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Les mains frappaient les tambours à un rythme lourd et régulier. Les bras se levaient et s’abaissaient, tranchant la peau et fracassant les os. Les lames se coinçaient entre les plaques d’armures, les incantations fusaient de tous côtés, renversant barricades, hommes et chevaux. Les cavaliers s’élançaient à travers la plaine s’attaquant aux flancs des armées et perçant leurs rangs.
Demacia tenait.
Demacia retenait son souffle.
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Fiora tourbillonnait à travers les rangs, sa lame détruisant les assauts et son corps esquivant les attaques. Elle semblait intouchable à travers cette mêlée d’épées et ce maelstrom d’acier. Ses ennemis eux, s’effondraient.
- Aucun challenge, lâcha-t-elle après avoir terrassé son dernier adversaire.
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Grand, puissant, ses cheveux étaient reliés en une seule natte noire dans son dos. Ses yeux vifs scrutaient Fiora, vérifiant ses appuis et son positionnement. Il tendit la main dans son dos et en tira une lame courbe de taille moyenne, doté d’une garde ronde. Moins d’allonge qu’une rapière, mais plus de puissance nota la bretteuse.
- Commençons, déclara-t-il en s’échauffant les épaules.
Artwork de League of Legends par raikoart
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Jarvan tituba, mais Xin Zhao l’empêcha de se diriger vers le champ de bataille :
- Non mon prince, vous ne vous en approchez pas, déclara-t-il le souffle court. Vous n’êtes pas en condition pour aller affronter ce qui est dehors.
- Ce sont mes soldats qui meurent dehors, mon peuple ! dit-il en pointant le champ de bataille du doigt. Je dois me battre, les défendre ! Quel roi ferais-je si je me défile ? siffla-t-il.
Il tenta de s‘avancer, mais Xin le bloqua une nouvelle fois.
- Vous êtes faible, le repoussa-t-il. Reposez-vous.
Jarvan voulut le dépasser, mais Xin le retint par le bras et lui fit une clef de bras. Il se tourna vers deux gardes postés non loin de là.
- Vous, ramenez le prince à sa tente et empêchez-le d’en sortir, quel qu’en soit le coût.
Les deux hommes hochèrent de la tête, ramassèrent le prince héritier et se dirigèrent vers la tente de commandement.
Xin ramassa sa lance, essuya son front perlé de sueur et se mit lentement à se diriger vers la plaine et la mort qui l’y attendait.
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À l’écart des combats, Swain et ses officiers observaient les combats, notant l’évolution des assauts orchestrés par l’armée noxienne : situés sur une colline en surplomb du combat, ils avaient une vue imprenable sur la bataille qui s’y déroulait. Swain se tourna vers ses hommes :
- Kazar*, appela-t-il.
- Oui, Haut Commandant ?
- Lâchez-le.
Kazar blêmit, s’inclina rapidement et se retira.
Artwork de League of Legends par nProx-pec
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Garen plissa des yeux. Il semblait voir une forme au loin, et on arrivait à distinguer des rugissements à travers la plaine. Petit à petit, tous les combats s’arrêtèrent et les cris cessèrent. Même les mourants retinrent leur respiration. Le silence régnait sur les plaines de Kaladoun*.
Un rugissement fit trembler l’air. Le sol se mit brutalement en mouvement. Les hommes de Noxus s’écartèrent, non ils fuirent se corrigea-t-il, pâles comme la mort, la terreur prenant masque sur leurs visages.
Puis Garen la vit. Une chose immense, grise comme la pierre et monstrueuse, ayant les enfers pour visage et la mort pour arme. Une fois devant l’armée demacienne, elle marqua une pause. Assez longue pour que les soldats doutent de l’action à exécuter, assez courte pour qu’ils ne comprennent pas clairement. Puis elle chargea. Le corps en avant, elle balaya l’armée demacienne comme des poupées de chiffons, écrasant leurs corps et détruisant leurs espoirs. Elle se saisissait de leurs crânes et les broyaient entre ses mains immenses, arrachait leurs membres et les jetaient au loin, tandis que l’armée noxienne chargea elle aussi à sa suite en hurlant. De courage, de peur ou de dégoût, nul ne le savait.
Garen observait, impuissant, le carnage que produisait la bête au sein de ses rangs, ne sachant quelle décision prendre. La Force de Demacia était perdue.
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La bête atteignit le camp demacien, arrachant les tentes et explosant les murs en bois. Les projectiles pleuvaient tout autour de lui, mais rien ne semblait l’arrêter. Le corps hérissé de flèches, elle continuait imperturbablement son œuvre de destruction. Un homme pâle comme la mort se dressa devant elle et voulut l’arrêter avec sa lance, mais la bête le balaya d’un revers de la main, l’envoyant s’écraser sur les murs en pierre de la cité.
Elle s’arrêta. Les murs… La bête prit son élan, et se jeta contre les murailles de Demacia. Rien ne craqua. Rien ne se brisa. Elle lâcha un grognement désapprobateur, puis se dirigea vers une autre cible.
Sa vitesse et sa force brisèrent les portes de Demacia, les faisant s’envoler à travers l’allée centrale. La bête ne s’arrêta pas là et continua de foncer à travers la cité, détruisant les étalages, défonçant les bâtiments, et écrasant les hommes. Recouvert de sang et de flèches, la bête hurla. Elle détruisit les statues, renversa les piliers, et fit s’effondrer des temples. Puis s’arrêta.
Une femme se tenait devant elle. Ses cheveux s’agitaient dans le vent et un instrument flottait, juste devant elle. Elle n’articula pas un mot, n’esquissa pas un geste. Mais les mots qui surgirent de son instrument détruisirent la charge. La bête se mit à respirer plus lentement, s’arrêta de bouger et tomba à genoux. Puis, elle s’écroula.
Sona regarda sa cité. Tout était brisé, éclaté.
Demacia sombrait.
Demacia était.
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