Trois ans. C’est ce qu’il aura fallu à Ubisoft pour amener Rainbow Six : Siege à maturité. En effet, si celui-ci avait été plutôt bien accueilli par la presse et les joueurs, plusieurs points critiques sont longtemps restés en suspens : cartes buguées, interface hasardeuse, gameplay rempli de failles, serveurs aux fraises et cheaters omniprésents. Bien entendu, tout n’était pas à jeter, et il y avait un paquet de bonnes idées à explorer et à exploiter. On fait donc un petit tour du propriétaire, après deux années de vie ponctuées par les patchs, les extensions et une opération health déployée l'an dernier pour assainir le jeu.
Note : Le jeu a été re-testé sur PC, avec le jeu de base, couplé avec le season pass de l’année 2 et 87h de jeu.
- Genre : FPS Multijoueur
- Date de sortie : 1er Décembre 2015
- Plateforme : PC, PS4, Xbox One
- Développeur : Ubisoft Montréal
- Éditeur : Ubisoft
- Prix : de 14,99€ à 119,99€ suivant la version
Le Siège ne cède pas
Avant tout, un petit récap du principe du jeu semble nécessaire, pour ceux du fond qui ne suivent pas. Rainbow Six : Siege est un FPS multijoueur basé sur le principe de siège, comme son nom l'indique. Vous-y contrôlez des opérateurs d’attaque ou de défense, à tour de rôle, vous devez pénétrer la zone pour désamorcer une situation dangeureuse ou bien empêcher les forces de l'ordre de le faire.
Cinq modes sont disponibles allant de l'extraction de l’otage, à la sécurisation de zone radioactive ou encore au désamorçage de bombe. Chacun des opérateurs représente des forces d’opération de différents pays et possèdent des armes, gadgets et capacités bien différentes qui trouvent chacune leur utilité selon les situations. Charge explosive, lance grenade, détecteurs d'empreintes en passant par le bouclier tactique ou encore une tablette pirate (afin d'hacker des téléphones ou des caméras) sont à disposition pour parvenir à défendre ou attaquer les objectifs avec vos coéquipiers. Leur manière de jouer dépendra aussi de leurs statistiques de vitesse et de protection, dont l’une dépend de l’autre, un opérateur rapide aura peu de protection et vice-versa.
Les joueurs évoluent sur des cartes de taille modeste mais à la verticalité qui force le respect et aux surfaces en grande partie destructibles. C'est l'une des composantes atypiques de ce Raibow Six Siege, le moindre trou minuscule dans un mur peut représenter un danger et les possibilités de schémas d'attaque et de défense sont multipliées aussi bien par le nombre d 'opérateurs disponibles que par le côté très modelable des zones de jeu. Détruire un mur pour créer une ligne de visée ou au contraire le renforcer pour ne pas s'en soucier représentent autant de possibilités d'aborder les manches où la moindre planque est incertaine.
Le jeu possède une excellente sensation de gameplay, avec de bonnes doses d’adrénaline, autant en tant qu’attaquant que défenseur. Les déplacements lents demandent de la maîtrise afin d’être parfaitement à l’aise, le fait de ne pas pouvoir sauter rend le jeu très réaliste et R6 est bien le seul FPS où le « lean » (le fait de se pencher pour voir un petit peu plus à droite ou à gauche en ne dévoilant que sa tête) a un réel intérêt. Le grappin justifie à lui seul la verticalité des cartes et permet d’établir une menace réelle de l’extérieur du bâtiment.
Bien entendu, c’est avec une escouade complète de frères et soeurs d’armes que le jeu prend tout son sens, où la courbe de progression ne sera que meilleure, la stratégie omniprésente et où le choix des opérateurs se fera méticuleusement en fonction de la carte. Il subsiste cependant quelques imperfections liées à l’équilibrage pas aidé par le renouvellement constant de la méta. Il est également tout à fait possible d'avoir un bouclier par opérateur dans une équipe ou encore de multiplier les profils de «scan» permettant de repérer tous les ennemis régulièrement sans trop prendre de risques. Des situations parfois difficiles à contrer sans une connaissance assez poussée du jeu. Car oui, Rainbow Six Siege est un jeu qui demande beaucoup d'apprentissage avant de pouvoir profiter pleinement de l'expérience.
Venons en aux faits, tout d’abord, il faut savoir qu’Ubisoft avait annoncé dès l’E3 2015 que R6 était un jeu considéré comme “Game as a service”, un titre fait pour durer sur le (très) long terme, mis à jour régulièrement et accompagné de DLC payants (mais optionnels). Le but étant de fidéliser les joueurs et de rentabiliser le jeu sur la durée avec des contenus additionnels. Chaque "Année'" Ubisoft propose un nouveau season pass en l'échange d'une trentaine d'euros. Le jeu est donc alimenté tous les ans de deux cartes et huit opérateurs payants en plus des mises à jour et du travail constant autour des maps et des agents pour faire varier la méta. S'il est possible d'obtenir les opérateurs proposés en DLC avec les points récoltés en jeu, il vous faudra probablement passer à la caisse pour tous les obtenir sans avoir à passer de longues heures sur le jeu (comptez 22 500 points de réputation, ce n'est pas donné).
Une expérience de jeu évolutive
Parlons-en des opérateurs, ceux-ci ont vu leur nombre grimper de 20 à 36 à la fin de la deuxième année (et la troisième année débute dans quelques jours multipliant ainsi les possibilités. Ces deux années ont aussi permis de rajouter des cartes, passant d’un total de 11 à 18. Rainbow Six a pris un virage très orienté vers la compétition et l’integralité des cartes n’est pas jouable dans tous les modes pour diverses raisons.
Tout d'abord, ne soyez pas étonnés si seulement 9 d'entre elles sont proposées en compétitif, le mode de jeu suit les règles de la Pro League organisée conjointement par Ubisoft et ESL, les maps jugées non compatibles avec la pratique esportive n'y sont donc pas jouées. La sélection varie quant à elle au gré des saisons et des patchs des développeurs.
D'un autre côté, Ubisoft a décidé de purement et simplement retirer deux cartes du matchmaking compétitif mais aussi en standard pour une “limitation de données sur les serveurs” et surtout une “meilleure appréhension du jeu par les débutants” car considérées comme trop difficiles à dompter. Favela et Yacht sont donc jouables en mode solo mais jamais en multi, un comble pour un jeu qui repose en grande partie sur ses cartes et son level design. Si l'intention peut se justifier, le fait de les écarter complètement fait tiquer. La mesure est néanmoins temporaire, à priori, puisque les deux trublions devraient prochainement passer sous le bistouri dans le cadre d'un rework complet. Et oui, la vision à très longue durée n'a pas que du positif pour les joueurs.
Un modèle économique particulier pour un AAA
Malgré un départ timide, R6 a quand même su trouver son public, le garder et surtout le faire croître de façon exponentielle pour franchir le cap des 27 millions d'utilisateurs fin 2017 avec quelques 11 millions d'agents réguliers. Aujourd'hui en revanche, le ticket d'entrée pour profiter de toute l'expérience à un certain prix, 120€ pour le jeu et ses DLC. Ubisoft a donc bien été obligé de proposer des alternatives afin de ne pas créer de frein pour les petis nouveaux avec une pléthore d'éditions vendues à des prix différents :
- La Starter Edition à 14,99€ avec 4 opérateurs (6 à partir du 6 mars). Si cette solution est très abordable, il faut tout de même s’attendre à des grosses sessions de jeu avant de pouvoir débloquer tous les autres agents.
- La Standard Edition à 39,99€ avec les 20 opérateurs originaux débloqués (à partir du 6 mars). En revanche, ceux des années suivantes restent au prix fort.
- L'Advanced Edition à 49,99€ avec le contenu de la Standard Edition et divers bonus ingame.
- La Gold Edition à 79,99€ avec le contenu de la Standard Edition et le Season Pass pour l’année en cours (donc la 3ème actuellement).
- La Complete Edition à 119,99€ avec le contenu de la Standard Edition ainsi que les 3 Seasons Pass.
A partir du 6 mars, date de lancement de l'année 3, comme les opérateurs DLC deviennent majoritaires en nombre, tous les agents originaux seront débloqués par défaut à partir de l'édition Standard. Seuls les opérateurs des différentes extensions seront à débloquer grâce aux points de réputation ou votre chère carte bleue. Une excellente nouvelle en plus du déblocage de l'intégralité des accessoires sur toutes les armes et toutes les éditions pour faciliter la vie des nouveaux arrivants sur le jeu.
Un mode en ligne assaini
Comme dit plus haut, R6 était victime de pas mal de soucis, de bugs, de problèmes d’équilibrages en 2015. Chaque mise à jour a essayé d’appliquer des rustines sur ce pneu assez troué qu'était R6, à commencer par le réglage (tout récent) du Tick Rate à 60 Hz dans le cadre d'une opération Health qui est venu assainir l'expérience en ligne à grands coups de défibrillateur. En résumé, il s'agit de la fréquence à laquelle le serveur rafraîchit ce qu’il se passe dans une partie, une composante essentielle apportée avec tout un tas d'autres changements qui permettent à Rainbow de jouer dans la cour des grands sur le plan technique. Une opération qui est venue chambouler totalement le planning des sorties des opérateurs, sous couvert de l’urgence de cette mise à jour. "Soigner” R6, en réglant un bon nombre des hit boxes, du spawn killing, les problèmes de son et même le moteur du jeu, qui prend un petit lifting et une meilleure optimisation sur les machines. Un indispensable qui est venu un petit tard, plus d'un an après la sortie.
Un dernier point sera attribué à l’un des plus gros problème existants sur ce jeu : la triche. Comme il est coutume depuis bien longtemps sur PC, les softs multijoueur peuvent assez facilement être bidouillés et bon nombre de “trainer” sont partagés ou vendus afin de donner diverses capacités surhumaines (aim bot, wall hacking, invincibilité etc.). Pour y pallier, Ubisoft a décidé d’utiliser un logiciel maison nommé BattleEye. Un œil censé analyser les parties et les dossiers des joueurs, afin de repérer et bannir les petits malins pris la main dans le “sac de triche”. Celui-ci avait d’ailleurs fait du bon ménage lors de son déploiement mais, pour autant, il n’est pas rare de tomber en face de personnes louches, qui comptent parfois un peu trop d’informations à notre goût, ou dotés de réflexes sortant un petit peu trop de l’ordinaire. Après quelques recherches, il se trouve qu’encore un bon nombre de « trainer » jugés efficaces par les utilisateurs tournent encore sur le net. Du fait de sa jeunesse, BattleEye a encore beaucoup à apprendre et doit évoluer pour espérer faire concurrence à un système aussi mature que le V.A.C de Valve. Surtout qu’Ubisoft, dans un élan de confiance, a littéralement retiré toute autre option de signalement pour comportement suspect, jugeant BattleEye suffisamment efficace pour repérer le moindre faux pas des tricheurs. Quoi qu’il en soit, nous avons eu notre petit lot de parties ruinées par la présence néfaste des contrevenants.