La saison régulière est terminée. Fini l'échauffement, place aux choses sérieuses. Après la course de fond que représentent les quatre-vingt-onze confrontations de ce segment estival, six équipes vont poursuivre leur rêve de victoire sur l'Europe. Mais ces playoffs sont également très importants pour la qualification au Mondial 2015. Les hostilités débuteront les 8 et 9 août pour quatre équipes, afin d'espérer arriver en demi-finale où les attendent Fnatic et Origen. Étant donné le format totalement différent des 9 semaines de LCS, quelles sont les chances de chacune des formations ? Que pouvons-nous attendre de ces 30 joueurs, de ces 6 coachs et de ces potentiels 30 parties ? Éléments de réponse.
L'Ogre
Fnatic |
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Fnatic. 18-0. La domination de cette équipe sur son championnat en ce segment estival ne trouve d'égal qu'en Orient. L'histoire est belle et un nombre incalculable de fans invétérés imaginent déjà la fin si fort qu'elle paraît déjà évidente à leurs yeux. Si l'optimisme de certains concernant le Mondial peut - et doit - être remis en question, nul ne doute que Fnatic a toutes les armes de son côté pour s'imposer une seconde fois consécutive - et une 5e fois dans son histoire, sur 6 participations - au terme de ces LCS. Encore plus forts depuis l'arrivée de Rekkles, les Fnatic ont montré qu'ils ont passé un cap en s'imposant à chaque rencontre sans jamais finir la partie avec moins de pièces d'or que leurs adversaires. En moyenne, Fnatic a terminé ses parties avec 18,9% de pièces d'or dépensés de plus que l'équipe adverse, ce qui montre bien la domination qu'exerce le cinq sur les autres équipes.
Mais, finalement, l'histoire n'a pas été aussi rose que l'on veut bien le croire. En effet, Fnatic a été malmené à quelques reprises vers la fin de saison. On se souviendra de Fnatic à deux doigts de tomber face aux Giants Gaming suite à la décision des arbitres de recommencer le match, conformément au règlement. Mais si le roseau Fnatic plie, il ne rompt jamais - en tout cas pour le moment. Fnatic a réussi à sortir de chaque « épreuve » encore plus fort. Mieux, au fil de la saison, Fnatic a tenté d'innover dans son jeu, de varier sur le plan tactique, de modifier l'équilibre de ses compositions d'équipes. Cette audace serait-elle à l'origine des quelques maux diagnostiqués par les analystes ? Rien n'est moins sûr. Quoi qu'il en soit, Fnatic devrait s'imposer assez logiquement au terme de maximum deux matchs en cinq manches qui les attendent. La véritable question est de savoir si les hommes de Deilor auront l'envie et le courage d'essayer de nouvelles tactiques, au risque de concéder une partie. Parce qu’après tout, les BO permettent de retomber sur ses pattes après un essai peu concluant, ce qui permet aux équipes asiatiques de se montrer davantage aventurières en saison régulière, mais n'est pas d'application en LCS.
Black is the new Orange
Origen |
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Fnatic black. Ce surnom a été donné à Origen par quelques Twittos du fait que l'équipe a été construite par la très emblématique ancienne tête de proue de la structure londonienne, xPeke, rejoint un peu plus tard par Soaz, vétéran de cette même équipe. Mais outre cette anecdote, ce qui est intéressant c'est qu'Origen a réussi à se hisser à la 2e place de cette saison régulière, alors qu'ils venaient de Challenger Series (là où « Fnatic.orange » ne venait de nulle part). Cette place de dauphin est agréable, car elle permet à Origen d’accéder directement aux demi-finales, et donc de s'assurer ne rencontrer Fnatic qu'au plus tard de cette compétition. Autres avantages, plus de temps de préparation et l'opportunité de pouvoir analyser le jeu de leurs adversaires. Nul doute que ce seront des armes que ces joueurs expérimentés (quatre sur cinq ayant déjà participé à un championnat du monde) sauront exploiter.
Dans le jeu, Origen est une équipe connue pour sa propension à occire les Dragons et à se concentrer sur cet objectif en début de partie, s'accaparant le premier dans 78% des cas, contre 67% pour Fnatic et SK Gaming. Mais contrairement à ces derniers, Origen parvient à continuer le génocide draconique au fil de la partie, puisqu'ils en tuent en moyenne 2,7, juste derrière les Fnatic qui en tuent 2,8 mais devant les autres équipes qui en tuent maximum 2,3 par partie. En terme rapidité de prise de tourelle, Origen est juste derrière H2K avec la première tourelle tombée dans 78% des parties (H2K 83%, Fnatic 61%) et aux alentours de la 9e minute (H2K 8,5 min, Fnatic 9,7 min). Ces prises d'objectifs rapides traduisent l'expérience de ces joueurs, qui savent s'organiser et prendre l'avantage tôt dans la partie, pour se mettre dans les meilleures conditions possible.
Seulement, la marge de progression d'une telle équipe est difficile à anticiper. Si on connaît les qualités individuelles de chacun des joueurs de cette équipe et leur expérience qui leur sera très utile dans le format Best-of-5, on ne peut que supposer qu'ils élèveront leur niveau de jeu individuel pour cette occasion, comme l'a par exemple fait xPeke au Mondial 2014 !
Le malade imaginaire
H2k |
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H2K est une équipe qui, globalement, a montré un très bon niveau de jeu pendant cette saison. Et on le comprend facilement quand on voit les noms des joueurs qui composent ce cinq, puisqu'ils sont tous dans le top 3 à leur poste en Europe (voir le top 2 pour certains). Mais H2K a perdu de sa superbe vers la fin de saison, affichant des signes alarmants, allant même jusqu'à s'incliner face à la lanterne rouge, Copenhagen Wolves. Des décisions discutables, des teamfight parfois catastrophiques et surtout un loulex qui semble mal à l'aise, étant rarement décisif dernièrement. Même quand il réussit à intervenir en début de partie, s’octroyant deux kills, le jungler français semble en perte de confiance. Autre souci qu'a connu cette équipe, Ryu sur Viktor, champion très prisé dans cette méta mais sur lequel le joueur sud-coréen a montré des lacunes et un manque flagrant de sérénité.
Les problèmes de ces deux joueurs ont pu être formellement identifiables lors du match retour contre Fnatic quand, à la 22e minute et alors que H2K a creusé un écart de 5000 pièces d'or, 2 tourelles et 2 dragons, loulex se fait attraper hors de position, suivi par Ryu, totalement inutile dans cette position. Cette erreur cruciale sera très bien exploitée par l'escouade Fnatic et H2K ne reviendra jamais.
Mais il est bien sûr impossible d'enterrer H2K pour autant, tant cette équipe regorge de talents tel Odoamne et, si les problèmes sont résolus et que l'équipe retrouve une meilleure dynamique de groupe, il y a fort à parier que les autres prétendants au titre devront compter sur des H2K solides et combatifs.
Une fois mais pas deux ?
Unicorns of Love |
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Souvenez-vous, c'était il y a quatre mois. Unicorns of Love, alors fraîchement débarqué en LCS, était arrivé à la 5e place et s'était donc qualifié pour les quarts des playoffs, du même côté de l'arbre que SK Gaming, équipe qui avait alors survolé la saison régulière (15 victoires, 3 défaites). Après s'être facilement débarrassé de Gambit, UoL avait surpris en faisant tomber SK, abusant de la tactique du double bannissement Graves-Lucian inspiré des IEM et directement visé sur FORG1VEN. S'en suit une finale effrénée contre Fnatic, dans laquelle les licornes n'ont pas démérité puisqu’elles ont réussi à mettre la main sur deux victoires.
Cette saison, UoL réitère en se qualifiant pour les playoffs, toujours du même côté de l'arbre malgré le fait que les ex-coéquipiers de Kikis ont terminé à la 4e position. Mais cette fois-ci, la percée semble plus difficile, car le collectif a changé. Kikis ayant quitté les Licornes pour rejoindre la structure d'ocelote et bronzer dans une villa en Espagne, UoL a dû jouer quelques parties avec Gilius. Mais une fois le remplacement terminé, c'est le Sud-Coréen H0R0 qui vient porter main forte à la structure de l'amour. Sans expérience avec l'équipe, H0R0 devra s'adapter et trouver sa place en moins de quinze jours et en entrant directement dans le grand bain que sont les playoffs. Cette entrée à blanc permet d'émettre des réserves quant à la cohésion d'équipe et à leur richesse stratégique. Mais si c'était là la seule différence avec le segment printanier... En effet, la première côte semble plus pentue qu'en avril dernier où les UoL avaient eu affaire à des joueurs Gambit Gaming certes sur une bonne série, mais légèrement moins effrayants que le sont les joueurs ROCCAT actuellement.
Si cette étape ne semble pas insurmontable, la suivante aurait de quoi rendre septiques les licornes les plus farouches, puisque c'est l'Ogre Fnatic qui se dressera face à eux. Or, depuis leur dernière rencontre en playoffs, l'Ogre a avalé des hormones et semble intuable. Somme toute, la forme et les chances de performance d'UoL sont encore plus difficilement estimables qu'avant, surtout que Visicsacsi semble toujours prêt à sortir des champions exotiques comme Poppy, qu'il a joué contre Fnatic lors de la dernière journée de LCS.
Steve désinhibe, MrRalleZ rassure ?
ROCCAT |
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ROCCAT était une équipe paradoxale au Spring Split. Alors classée à la 8e place et donc relégable, l'équipe de l’équipementier ROCCAT était pourtant redoutée en entraînement et considérée par certains comme la meilleure équipe avec laquelle scrim (s'entraîner). Après avoir sécurisé leur place en LCS en renvoyant les chiots de CW Academy à la niche, ROCCAT n'a pas beaucoup changé de visage au début du Summer Split. Mais depuis, la structure polonaise a effectué deux recrutements. Dans un premier temps, Overpow a cédé sa place à l'ex-spartiate Steve. La transition d'Overpow sur la toplane était vraisemblablement un échec et Steve s’avérera être un pari réussi puisque malgré des premiers pas compliqués, le Français a trouvé ses marques et s'essaye progressivement à un panel de champions ne se limitant plus à Maokai. Mais la principale qualité qu'apporte Étienne est certainement son côté « good guy » et son tempérament toujours positif. Grand sourire, Steve réussit à mettre ses coéquipiers davantage en confiance et à les libérer du stress de la scène qui hantait les joueurs ROCCAT, les faisant passer d'une des meilleures équipes en entraînement, à l'une des pires en match. Le deuxième recrutement a été celui de MrRalleZ afin de remplacer un Woolite accusé de positionnements parfois suicidaires et d'un niveau de jeu en dent de scie. Quoi qu'il en soit, les différents changements semblent porter leurs fruits petit à petit et, contrairement à certaines équipes, datent de quelque temps déjà. Le collectif a donc pu se souder et les joueurs ont eu le temps de trouver leurs marques avec leurs nouveaux coéquipiers.
En jeu, ROCCAT est une équipe lente. La plus lente des LCS EU à vrai dire, puisque ce sont leurs parties qui durent le plus longtemps : presque 41 minutes en moyenne. Cela ne les empêche pas d'avoir régulièrement de l'avance en or à la 15e minute. Autre fait marquant, ROCCAT adore réduire la vision des adversaires pour les étouffer et se libérer de l'espace puisque c'est l'équipe à détruire le plus de wards par minute. Mais c'est également une équipe contre laquelle beaucoup de jalons sont posés, pour compenser !
Si ROCCAT doit se dévoiler au grand public, c'est pendant ces playoffs qu'il faudra le faire, en se reposant sur les talents individuels de joueurs comme Nukeduck et Jankos. Ce dernier devrait adorer le récent regain de forme d'Elise et il ne serait pas surprenant de le voir sur la Reine-araignée. Cependant, arriver en finale devrait être ardu notamment parce qu'ils devront affronter Fnatic s’ils réussissent à se défaire d'UoL.
Imaginez si j'avais une véritable arme !
Giants Gaming |
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Après être arrivé au fin fond du classement lors du segment printanier et depuis que G0DFRED a rejoint l'équipe, la forçant au passage à communiquer en anglais, Giants Gaming a élevé son niveau. Cette équipe a trusté la 4e place pendant longtemps, avant de redescendre en fin de saison, devant se départager avec ROCCAT pour la 5e place lors d'un tie-break. Les Giants finiront finalement 6e, ce qui n'a pas beaucoup d'impact, hormis qu'ils tombent à l'opposé de Fnatic dans l'arbre des playoffs.
Giants a trois gros points forts. Le premier s'appelle Jax, choix de niche du toplaner et capitaine, Werlyb. Banni dans 16 parties sur 19 contre l'équipe espagnole, ce Jax fait peur. Et pour cause, Werlyb est bien plus menaçant sur ce champion que sur les autres, adoptant un tout autre style de jeu. Dès que ce champion a été laissé disponible, Werlyb l'a sélectionné. Au final, 2 victoires où le Jax aura très largement fait la différence (8/1/1 et 3/0/7) et une défaite (5/6/7). Cependant, cette force peut devenir une faiblesse si leurs adversaires prévoient une stratégie pour contrer ce Jax !
Le deuxième point fort espagnol est Fr3deric. Ou plutôt, le sort d'invocateur Châtiment du jungler espagnol. Sa capacité à voler le Dragon et surtout le Baron Nashor ferait presque passer Cyanide pour un rigolo. Dans les faits, c'est une composante avec laquelle il faut compter, notamment cette année où le Baron Nashor a pris une toute nouvelle envergure, permettant de mettre un terme aux parties plus rapidement. Ces vols ont permis moult retournements de situation ou au moins de temporiser, afin de donner du temps à son équipe pour souffler.
Enfin, la dernière grande force de cette équipe, et non des moindres, est PepiiNeRo. Ce joueur est clairement la tête de proue de son équipe, assumant la place de plus grosse source de dégâts (37,3% des dégâts de son équipe, seul Froggen fait mieux en Europe avec 37,9%). Jouant beaucoup de champions à Poke, il a su abuser de la période Ezreal Châtiment et littéralement porter son équipe lors de nombreuses rencontres.
Somme toute et malgré ces forces, Giants Gaming reste clairement l'outsider de ces playoffs, car leur niveau collectif et individuel est en dessous, mais peut se féliciter d'un très beau parcours pour une équipe quasi mono-nationalité. Un exploit reste cependant possible !
Follow The League sera de retour pour les playoffs ! |
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