Est arrivé ce qui devait arriver. Voilà comment on pourrait résumer cette finale, dans laquelle la sérénité coréenne a très vite pris le pas sur la fougue nord-américaine. SKT a emporté en 6 mois tout ce qu’ils pouvaient gagner : les Worlds, les IEM, la LCK et désormais le MSI. Cette domination a mis un peu de temps à se faire ressentir au cours de cette finale, les CLG ayant bien préparé leur coup.
CLG n’avait pas les armes
C’était la première fois qu’une équipe d’Amérique du Nord arrivait en finale d’un tournoi Riot, et on peut dire que les Counter Logic Gaming ont fait honneur à leur région. Leur stratégie était bonne : utilisé le flex pick (perso pouvant être joué à plusieurs positions) d’Ekko dans la draft pour semer le doute dans les rangs SKT, et prendre le pick de Soraka ultra contesté au cours de ces phases finales.
Soraka a été pick ou ban dans toutes les parties des playoffs. Sa popularité fait suite aux « dysfonctionnements » des autres supports méta : Alistar quasiment tout le temps bannit, Trundle trop facilement contré par l'achat d'une ceinture de mercure et Braum trop faible en lane sauf contre les corps à corps. Son silence se trouve être une des meilleures armes du jeu pour contrer Ryze, champion omniprésent sur la midlane pendant le tournoi. Sans oublier son kit de soin qui peut rendre un allié presque immortel.
Le tout complété par une Poppy, un Lucian et une Nidalee donnait une compo d’escarmouche très forte en mid game. Dans la partie le plan de jeu consistait à mettre la pression sur Azir pour retarder son pic de puissance, et à prendre les tourelles extérieures rapidement afin de prendre le contrôle de la carte pour utiliser au maximum leur composition.
L'équipe Counter Logic Gaming (de gauche à droite) : Darshan, Huhi, Xmithie, Stixxay, Aphromoo
Par deux fois les coéquipiers d’Aphromoo ont essayé cette composition. Par 2 fois ils ont réussi à prendre l’ascendant sur les Coréens et à entrer dans leur temps fort en avance en gold. Mais par 2 fois ils n’ont pas su faire la différence quand ils le devaient, entre la 20ème et la 25ème minute.
La faute à un pick de Soraka mal exploité, bien trop souvent catch hors-position. Stixxay était très probablement sous pression, car il était tout le temps mal positionné en teamfight. Xmithie a brillé sur sa Nidalee, que ce soit en counter-jungle (50 creeps d'avance sur Blank dans les 2 parties) ou en contrôle de la carte (55 wards placés et 53 détruites), mais il s'est retrouvé trop limité lorsqu’il a s’agit d’affrontement en 5 contre 5.
Le manque cruel de contrôle de foule s’est également très vite fait sentir, ne disposant que du silence de Soraka, de la zone de convergence (Z) d'Ekko et du kit de Poppy. Leur stratégie en 1-3-1 avec les solo laners envoyés au bot et au top de la Faille, chacun disposant du sort d’invocateur Téléport, a aussi été mal géré, puisque qu’aucun des 2 ne pouvait tenir en duel contre le Trundle de Duke.
Les CLG ont dominé les 2 parties jusqu’au premier pic de puissance d’Azir, quand il a complété ses 2 premiers objets, Dent de Nashor et Sceptre de Rylai (à 18.25 minutes pour la première partie et à 25.07 minutes pour la deuxième). S’en ai suivi à chaque fois un teamfight ou une escarmouche mal gérée par CLG et le début du snowball SKT (environ 22 minutes pour la game 1, environ 27 minutes pour la deuxième).
Faker (au centre) soulevant le trophée (de g. à dr.) : Kkoma (coach), L.i.E.S (coach), Bengi (jungler sub), Duke (top), Blank (jungler), Wolf (Support)
Les Counter Logic Gaming ont fait des erreurs, mais auraient-ils gagné s'ils ne les avaient pas faites ? Rien n’est moins sûr tant les hommes de Kkoma semblaient sereins et sûrs de leurs forces. Et dans le sillon de Lee Sang-hyeok, aka Faker, les Sud-Coréens se sont lentement mais sûrement rapprochés de l’inéluctable.
SK Telecom : la force tranquille
Dans les 2 parties, le midlaner coréen a infligé autant de dégâts sur son Azir (34,1k et 30,9k) que les 2 carrys CLG réunis (17,8k + 14,1k et 16,3k + 20,9k). Comme bien souvent il a pris ses responsabilités, que ce soit sur le poke, ne laissant que rarement les barres de vie américaines pleines. Ou bien sur le zonning, obligeant CLG a engage dans des positions bancales, comme dans la game 2, quand SKT retourne la partie à son avantage, Ekko est tout seul au moment où il entre dans la mêlée. Et le focus qu’il force sur son champion laisse libre le Ezreal de Bang dans quasiment la totalité des teamfights (28,1k dégâts infligés dans la première partie, 30,4k dans la deuxième).
Et si par malheur l’ADC coréen venait à tomber, les CLG n’avaient plus suffisamment de ressources pour faire tomber le Trundle de Duke. Derrière, Wolf sur sa Nami a fait son travail de boost sur Bang et de désengage. Et que dire de Blank qui a été monumental en affrontements sur sa Elise, champion réputé pour être assez faible dans ce compartiment de jeu. Son travail de peel, Sceptre de Rylai associé à son Cocon (E), et de temporisation ont été remarquable.
Un cocon anodin qui va mettre fin à l'engage CLG, Ekko va se faire Oneshot, et marquera la fin des espoirs des américains de remporté cette partie
La troisième et dernière partie est le parfait reflet de cette rencontre, mais aussi de l’ensemble des BO5 disputés par SKT depuis un an et leur défaite contre Edward Gaming en finale du MSI, l’impuissance. L’impuissance des adversaires des T1 face à cette domination presque sans faille. L’impuissance contre la gestion des teamfights, des pics de puissance de chacun des joueurs et de la macro-game. L’impuissance face à une équipe qui ne cesse de s’améliorer et qui n’étanche pas sa soif de victoires.
Et tel un symbole de cette impuissance, Faker sur son Ryze a une nouvelle fois guidé les siens vers la victoire, comme lors des derniers championnats du monde.
Faker, midlaner de SKT T1, sur leur victoire au MSI (Traduction - Source) :
Chaque tournoi est un nouveau tournoi, et nous allons continuer d'essayer de remporter ces tournois.
Ce Mid Season Invitationnal a donc touché à sa fin, laissant derrière lui son lot d’enseignement : que l’écart de niveau entre les régions ne cesse de diminué, que les Wildcards n’en seront peut-être plus d’ici quelques splits, que l’Amérique du Nord n’est pas aussi faible que les légendes le racontent, que le travail est la clé du succès, et que ceux qui refuse ce constat son sacrifié sur l’autel des trolls d’internet (G2-8), que la Chine aura enfin sa « super-team » aux championnats du monde avec l’arrivée d’Uzi au sein de RNG, mais qu’à la fin, envers et contre tout, SKT ou leurs cousins coréens gagnent.
Et c’est peut-être ça le plus effrayant.
Interview des Flash Wolves |
Revivez les résultats du MSI |
Teaser pour la demi-finale des SKT contre les chinois de RNG. |
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