Mise à jour du 6 octobre : Menacé de poursuite judiciaire par Cloud Imperium Games, The Escapist répond aux exigences de Chris Roberts et demande à pouvoir enquêter auprès des employés de son studio. Chaque jour, un nouveau chapitre qui entoure la polémique Star Citizen créée en partie par le site The Escapist s'écrit. Cette fois, le site d'actualités remet la balle dans le camp du développeur avec une proposition de reportage au sein de CIG en bonne et due forme :
Depuis la publication de l'article, nous avons été contactés, et sommes en train d'interviewer, des sources additionnelles corroborant certaines des allégations reportées. De plus, si Monsieur Roberts offre à The Escapist de rencontrer les développeurs et voir comment l'on peut créer l'un des «jeux PC les plus ambitieux», nous accueillerions cette proposition à bras ouverts afin d'apporter au public suffisamment d'informations pour qu'il puisse en tirer ses propres conclusions.
Il est clair qu'un reportage de ce type serait à même de proposer quelques réponses aux gens que le projet Star Citiizen laissent sceptiques. Si Chris Roberts venait à refuser cette rencontre, les doutes qui entourent le jeu pourraient alors enfler : si CIG n'a rien à cacher, il n'y a aucune raison que les employés ne puissent être interrogés par quelque journaliste. La suite au prochaine épisode.
Mise à jour du 5 octobre : Très remonté par l'article de The Escapist publié il y a quelques jours, Cloud Imperium Games monte au créneau et menace de poursuivre le site d'actualités en justice si des excuses publiques ne sont pas rendues. D'après l'avocat de Cloud Imperium Games, des passages entiers de l'article, répétés ensuite dans le podcast du site, se basaient sur des reviews du jeu postées sur Glassdoor.com ; il était donc impossible pour l'auteur de l'article de vérifier ses sources, ce site ne proposant pas de système de messagerie à proprement parler. Suite aux accusations, plutôt graves, portées dans le fameux papier de Lizzy Fennigan pour The Escapist, CIG demande des excuses publiques au site et à sa maison-mère, Defy Media :
Nous vous demandons par la présente, en tant que personne responsable, de :
- Vous excuser personnellement auprès de Madame Gardiner et de notre responsable des ressources humaines pour l'état de détresse émotionnelle dans lequel vous les avez plongés en ne respectant pas l'un des devoirs les plus basiques du journaliste, à savoir rendre un reportage équitable et juste.
- Publier des excuses publiques sur votre site, avec une rétraction de l'article mis en cause, du moins jusqu'à ce que lumière soit faite sur la manière douteuse employée pour le réaliser.
- Engager une équipe d'indépendants qui enquêteront sur les circonstances qui ont mené à la création et à la publication d'un tel article.
Si tous ces critères n'ont pas été remplis avant ce soir, alors CIG engagera une action en justice aux Etats-Unis et au Royaume Uni contre The Escapist. Interrogé par Game Informer, The Escapist n'a pour le moment souhaité faire aucun commentaire sur cette affaire.
Mise à jour du 2 octobre : D'après un long article publié dans The Escapist, il semblerait que Star Citizen soit encore plus dans la mouise que ce que nous croyions : le projet n'aurait plus que 8 millions de dollars en caisse sur les 90 millions engrangés au cours de sa campagne de crowdfunding. C'est en tout cas ce qu'affirment plusieurs sources très proches du projet et qui critiquent elles aussi le trop plein d'ambition de Chris Roberts. Selon ces mêmes sources, il s'agirait d'un dirigeant, impulsif, agressif et incapable de contrôler ses émotions, quitte à déclencher des disputes avec ses employés.
En manque cruel de liquidités, CIG serait en train de supprimer de nombreux emplois pour faire des économies, alors même que l'article précise qu'une partie de cet argent aurait servi à payer des biens immobiliers au couple Roberts. Rhabillé pour l'hiver, le papa de Wing Commander n'a donc pas laissé le meilleur des souvenirs à ces ex-employés, qui prétendent avoir travaillé sur une publicité et non sur un jeu. L'un d'entre eux compare le projet Star Citizen au quatrième de couverture d'un livre : « Vous prenez un livre et quelle est la première chose que vous faites ? Vous lisez le quatrième de couverture. le dos du livre est la meilleure partie puisque vous pouvez vous projeter dans l'expérience que vous allez vivre. Cependant, le livre n'est jamais aussi bon que ce que vous l'espériez».
Des déclarations à prendre avec d'énormes pincettes, ces témoignages provenant du site Glassdoors, une plate-forme australienne permettant de converser tout en gardant l'anonymat. Il pourrait donc tout aussi bien s'agir de détracteurs du projet pharaonique de Chris Roberts, on se souvient d'ailleurs que ce dernier avait déjà été menacé par Derek Smart il y a quelques semaines, un développeur indé un brin tatillon lorsqu'il s'agit de Star Citizen.
Première publication le 22 août : Fort d'une campagne de crowdfunding au succès sans précédent, Chris Roberts et ses équipes promettaient alors une sortie du jeu pour la fin de l'année 2014. Seulement, le budget colossal atteint par Cloud Imperium Games fit tourner la tête au studio qui revit évidemment ses ambitions à la hausse. Le projet se mit alors à empiler les features comme un château de cartes et c'est d'ailleurs précisément ce à quoi le grand public pense lorsque l'on évoque Star Citizen aujourd'hui : un agglomérat de promesses qui risque de s'écrouler du jour au lendemain. Car même si cette attente est nécessaire à CIG pour atteindre ses ambitions, elle provoque aussi la circonspection des joueurs qui se demandent si tout ça n'est finalement pas que du flan.
Aujourd'hui, Roberts prévoit de sortir la version commerciale du jeu pour fin 2016, tandis que Star Citizen est désormais livré morcelé en modules. Pour le moment deux modules sont sortis (hangar et dogfight), ce qui devrait bientôt évoluer avec l'arrivée prochaine du module social et du module FPS... Du moins ça, c'est selon le plan des développeurs, et l'histoire nous a déjà prouvé qu'il fallait prendre ces dates avec de grosses pincettes. Finalement, ce qui semble faire copieusement ralentir le développement du jeu est tout simplement l'avant-gardisme de Chris Roberts, avec des idées de mécaniques irréalisables avec la technologie actuelle ou qui ne seyent tout simplement pas à l'expérience de jeu que Star Citizen est censé délivrer. Dans les colonnes de Kotaku, d'anciens employés témoignent, sous couvert d'anonymat : à un moment du développement, Chris voulait intégrer le fameux « casque-interface », seulement il souhaitait que le fameux équipement ne soit pas donné tout de suite au joueur, qui se serait donc retrouvé sans menu pendant une partie de son aventure.
L'équipe de développement s'est logiquement opposée à cette décision en arguant que sans possibilité d'accéder à une interface, ce dernier se sentirait tout simplement perdu. Roberts insista et l'équipe se mit alors à travailler sur cette fonctionnalité pendant des semaines, pour finalement par la voir annulée après que le game director se soit aperçu que cela ne fonctionnait tout simplement pas dans le cadre de Star Citizen. Le fondateur de Cloud Imperium Games sonne un son de cloche différent dans cette affaire : il aurait balayé cette feature tout simplement parce que le joueur a besoin d'un menu pour choisir son vaisseau en Arena Commander et donc d'une interface, du coup, la simulation de Dogfight se lancera depuis un pod prévu à cet effet placé dans le hangar.
Alors que ces ex-employés pointent du doigt les trop nombreuses mécaniques ajoutées puis retirées du projet, lui se défend en expliquant qu'il s'agit d'un processus tout ce qu'il y a de plus banal au cours de la création d'un jeu aussi gigantesque que Star Citizen. Cependant, deux développeurs vétérans pensent que cette situation n'est pas normale et que le comportement de Chris Roberts cause des complications au développement du jeu. Le meilleur exemple de ce trop-plein d'ambition reste le fameux module Star Marine qui ne cesse de prendre du retard à cause d'animations à revoir sans cesse. Concrètement, Roberts tient absolument à ce que les animations en vue FPS soient les mêmes que celles en vue TPS, ce qui a poussé les équipes à refaire entièrement le squelette de l'avatar sept fois. Toujours dans les colonnes de Kotaku, ces deux sources indiquent que l'amour de Chris Roberts pour les concepts ultra-novateurs prend très souvent le pas sur le travail concret.
Même si l'on espère évidemment que le jeu saura tenir toutes ses promesses, il y a tout de même de nombreuses raisons de s'inquiéter : entre les longs moments de flottement entre les mises à jour majeures, les délais non-respectés et un jeu qui semble tout simplement trop gros pour notre époque, bien chanceux celui qui peut prédire si le nouveau projet du papa de Wing Commander nous enverra au septième ciel ou en plein cœur d'un trou noir.