C'est toujours la même chose avec les LCS américaines, CLG déçoit ses fans aux Playoffs, Curse/Liquid finit quatrième, pendant que Team Solo Mid et Cloud 9 se retrouvent en finale. Comment ? Cloud 9 ne participe pas aux Playoffs ? Team Liquid arrive favori pour la première place ? Team Solo Mid risque de se faire éliminer dès les quarts de finale ? Rien ne va plus ! Il ne manquerait plus que CLG arrive en finale...
Mais c'est bien TSM qui nous intéresse ici. Alors que Locodoco et ses troupes ont affiché une forme olympique sur les onze premières semaines avec neuf victoires pour deux défaites, la fin de saison a pris une allure de descente aux enfers avec cinq défaites en sept matches. L'équipe la plus populaire du serveur nord-américain n'est jamais apparue aussi fébrile depuis plusieurs années, après quasiment trois ans de finales de Playoffs pour trois titres de Champions. Les situations de crises se succèdent, les joueurs étant critiqués tour à tour pour leurs performances individuelles sans que l'équipe ne remette en question les fondamentaux de son style de jeu.
Team Solo Bjergsen, les limites d'un modèle usé jusqu'à l'os
Comme souvent pour les équipes de League of Legends modernes, c'est le toplaner qui a été la cible des premières critiques. Déjà pointé du doigt pour ses performances aux MSI où les équipes internationales avaient tiré parti de la vulnérabilité du joueur hawaïen, Dyrus semble être le bouc émissaire parfait des « fans » de l'équipe TSM. La stratégie de laisser Dyrus seul et sans ressources sur son îlot était facilement exploitée par l'équipe adverse, qui finissait par prendre un avantage irrattrapable malgré les efforts de Bjergsen sur la midlane. Qui dit joueur vétéran dit – du moins dans le monde de l'eSport – joueur proche de la retraite ou lessivé, en tous cas c'est souvent un raccourci facile fait par la communauté prompte à jeter aux oubliettes leurs idoles d'antan. Avant la saison d'été, les sarcasmes allaient bon train. L'ire des observateurs mués coachs providentiels de TSM s'était dirigée vers Santorin, accusé de laisser son toplaner martyr se faire exécuter sans le moindre battement de cils. En réponse à ces critiques, la stratégie des champions du Spring Split a évolué pour tenter de rendre visite à la toplane, dont le rôle est devenu prépondérant dans la méta moderne.
Dyrus, toplaner de TSM
Pour boucler la boucle, c'est Wildturtle qui a été mis au pilori, Reginald faisant une nouvelle fois une démonstration de son management musclé en engageant Keith menaçant de remplacer son carry AD historique en cas d'absence de remotivation. Malgré une partie du « Toucan » en LCS, c'est bien le lunatique Wildturle et son jeu aussi imprévisible qu'irrégulier qui est resté titulaire, ne faisant pas taire ses détracteurs pour autant.
Malheureusement le jeu de TSM ne convainquait toujours pas. Malgré des performances excellentes de Bjergsen sur la midlane et de très bonnes prestations de Lustboy, l'équipe semblait encore une fois se reposer uniquement sur leur midlaner danois. TSM, plus que toute autre équipe américaine, concentre ses ressources sur la midlane qui absorbe 27,2% de l'or de son équipe (encore une fois en première place de sa league), soit une quantité d'or gagné par minute seulement dépassée par les deux midlaners chinois de TiP et Ninja, récemment arrivé chez TDK.
Néanmoins cette concentration des ressources semble être une nécessite plus qu'un choix stratégique pour Team Solo Bjergsen, puisque ce dernier représente à lui seul 42,5% des dégâts de l'équipe sur cette saison soit le score individuel le plus élevé toutes compétitions confondues. Certes l'assistance qu'il reçoit l'aide à briller, mais sa phase de lane est elle aussi au-dessus de ses concurrents qu'il semble surclasser systématiquement avec un différentiel de 161 d'or à dix minutes, meilleur score parmi les midlaners de sa région.
Les barres grises correspondent à la moyenne NA.
Bjergsen est donc le seul investissement rentable de l'équipe, qui met tous ses œufs dans le même panier à chaque partie : si son joueur phare prend le contrôle de la partie – et fort heureusement il en a la capacité – TSM peut développer son jeu. Mais si au contraire leurs adversaires réussissent à museler le jeune Danois, il ne reste généralement plus d'atouts dans la manche des joueurs de Reginald pour s'en sortir.
Depuis ces déboires, aucun des problèmes ne semble avoir été réglé et le bateau TSM continue de voguer tant bien que mal malgré des trous béants dans sa coque. Chaque joueur est tour à tour la cible de critiques, et Santorin s'est depuis enfermé dans sa jungle pour protéger son KDA sans que personne ne puisse l'en faire sortir, affichant la plus faible participation aux dégâts de son équipe de tous les junglers de la ligue (9,9%).
L'organisation dans son ensemble semble en pleine remise en question, Reginald ayant décidé de prendre la place de coach suite à des divergences de points de vue entre Locodoco et ses joueurs : rien ne va plus chez TSM et Bjergsen semble être l'ultime espoir de la plus grande écurie nord-américaine. La pression est-elle trop importante pour le jeune danois ? Peut-être pas, d'autant plus qu'il est maintenant un joueur confirmé entouré de vétérans qui sont passés par d'autres situations de crise. TSM a souvent abordé des phases de BO5 en étant sur la pente descendante en apparence, mais l'expérience de l'équipe et la préparation en amont des phases finales a toujours su faire la différence jusqu'à présent. Rien n'est plus dangereux qu'un animal blessé, et Bjergsen et sa bande n'ont pas encore dit leur dernier mot.