Mise à jour du 19 janvier 2016
Souvenez vous : dans le projet de loi du gouvernement pour une République numérique, il était précisé que le Premier ministre allait confier une mission à plusieurs parlementaires afin que ceux-ci étudient le potentiel des jeux vidéos en compétition. Cette étude devait aborder l'eSport sous un angle à la fois économique et social. Aujourd'hui, nous apprenons que Manuel Valls a chargé deux parlementaires - le député centriste Rudy Salles et le sénateur PS Jérôme Durain - de mener à bien cette mission délicate.
Si Rudy Salles a brièvement évoqué l'industrie des jeux vidéos, la considérant comme un secteur "de pointe" en France, il ne s'est pas prononcé sur la nature du cadre juridique censé "favoriser le développement en France des compétitions de jeux vidéos". Autrement dit, il faudra encore patienter avant de savoir si l'eSport français tombera sous le coup d'une loi similaire à celle qui régit les jeux d'argent, ou s'il sera assimilé, comme on l'espère, à une discipline sportive, conférant ainsi aux joueurs le statut d'athlètes de haut niveau.
Tout cela fait écho à l'amendement adopté le 12 janvier par l'Assemblée nationale. Ce texte préconisait en effet la création d'une liste de jeux, qui seraient alors, en quelque sorte, estampillés du label eSport. Les critères désignant ces logiciels sont les suivants :
- Ils doivent mettre à l'épreuve les "combinaisons de l'intelligence et de l'habilité des joueurs".
- Ils doivent mettre à la disposition des joueurs "des commandes et des interactions se traduisant sous formes d'images animées, sonorisées ou non".
- Ils doivent favoriser la "recherche de la performance physique virtuelle ou intellectuelle".
L'objectif du gouvernement semble donc bien être de distinguer les véritables jeux vidéos à caractère compétitif des jeux de hasard. Cela permettrait d'autoriser de manière officielle l'organisation de compétitions de jeu vidéo en France. Notons également que le texte parle d'un âge minimal requis pour que les joueurs participent à la compétition. Ce cadre est déjà présent dans des compétitions telles que les LCS, où il faut avoir au minimum 17 ans pour faire partie d'une équipe.
L'eSport bénéficie pour l'instant d'un statut bâtard et indéterminé, à mi-chemin entre le sport à haut niveau et les jeux d'argent. Mais le débat est lancé, et l'année 2016 pourrait bien être une charnière pour les jeux vidéos compétitifs en France.
Dans un long billet publié sur le site du gouvernement, Kayane nous parle de son parcours et de son ressenti vis-à-vis de la communauté esport actuelle. Compétitrice dans l'âme, la championne de Soul Calibur prêche évidemment pour sa paroisse en expliquant que le domaine de la compétition vidéoludique n'a pas encore eu toute la reconnaissance qu'il mérite de la part du grand public et elle assure œuvrer en ce sens.
Mais si les initiés du jeu de baston reconnaîtront sans mal celle qui a squattée le devant de la scène Soul Calibur pendant des années, c'est surtout en tant qu'animatrice de Game One que les jeunes générations connaissent Kayane, un poste loin, très loin de son parcours de joueuse émérite. Une reconversion salutaire selon elle, puisque la carrière d'un joueur professionnel est on ne peut plus éphémère :
J'étais vue comme une prodige du jeu vidéo, mais je n'ai plus les mêmes réflexes qu'à 10 ans ! On est vite rattrapé par la jeunesse. Après 15 ans de tournois, j'ai toujours la même passion, mais moins de temps à y consacrer.
En parallèle Marie-Laure Norindr, de son vrai nom, réussit brillamment ses études et entre dans une école de commerce après avoir passé un DUT en technique de commercialisation : autant dire que la jeune femme a jusqu'ici un parcours exemplaire malgré quelques difficultés liées à son genre. Comme elle l'explique dans l'article, les équipes de joueurs et de joueuses pro se constituent très souvent dans la sphère amicale, le meilleur moyen selon elle de rester cloisonné et de ne pas aller affronter le sexe opposé :
Les équipes se constituent très souvent dans le cercle d'amis et ça crée des équipes de filles d'un côté, de garçons de l'autre. C'est très rarement mixte dès le départ. Et il faut avouer que les garçons ne donnent pas leur chance aux filles, c'est très dommage !
Elle conclut enfin en évoquant l'enthousiasme particulièrement démonstratif du public français, un engouement qu'elle perçoit comme une forme de revanche des gamers, qui exprimerait alors toute la frustration engendrée par le manque de reconnaissance de leur passion. Ce long billet issue de la galerie #HistoiresdeFrance fait donc écho aux propos d'Axelle Lemaire (Secrétaire d'Etat chargé du numérique) qui souhaite que l'esport soit une pratique plus reconnue à l'avenir. Un «petit» pas vers les gamers que nous sommes certes, mais un pas tout de même.