L'information était tombée il y a quelques semaines : après les premières apparitions de l'eSport dans les cinémas européens à l'occasion de la finale des Championnats du monde de League of Legends de l'année dernière, l'ESL et BY Experience, leader mondial de la diffusion de contenu live dans les salles de cinéma, se sont mis d'accord sur la programmation de plusieurs soirées eSport sur grand écran.
Pathé Live s'est vu confier la responsabilité d'assurer la diffusion de ces événements en France et en Suisse. Curieuse et enthousiaste, la rédaction de Millenium a assisté à la première de ces soirées, qui s'est tenue le mardi 28 juillet. Au programme de cette ouverture donc, une démonstration de la nouvelle extension de StarCraft 2, « Legacy of the Void », avec un 2c2 qui opposait quatre personnalités de la scène professionnelle en « Archon Mode ».
Mais surtout la diffusion du documentaire de Christine et Patrick O'malley Creadon, « All Work All Play : à la recherche de la gloire du eSport ». Le tout était encadré par des animations en direct des studios de l'ESL à Cologne eux-mêmes remplis de personnalités de l'eSport, comme Joe Miller que l'on n'a pas pu manquer au premier rang, sourire aux lèvres et bière en main.
Il s'agit donc du premier documentaire à traiter de l'eSport sur les grands écrans. Pour cette première, les caméras ont suivi la saison 9 du circuit Intel Extreme Masters (IEM) aux côtés de différents organismes, le principal étant bien entendu l'ESL, au travers de son Directeur ProGaming, Michal « Carmac » Blicharz.
On découvre également les points de vue et trajectoires de différentes structures et équipes de League of Legends, telles que TSM ou Cloud9 pour l'Amérique du Nord, Fnatic, Alliance et un peu d'Unicorns of Love pour l'Europe ou encore GE Tigers pour l'Asie tout au long du circuit compétitif.
LemonNation et les Cloud9 font partie des équipes suivies
dans All Work All Play.
Bien que complètement novices en matière de compétitions de sport électronique, les créateurs de ce documentaire ont tout de même su aborder le phénomène de la meilleure des manières. Régulièrement évoqué aux côtés du sport traditionnel dans leur production, l'eSport est abordé comme ce qu'il est finalement : un phénomène en pleine expansion, avec une grande dose de passion.
Cette passion nous est transmise tout au long de la projection via les interventions de différentes personnalités du jeu vidéo compétitif à travers le monde. On découvre notamment Michal Blicharz et l'ESL à travers un portrait assez intimiste, qui va de la naissance de son intérêt pour la compétition de jeux vidéo à son implication dans l'organisation des tournois évoqués tout au long du documentaire, en passant par son rythme de vie auquel est bien évidemment liée sa famille.
Le côté novice des créateurs de ce long-métrage force une vulgarisation de l'eSport très bénéfique pour sa diffusion, qui n'est en rien élitiste grâce aux explications apportées régulièrement sur les différents aspects de la discipline. La situation de l'eSport est fidèlement retranscrite, montante mais compliquée à stabiliser sur différents points, comme la rentabilité par exemple.
On prend conscience par les interventions des différents participants, comme les membres de Cloud9, des différents enjeux présents dans ce domaine et de la pression qui peut reposer sur les acteurs de la scène compétitive. Les résultats en tournoi sont évoqués, mais aussi les problèmes rencontrés par l'organisation, comme les pauses intempestives en compétition, qui désolent tout autant les organisateurs que les spectateurs, si ce n'est plus.
L'intérêt est donc créé assez facilement pour les personnes peu habituées à ce milieu, mais aussi et surtout pour la communauté eSport qui appréciera certainement l'ambiance générale du documentaire, qui est très équilibrée entre la compétition et son environnement. En effet, de nombreux points de vue sont exposés, comme celui des proches des différents participants, dont on peut par exemple citer la mère d'xPeke ou une organisatrice de rencontres entre fans d'eSport à New York.
La diversité des points de vue nous emmène même jusque dans les coulisses d'une université américaine, qui possède son propre centre d'entraînement à base de PC compétitifs et de jeunes joueurs désireux d'avancer dans le milieu. On y aborde d'ailleurs brièvement la présence très réduite des femmes parmi les joueurs professionnels au travers d'une joueuse américaine désireuse de changer la donne.
Deman s'est dit très satisfait de ce documentaire sur le plateau de l'ESL.
Image : ESL
Christine et Patrick O'malley Creadon ont d'ailleurs visiblement cerné une bonne partie des aspects et points qui font parler dans l'eSport, puisque beaucoup d'entre eux sont présents dans leur documentaire. En plus du nombre très réduit de joueuses professionnelles dans les disciplines présentées, l'argent est évoqué, mais également les différences de niveau et de perception de l'eSport dans les différentes régions participantes, les différents profils de joueurs professionnels, comment en devenir un ou encore l'impact qu'a pu avoir le développement de cette discipline sur les vies des intervenants les plus impliqués.
Le tout est rythmé avec justesse à grands coups de souvenirs et de passages spectaculaires, de Reginald, personnalité emblématique de la scène américaine, au backdoor d'xPeke, grand moment de League of Legends face aux SK Gaming. Tout est fait dans ce documentaire pour transmettre la ferveur et la passion qui coulent dans les veines de tout fan de sport électronique, de quoi susciter un intérêt supplémentaire pour les habitués, tout en sensibilisant le public novice.
En résumé, on a apprécié le moment, l'approche et la manière de faire des créateurs de All Work All Play. L'esprit de l'eSport est retranscrit avec fidélité et contraste agréablement avec les approximations que l'on commençait à avoir trop l'habitude de voir dans les médias traditionnels, bien que certains soient parfois irréprochables. Le petit côté "happy end" et vive l'Amérique fait sourire, mais n'est pas un mauvais point pour autant. On regrettera simplement un manque de présence de la part de Riot, bien que le tout soit tourné autour de l'ESL et des IEM.
Retrouvez un rapide résumé de la fin des IEM Katowice de cette année. |
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