmentés a permis aux comploteurs de déclencher un massacre sans précédent en déclenchant une crise de folie furieuse et meurtrière chez tous les augmentés. Adam Jensen avait finalement réussi à couper le signal et à tuer ceux qui semblaient être les coupables directs, mais le mal était fait, la destruction totale du complexe arctique dans lequel il se trouvait avait alors englouti la vérité, laissant à la société la liberté de réagir à sa guise suite à cet incident.
Deux ans après ces tragiques événements, la population est devenue extrêmement hostiles aux augmentés, la propagande déversée par les médias et les hommes politiques vendus aux conglomérats font que la situation est très proche de ce qu'ont pu subir les populations juives dans l'Allemagne des années 30, le tout arrosé d'une bonne dose d'Apartheid Sud Africain. L'ambiance est particulièrement pesante et bien rendue, il est intéressant de la découvrir du point-de-vue d'un augmenté qui a lui aussi à subir tous ces préjudices et ces injustices quotidiennes, même si Jensen est clairement plus favorisé que les autres. Les violences policières à l'encontre des augmentés sont incessantes, tout comme les contrôles de papiers arbitraires à tous les coins de rue, le soin accordé aux détails n'a pas été négligé, par exemple on trouve des bancs réservés aux "naturels" dans les parcs, ou encore des files et des entrées spéciales sordides pour les augmentés dans les lieux publics et le métro. La police ne manquera d’ailleurs pas de vous rappeler à l'ordre et de vous contrôler à nouveau si vous décidez d'entrer dans les wagons réservés aux naturels dans le métro par exemple. Il serait difficile de faire justice à l'écrit aux myriades de détails et d'anecdotes parsemées dans Prague ou les ghettos. Tout n'est cependant pas parfait, offrir plus d'une phrase d'ambiance aux différents PNJ ou éviter qu'ils ne la répètent en boucle aurait été avisé.
Pour compliquer les choses les accidents étranges et les attentats se multiplient, et les augmentés font de bons boucs émissaires, c'est dans cet environnement tendu, dans lequel un véritable génocide semble se profiler, qu'il faudra tenter de trouver la vérité et déjouer les différents complots à l’œuvre. Pour cela le jeu va vous donner un choix moral à faire en toute première action du jeu : souhaitez-vous tuer les terroristes de votre première mission, ou préférez-vous juste les assommer ? Votre équipement de départ en dépendra. Par la suite vous aurez de nombreux choix similaires à faire, il vous faudra choisir entre vos ordres et votre conscience, voire vous reposer sur votre instinct quand aucune réponse claire n'est disponible : est-ce que vous pouvez faire confiance à ce groupe de hackers anonymes ? Est-ce que sacrifier des vies est acceptable pour sauver le plus grand nombre ? Les dialogues sont donc particulièrement importants, ceux-ci sont raisonnablement bien faits même si les voix françaises ne sont malheureusement pas toujours terribles. Mankind Divided souffre du fait qu'il sorte après The Witcher 3, car il est difficile de ne pas souffrir de la comparaison tant le titre de CD Projekt Red a placé la barre extrêmement haut en la matière. Adam n'a clairement pas l'humour cynique de Géralt, et ses interlocuteurs semblent souvent fades et inintéressants eux aussi. Ne vous y trompez pas cependant, l'histoire est clairement passionnante, la preuve étant qu'il est difficile de ne pas prendre partie dans le débat moral et éthique, de leur côté les dialogues sont globalement bons, évitez simplement de lancer le jeu tout de suite après avoir fait The Witcher 3 : Blood and Wine.
On regrettera aussi aussi le manque d'ambition relatif du scénario, il apparaît vite évident que Deus Ex : Mankind Divided n'est qu'un épisode, une petite pièce dans une histoire immense et des complots bien plus larges, ce qui laisse clairement entrevoir des suites et des DLC. Certains ne trouveront d’ailleurs leur résolution que dans le premier Deus Ex si vous êtes curieux. Ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose mais la fin des titres précédents était d'une telle ampleur qu'il est difficile de ne pas être un petit peu déçu.
Le pays des conduites d'aération géantes
En terme de gameplay Deux Ex Mankind Divided est dans la même lignée que ses prédécesseurs, un peu trop peut-être. Nous avons ici un subtil mélange entre First Person Shooter, RPG et infiltration, en bon cyborg Adam Jensen possède une très large gamme d'augmentations possibles qui ne demandent qu'à être activées. Certaines permettent de jouer sur l'infiltration comme l'invisibilité, d'autres permettent d'être un véritable magicien hacker, capable de désactiver caméras, tourelles et robots de combat à distance via un mini-jeu, d'autres permettent de se la jouer Rambo et de foncer dans le tas toutes armes dehors. Ce gameplay très flexible est un des points qui a le plus contribué au succès de la série, vous pouvez vraiment jouer de la façon qui vous arrange et chaque obstacle peut être contourné de plusieurs manières totalement différentes. Par exemple, pour pénétrer dans une banque ultra fortifiée vous pouvez pirater la sécurité grâce à vos talents de hacker, ou passer par les égouts et les conduites d'aération après avoir démoli un mur, vous pouvez aussi entrer par devant et tuer tout le monde pour voler les cartes d’accès sur les cadavres sans avoir à être discret. Ceci dit l'infiltration est un peu trop facile car les développeurs ont tendance à abuser outre mesure des fameuses conduites d'aération : tous les placards à balais du 21e siècle n'ont pas besoin d'une conduite d'aération suffisamment grande pour laisser passer un homme adulte avec tout son arsenal. Le manque d'obstacles sérieux à l'intérieur de ces dernières, même dans des lieux réputés imprenables fait d’ailleurs un peu tâche. Il n'y a jamais de limite de temps en prime donc il est possible d’assommer les gardes un à un en laissant sa barre d'énergie se recharger naturellement.
Même si plusieurs approches sont possibles, le jeu récompense cependant davantage ceux qui font l'effort d'être discret avec des bonus d'expérience, mais aussi du point-de-vue de l'histoire. Se faire repérer par les terroristes alors qu'ils menacent de faire exploser une bombe n'est pas vraiment souhaitable après tout. De leur côté, les nouvelles augmentations viennent épicer et renouveler un peu le gameplay mais elles ne le changent pas non plus fondamentalement. Elles ont même tendance à l'appauvrir vu leur puissance extravagante. Le fait qu'elles soient aussi disponibles très tôt durant la campagne en y attribuant des points (en échange du sacrifice d'une augmentation bien moins utile) permet de rendre triviaux une grande partie des obstacles. Le Tesla par exemple permet d’assommer jusqu'à quatre gardes en même temps, à distance et sans sonner l'alarme, en le combinant au piratage à distance il n'y a plus grand chose pour vous arrêter dans bien des cas. C'est dommage car la partie infiltration est riche et intéressante, avec de nombreuses augmentations beaucoup plus subtiles qui permettent par exemple d'afficher les champs de vision ou encore l'implant oculaire pour détecter les passages secrets et les panneaux de sécurité. La barre d'énergie qui s'épuise et dont la charge maximale décroît rapidement serait une bonne limitation, s'il n'y avait pas la possibilité de stocker des dizaines de batteries et de pièces détachées pour en créer davantage.
Un autre des éléments particulièrement appréciables du jeu est la possibilité de se balader assez librement dans plusieurs grands quartiers de Prague, ces derniers regorgent de quêtes secondaires, de secrets divers et d'ordinateurs à pirater. Nous sommes encore loin d'un Open World mais il est agréable de pouvoir se lancer dans une longue série de quêtes secondaires qui n'ont rien à voir avec l'histoire principale pendant de longues heures, surtout quand cela a une influence inattendue plus tard. Les jeux précédents permettaient déjà de se balader en ville par moment, mais les choses ont été poussées un peu plus loin cette fois. Interpol qui emploie Adam risque cependant de s'inquiéter des 350 cambriolages et des multiples failles de sécurité dévoilées chaque fois que leur principal agent se rend en ville. Le jeu mérite en tout cas un bon point pour la liberté offerte au joueur sur certaines quêtes, il est parfois possible de chambouler totalement une série d'événements par erreur ou simplement par hasard. Par exemple en débarquant dans un laboratoire de création de drogue dans les égouts sans avoir fait toute l'enquête qui était censé vous y mener. Ici point de portes infranchissables et très peu de clés spéciales pour vous forcer à suivre le fil narratif, et cela contribue au charme de l'univers de Deus Ex.
Arcade et défis : Mode Breach
La vraie nouveauté de Deus Ex: Mankind Divided est le fameux mode Breach. Contrairement à ce qui a pu être annoncé, ce n'est en aucune manière du multijoueur. C'est une campagne solo parallèle à l'histoire principale, on y incarne une nouvelle sorte de hacker qui utilise les failles dans le système d'interface holographique de la plus grande banque de données du monde pour en extraire des données compromettantes (un peu comme Tron). Le gameplay est assez proche de celui du reste du jeu, avec les mêmes augmentations et mécanismes, cependant les graphismes ont un côté arcade très prononcé, et chaque phase de jeu est découpée en niveaux indépendants. Votre objectif sera d'utiliser la méthode la plus efficace possible pour extraire des données de différents serveurs tout en contournant ou en piratant tourelles, plateformes, barrières lasers et autres dispositifs de sécurité. Il sera même possible d'utiliser vos armes pour venir à bout des gardes numériques, mais comme dans le reste du jeu la furtivité prime. Cependant dans le cas présent il faudra être le plus rapide possible car contrairement à la campagne, ici il faut évacuer à temps avec son butin, et cela permet d'engranger plus de points et donc d'expérience. Il est même possible de choisir différents bonus et malus avant de lancer le niveau pour augmenter le multiplicateur. Cela donne en pratique l'impression que tous les éléments surpuissants dont bénéficie Adam Jensen ont été pensés pour le mode Breach dans lequel ils trouvent une place bien plus appropriée.
Trailer du mode Breach
Réussir des missions permet d'avancer dans la campagne Breach et de débloquer du matériel plus ou moins rare obtenu aléatoirement dans des packs. Le système est ici très similaire au multijoueur de beaucoup de jeux du genre (comme Mass Effect 3 ou Assassin's Creed). Vous pouvez donc acheter les packs avec la monnaie gagnée lors des missions et en relevant des défis, ou encore avec la monnaie "premium" achetée contre des euros. Elle n'est cependant pas nécessaire ni intrusive et c'est une bonne chose. Les similitudes avec les modes multijoueur s'arrêtent là ou presque, vous pourrez comparer votre score à celui de vos amis et prouver que vous êtes meilleur qu'eux, mais qui considérerait sérieusement que cela compte comme du multijoueur ? Dans tous les cas ce nouveau mode de jeu est assez amusant et il est possible de refaire un même niveau de plusieurs façon différentes pour accomplir de nouveaux objectifs, pour pulvériser son temps ou tout simplement pour adopter un gameplay que vous vous étiez interdit aux commandes d'Adam Jensen (maudite campagne pacifiste). Donc si vous trouviez le jeu trop facile et que vous en voulez davantage, le mode Breach est probablement fait pour vous.
En conclusion
|
|||||
Les plus et les moins |
|||||
L'univers et son ambiance | Un gameplay qui peine parfois à se renouveler |
||||
Les tonnes d'approches et d'alternatives possibles |
Quelques augmentations trop puissantes |
||||
Prague et son exploration |
Les flics et les civils qui vous abattent dans le dos pour avoir ouvert un coffre de voiture | ||||
Les choix moraux parfois subtils | Quelques bâtiments réutilisés trop souvent | ||||
Le mode Breach | Une fin qui laisse un peu sur sa faim | ||||
Bonne durée de vie | Les voix françaises pas toujours convaincantes |