Test de Tokyo Mirage Sessions #FE
Atlus offre à la Wii U un RPG japonais acidulé et complètement à l'ouest, dans l'univers de la J-Pop et des chansons qui sauvent le monde.
Rave party
Toujours la même rengaine : à chaque fois qu'un J-RPG est officialisé sur le Vieux Continent, votre serviteur ne peut s'empêcher de laisser échapper un « Yabba Dabba Doo ! » de satisfaction. Comble de joie, cette fois il est question d'un jeu fusion rassemblant Shin Megami Tensei et Fire Emblem, deux grosses pointures du genre. Longtemps maintenue secrète, cette association de gens normaux s'est finalement dévoilée au cours d'un Nintendo Direct présentant un titre bien loin de ce que la communauté pouvait imaginer : sur un air de J-Pop, un ado japonais se balade dans les rues de Tokyo avant de se friter contre des ombres sur une scène de concert. Nos impressions au premier visionnage de ce trailer ? Première étape : l'incompréhension, on se demande ce qu'on vient de regarder. Deuxième étape : le déni « Non mais qu'est-ce qu'ils ont fabriqué, c'est pas possible ! ». Dernière étape : l'acceptation, car tout aussi japonisant qu'il soit, #FE reste un J-RPG créé par des équipes rompues à cet exercice délicat. Quelques mois plus tard et après 40 heures passées dans ce Tokyo contemporain majoritairement peuplé de silhouettes colorées, nous pouvons l'affirmer sans problèmes : Tokyo Mirage Sessions ne déçoit pas... Même s'il est également très loin de faire des étincelles.
SMT chez les Bisounours
Le pitch est on ne peut plus simple : des monstres provenant d'une dimension parallèle appelée idolasphère envahissent Shibuya pour d'obscures raisons. Fort heureusement, quelques adolescents acquièrent le pouvoir d'invoquer les Mirages, des entités représentant quelques personnages emblématiques de la licence Fire Emblem. La danse, le chant et le jeu d'acteur vont également jouer un grand rôle au cœur de l'histoire, puisqu'ils vont permettre aux personnages de tisser davantage de liens avec leurs invocations. Découpé en chapitres, #FE dispose d'une narration très classique à base de dialogues typiquement japonais et de moments de bravoure dignes des meilleurs shônen. Là où le jeu se démarque un tantinet de la concurrence, c'est à chaque « intermission » : ces pauses entre les chapitres vont être l'occasion pour vous de suivre les histoires secondaires des membres de votre équipe, un peu à la manière de la série Persona et de ses fameux social links. Cependant, ne vous attendez pas à tomber à la renverse d'étonnement, le scénario est plutôt convenu, même si le thème est, pour le coup, très peu exploité dans le genre du J-RPG. Tout le scénario de Mirage Sessions repose sur la J-POP et son univers : agence marketing, concerts, entraînement : l'univers dépeint est à mille lieues des canons habituels, ce qui fait à la fois sa force et sa faiblesse.
Car si les différents arcs scénaristiques peuvent être pris au second degré pour de bonnes crises de rire, beaucoup risquent de rester sur le carreau et de trouver le jeu au mieux ennuyeux, au pire horripilant. C'est d'autant plus dommageable que le jeu s'en sort très bien d'un point de vue gameplay, en proposant un dérivé de Persona (encore lui) avec des règles simplifiées. Point de gestion de démons dans #FE, mais des armes qui, une fois équipées, permettent aux Mirages d'apprendre de nouvelles compétences. En combat, le fait de trouver le point faible d'un ennemi ne donne plus le droit à un tour gratuit comme il est de coutume dans les SMT, il s'agira ici de déclencher une attaque « chain » qui fait intervenir un autre membre de l'équipe, sachant que ce dernier devra disposer de la technique adéquate pour suivre celle de son partenaire. Ce principe d'enchaînement associé à une jauge de spécial commune au trio d'attaquants permet des combats suffisamment distrayants et accessibles pour agripper le joueur des heures durant. Pour ne rien gâcher, les donjons sortent de l'aléatoire pour proposer des environnements au level-design soigné, avec quelques petites énigmes bien vues et toujours aussi originales.
Ah weaboo c'est beau la vie !
Jeu WiiU réalisé avec un budget que l'on imagine rikiki, Tokyo Mirage Sessions est un titre graphiquement tout juste honnête, sauvé de justesse par sa direction artistique colorée et son interface agréable à l’œil, une sorte de marque de fabrique des productions Atlus. Les animations manquent de punch, les effets pyrotechniques peinent à convaincre et le framerate se paie en plus le luxe de ne pas afficher un 30 images par seconde constant. Outre cette technique « petits bras », #FE enchaîne les compositions J-POP qui ne plairont surement qu'aux joueurs déjà acquis à la cause des idols. Avec un peu d'ouverture d'esprit, l'OST se laisse écouter, avec quelques thèmes originaux qui font mouche. A défaut d'être sans reproches, Tokyo Mirage Sessions a au moins le mérite d'être sincère dans sa démarche et de pousser son délire des stars super-héros jusqu'au bout. Un titre à conseiller uniquement pour les amateurs de « japoniaiseries ».
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Les plus et les moins |
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Pris au 1000ème degré, les arcs scénaristiques passent tout seul | Linéaire au possible | ||||
Un gameplay fourni et intéressant | C'est vraiment très gnan-gnan | ||||
Les fans de J-Pop vont être aux anges | Seulement quelques « clins d’œil » à Fire Emblem | ||||
De bonnes idées de level-design dans les donjons | Pas de traduction française | ||||
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Techniquement à la rue |