Test de Song of the Deep sur PS4
Insomniac Games, studio à l'origine de licences déjantées et hautes en couleurs telles que Spyro le Dragon, Ratchet & Clank ou plus récemment Sunset Overdrive, se lance aujourd'hui dans un projet plus modeste et personnel, s'inspirant délibérément des Metroidvania. Song of the Deep propose donc une aventure sous-marine mêlant exploration, action et énigmes. Le studio californien a-t-il réussi son coup d'essai ?
Genre : Exploration / Puzzle / Action
Développeur : Insomniac Games
Editeur : GameTrust
Supports : PS4 / XONE / PC
Prix : 14,99€
We all live in a yellow submarine !
Un soir qu'il vogue en mer, le père de Merryn, habituellement parti pêcher, ne revient pas à la tombée du crépuscule. Attendant plusieurs jours et nuits au bord de la mer le retour de sa seule famille, la petite tombera de sommeil, et se réveillera le lendemain, déterminée à venir sauver son père, peu importe où il puisse se trouver. Ainsi, la jeune fille construit avec ses dix petits doigts un sous-marin de fortune, se lance à l'aventure, et roulez jeunesse.
Tel est le pitch de Song of the Deep, un prétexte plutôt efficace pour plonger le joueur dans une aventure 100% sous-marine, avec un scénario un brin poétique, et une narration en voix-off qui vous suivra tout le long de l'aventure. Rien à voir, donc, avec l'action déjantée et décomplexée d'un Ratchet & Clank ou d'un Sunset Overdrive, aux antipodes de ce que souhaite proposer Song of the Deep. Sur ce point, le projet d'Insomniac peut d'ores et déjà être félicité pour le vent de fraîcheur qu'il apportera dans la ludographie du studio. Rappelons aussi que le jeu est édité par Gamestop sous le label GameTrust, une première pour la compagnie, qui correspond en France à Micromania (magasins dans lesquels le jeu est trouvable en boîte).
Insomniac Games affectionne décidément les jeux colorés
Aimer se perdre
Comme tout bon metroid-like qui se respecte, Song of The Deep adopte une construction labyrinthique, qui dessinera les traits d'une carte plutôt conséquente. Les habitués de Super Metroid, Symphony of the Night et autres Axiom Verge seront donc en terrain connu, et le jeu reprend bien entendu toutes les mécaniques liées à la progression qui ont fait tout le sel de ce genre de titres.
Le joueur se retrouvera alors régulièrement face à des murs incassables, des voies trop petites pour être a priori franchissables, des jets de lave, de puissants courants d'eau... Autant d'obstacles qui seront impossibles à surmonter sans l'item ou l'amélioration adéquate.
Ce qu'on peut constater dès les premières heures de jeu, c'est que Song of the Deep semble s'adresser à un public méconnaissant ce genre de jeu, tant les indications sont nombreuses, que ça soit sur la carte du monde, ou tout simplement sur les façons de résoudre les différentes énigmes. Un parti pris qui peut aussi être justifié par l'orientation très esthétique et contemplative du soft, mais qui, par la même occasion, nuit à un type de jeu censé valoriser la débrouillardise de chacun, lâché dans un monde qui ne fait pas de cadeau.
Et qu'il le veuille ou non, le titre d'Insomniac souffre forcément un minimum de la comparaison avec un certain Ori and the Blind Forest à ce niveau-là, tant ce dernier réussissait à équilibrer de façon très juste expérience sensorielle avec gameplay et construction millimétrés. Malgré tout, les musiques grandioses et les environnements soignés de Song of the Deep font mouche, surtout si l'enrobage peut séduire et attirer un public vers le monde merveilleux du metroid-like, bien que certains ralentissements étranges puissent survenir de temps à autre sur consoles.
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A touché le fond mais coule encore
Mais les points forts du jeu, sans compter quelques énigmes audacieuses, s'arrêtent malheureusement là, puisque tous les éléments qui concernent les combats et énigmes du jeu (bien que propres sur le papier) sont parsemés de multiples soucis techniques, de physique, de calibrage ou encore de répétitivité.
Bien que les item récupérés au fur et à mesure peuvent apporter un petit plus aux possibilités offertes, les combats du jeu tournent très vite en rond, que cela soit au niveau des ennemis à affronter, ou des mêmes imprécisions qui se répètent sans cesse. Une onde de choc inesquivable, un mur qui ne veut pas se briser en pleine phase de course-poursuite, un système de vagues d'ennemis à affronter redondant et paresseux, des joutes qui manquent cruellement de punch... Les petits soucis qui viennent ponctuer les affrontements de Song of the Deep ne manquent pas, et il en est de même pour les boss, qui sont quant à eux ridiculement rares, et s'affrontant toujours de la même façon, à peu de chose près.
Tout le travail dans l'esthétique et l'immersion du jeu semble avoir très lourdement pris le pas sur la précision nécessaire à certaines phases. Et le constat est similaire concernant les énigmes, avec des objets et portes à la physique douteuse ou des IA étranges. De quoi générer des phases paradoxalement très injustes et frustrantes, pour un titre qui prend pourtant sans cesse la main du joueur.
Cerise sur le gâteau, le boss final du jeu sera tout aussi simple que les précédents, et la sensation de fierté habituelle en finissant un jeu s'évapore totalement, tant l'épilogue survient de façon si brutale, sans build up particulier ou idée unique pour l'affrontement final.
En finissant Song of the Deep, un goût amer subsiste au fond du palais, tant le rythme de l'aventure est globalement étrange et poussif, épuisant ses idées pourtant judicieuses jusqu'à leurs derniers retranchements. On en vient même à se demander si les problèmes du titre ne seraient pas liés à des contraintes de développements, puisque certaines fulgurances viennent parfois nous réconcilier avec le jeu (on pense aux énigmes de la tour, à base de lasers et de combinaisons de couleurs). Mais la mollesse générale des déplacements, l'imprécision des combats et énigmes, ainsi que le rythme en dent de scie de l'histoire, tombant complètement à l'eau dans les dernières minutes, sont malheureusement trop pour imprimer dans la mémoire un souvenir autre que douloureux, ou au mieux fatigant.
Les combats de boss seront vite répétitifs
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Les plus et les moins |
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Du Insomniac Games plus intimiste | Techniquement pas dingue, et ralentissements incompréhensibles sur consoles |
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Une porte d'entrée possible au Metroid-like | Physique capricieuse | ||||
Bande-son très soignée | Beaucoup de frustration, pour de mauvaises raisons | ||||
De bonnes énigmes durant le dernier tiers | Combats mous et boss ridicules | ||||
Quelques environnements sympas | Bien trop d'assistanat pour un jeu du genre | ||||
Sentiment de progression qui fonctionne | Final boss et ending complètement expédiés | ||||
Globalement répétitif et bestiaire ultra limité | |||||
Les plus petits sous-titres de l'histoire |