Si les deux équipes ont eu un parcours différent, elles conservent néanmoins un style de jeu similaire – propre à la plupart des équipes dominantes des différentes compétitions. Leur line up permet dans les deux cas de proposer trois joueurs susceptibles de prendre la position de carry, selon les besoins de leur composition et le déroulement de la partie.
- Le carry AD, Rekkles comme Niels, est souvent laissé à son sort dans les premières phases de la partie pour permettre au reste de l'équipe de s'adonner aux joies des escarmouches. Leur rôle devient plus significatif à partir du milieu de la partie en tant que source de dégâts constante, mais ils n'occupent pas le devant de la scène contrairement à ce qu'on peut voir dans des équipes comme Copenhagen Wolves ou Gambit, et sont plus « l'épine dorsale » de l'équipe comme l'a souligné Rekkles. De la même manière, les deux midlaners restent en retrait en ce qui concerne le développement du jeu des deux équipes, mais prennent toute la mesure de leur rôle une fois les premiers affrontements amorcés. L'un comme l'autre n'hésite pas à décaler rapidement pour apporter du soutien, comportement qui pouvait parfois faire défaut à xPeke en début de saison
- À l'inverse le toplaner est une menace permanente, et avec un style cette fois légèrement différent : si Huni est reconnu pour ses interventions retournant les teamfights et invariablement ponctuées des acclamations des supporters Fnatic, sOAZ apporte une phase de lane dominante et remplit souvent un rôle de split pusher qui lui convient à merveille. Cette lane sera celle à surveiller en priorité, le comportement agressif des deux joueurs et leur panel de champions varié donneront certainement lieu à des affrontements intéressants.
- Enfin le jungler et le support, qui agissent de manière identique dans les deux équipes : comme souligné dans notre précédente analyse d'Origen, Amazing et Mithy travaillent de concert pour orchestrer les agressions de l'équipe de xPeke, au même titre que Reignover et YellOwStar qui parcourent la carte main dans la main en recherche de leur prochaine proie. Si l'objectif est de rapidement prendre le contrôle de la carte, les deux équipes ont des manières différentes d'opérer que l'on abordera dans la deuxième partie.
Cette relative symétrie dans le style de jeu s'exprime aussi dans les chiffres. Si l'on regarde l'attribution des ressources, on remarque que l'équipe Fnatic a une approche plus équilibrée et moins centrée sur les carrys, expliquée notamment par leur meilleur contrôle des objectifs et notamment du baron Nashor (1,5 Baron par partie, 83% de prise du premier Baron) qui tend à lisser la répartition de l'or.
En termes de dégâts, Origen semble se reposer sur xPeke (35% contre 31% pour Febiven) quand Fnatic n'hésite pas à donner les clés de la partie à Huni (25% contre 18% pour sOAZ). Il faut néanmoins tempérer cette statistique par le style des deux toplaners expliqué plus haut : sOAZ étant souvent utilisé comme menace de splitpush alors que Huni cherche avant tout à apporter son soutien en teamfights, ce dernier est plus susceptible de faire grimper ses statistiques de dégâts par son implication plus fréquente dans les combats.
Distribution des ressources et répartition des dégâts infligés
Quelques chiffres intéressants complémentaires
Le contrôle de la vision est le point fort de Fnatic, point que l'on détaillera par la suite, avec 3,24 balises posées par minute (b.p.m.) contre 3,08 pour Origen, ce qui traduit l'effort plus important fourni par YellOwStaR (1,30 b.p.m.) et Reignover (0,94 b.p.m.) dans ce domaine comparativement à Mithy (1,22 b.p.m.) et Amazing (0,84 b.p.m.). De plus, le support français peut se vanter de sa faculté à plonger l'équipe adverse dans l'obscurité, avec 0,37 balise détruite par minute, soit le meilleur score des LCS et le double de celui de Mithy.
Enfin un retour sur les demi-finales, où l'on notera l'inversion des rôles en termes de dégâts puisque Niels et Rekkles sont venus prendre la première position de leur équipe (29% et 32% respectivement) au détriment des midlaners, Febiven n'ayant infligé que 21% des dégâts de son équipe – statistique surprenante, mais partiellement expliquée par son choix de Lulu pour la troisième partie.