On a vu les Fnatic rouler sur la concurrence avec une facilité déconcertante et inédite en LCS, mais l'analyse de leurs parties récentes montre certains schémas qui peuvent être exploités par Origen. Comme Rekkles l'a souligné à l'issue des demi-finales, rien n'est encore joué.
La phase de sélection des champions
C'est effectivement dans cette phase que l'on verra le premier affrontement, Origen la maîtrisant bien mieux que les Unicorns of Love – on se souviendra que ces derniers avaient laissé Elise, Sivir et Shen à Fnatic lors de la première manche, erreur impardonnable dans la méta actuelle à ce niveau de la compétition.
D'un côté, Fnatic ne semble pas toujours s'embarrasser de bans visant les champions génériques de la méta et préfère s'attaquer directement aux champions de confort des joueurs les plus dangereux de l'équipe adverse. Dans le cas des Unicorns, c'est bien évidemment Power of Evil qui avait été ciblé systématiquement, mais Origen peut se targuer de proposer trois menaces potentielles et il sera difficile de toutes les neutraliser d'office.
Les champions contestés par les deux équipes seront certainement Viktor, Elise, Alistar, Shen, Rumble et Kalista. Côté Fnatic on peut s'attendre à des bans de Varus qui semble leur poser des problèmes au vu de leurs bans récents, et de Thresh qui fut banni contre Origen au cours de leurs deux dernières confrontations. Il est probable que Fnatic essaie de priver Amazing de Gragas (sept picks sur la saison pour 71% de victoires) pour le forcer sur une Rek'Sai avec laquelle il apparaît moins dangereux (5 picks pour 60% de victoires). Enfin Vayne semble être le champion de prédilection de Niels, et il est possible que Fnatic ne souhaite pas lui donner l'opportunité de jouer ce champion capable de renverser une partie à elle seule.
Mais Origen garde des atouts dans sa manche, notamment avec un pick ou ban quasi certain de Sivir qui semble être la pierre angulaire des compositions Fnatic puisqu’elle fut choisie au premier tour lors des trois manches contre les Unicorns of Love – bien que cela fut aussi pour neutraliser le seul champion sur lequel Vardags semblait dangereux. Le choix de Olaf est particulièrement prisé par les champions en titre, qui est en plus un « flex pick » pour eux (note : champion susceptible d'occuper plusieurs rôles différents, par exemple Lulu) puisque Reignover comme Huni sont capables de le jouer ce qui rend leur phase de sélection d'autant plus imprévisible. Un bannissement du viking de Freljord serait peut-être intéressant du côté Origen.
Certains champions comme la Ahri de xPeke, la Riven de Huni, le Fizz de sOAZ ou encore le Azir de Febiven viendront eux aussi jouer un rôle dans la phase de sélection, mais n'en seront a priori pas des acteurs de premier plan.
Ne pas laisser Fnatic développer son jeu
Comme mentionné dans la première partie, les Fnatic sont les maîtres de la vision, aussi bien pour faire la lumière sur la carte que pour forcer leurs adversaires à jouer à l'aveugle. Cependant, si leur contrôle de la carte est en apparence impeccable, il y a néanmoins certains défauts qui pourraient se transformer en ouvertures intéressantes pour les Origen.
La toplane apparaît comme le point névralgique de la stratégie de Fnatic au cours des premières phase de la partie. Le toplaner coréen aime jouer très agressif, et souvent au mépris du danger en se reposant sur le contrôle apporté par Reignover. Mais comment celui-ci réussit à apporter cette sécurité apparente ? À bien y regarder, on peut remarquer que la prise du premier carapateur par Reignover fut systématique sur l'ensemble des trois manches contre UoL. Si ce détail peut paraître anodin, c'est en fait la clé du style de Huni dans les premières minutes de la partie et donc un objectif qui mériterait d'être contesté. | |
Le carapateur |
Neutraliser Huni en début de partie pourrait être une bonne piste pour Origen, ce qui permettrait de plus à sOAZ de prendre un ascendant qui se révélerait crucial si ce dernier cherche à splitpush, puisque Huni se retrouverait bloqué dans un duel qu'il n'aurait plus les moyens de remporter.
Ensuite, comme pour toute équipe digne de ce nom, la stratégie de Fnatic comme celle d'Origen passe par le contrôle de la carte et la vision. À y regarder de plus près, la prise de contrôle de Fnatic suit une procédure quasi-systématique : entre la sixième et la septième minute, après le premier retour à la base de Reignover, celui-ci souvent assisté de YellOwStaR, s'invite dans la jungle adverse et y pose plusieurs balises. La prise de vision est en priorité du côté de la botlane, pour permettre à la fois à Rekkles de farmer seul pendant que YellOwStar peut commencer à aller aider ses alliés, et pour amener à un éventuel dragon en toute sécurité. Si la situation le permet, l'intrusion se fait simultanément dans les deux côtés de la jungle (par exemple lors de la deuxième manche contre UoL), mais cela nécessite que YellOwStaR ait pu faire un retour à la base en toute sécurité.
Comment empêcher l'étau Fnatic de se resserrer si tôt dans la partie ? Soit en attendant cette intrusion à ce moment précis, qui peut être punie puisqu'elle se fait généralement sans l'appui des sources de dégâts, soit en appliquant une forte pression sur la botlane ce qui forcerait YellOwStaR à rester avec Rekkles.
Enfin il peut être intéressant de laisser Fnatic faire son tour habituel pour venir simplement poser quelques balises de vision juste après, afin d'anéantir cet effort en détruisant les balises de Fnatic. Ce timing est en tous cas quelque chose qui pourrait être exploité par Origen, à eux de trouver la réponse adéquate.
Conclusion
Cette finale s'annonce déjà comme la plus belle rencontre de la saison, et certainement comme le premier vrai test de Fnatic à l'approche des Championnats du Monde. Si la tâche s'annonce difficile pour Origen, elle n'est pas insurmontable et le jeu de Fnatic montre encore quelques légères failles susceptibles d'être exploitées en début de partie. Par contre si les Fnatic réussissent à imposer leur rythme, leur supériorité en teamfights risque d'être difficile à gérer pour les Origen.
La toplane et le contrôle de la vision seront les points clés de cette finale, et si une équipe en Europe peut désamorcer la machine Fnatic, c'est bien celle de xPeke. Il sera donc intéressant de regarder les réponses que va apporter Origen, aussi bien dans la phase de sélection des champions que dans le jeu, et il y a fort à parier que cette finale sera plus disputée que la demi-finale contre les Unicorns of Love.