Pour de nombreux joueurs, excepté Bard sorti très récemment, tous les champions que Riot Games a créés et qui sortent sur le client sont beaucoup trop forts et pas assez équilibrés, ce qui est aussi le cas pour ceux retravaillés comme l'ont pu l'être Tristana ou Ashe plus récemment. Mais sont-ils vraiment si forts au niveau compétitif ?
Pour analyser cela, on s'intéressera aux 5 derniers champions mis en ligne : Ekko, Bard, Rek'Sai, Kalista et Azir.
Ekko, le Fractureur du Temps
Sorti le 28 mai dernier pour le patch 5.10, Ekko n'est disponible en compétition pour les League of Legends Championship Series européenne et nord-américaine que depuis la semaine dernière seulement. Alors que le champion est largement critiqué pour être beaucoup trop déséquilibré, il apparaît qu'il a un taux de victoire seulement de 47,83% en solo queue sur les serveurs EUW, EUNE, NA et KR. Pourtant, il est banni sur un peu moins de 81 parties sur 100, ce qui fait de lui le champion le plus banni à l'heure actuelle. Sa capacité à tuer instantanément beaucoup de champions, sa grande mobilité combinée au fait qu'il peut se sauver très facilement grâce à son ultime font d'Ekko le champion qui effraie en partie classée. De plus, le fait que les joueurs ne connaissent pas encore parfaitement le champion fait qu'ils le trouvent déséquilibré.
En compétition en revanche, aux LCS EU et NA, il a été utilisé sur 80% des parties, que ce soit en étant banni ou ayant été choisi par l'une des deux équipes, et a un taux de victoire de 40% (4 victoires sur 10 parties). Fait intéressant également, Ekko est l'un des seuls champions en compétition qui peut se jouer à des rôles différents : toplane, jungle, midlane. Il a le temps devant lui, et d'ici à ce que les joueurs s'habituent à le jouer, on devrait soit le voir sur le devant de la scène, soit le voir disparaître complètement dans les abysses des champions de la compétition, en compagnie de Vel'Koz ou Mordekaiser.
Bard, le Gardien errant
En parlant de champion déséquilibré, Bard en était également un. Son côté utilitaire n'a pas plu à la communauté, au premier abord, dans la mesure où il n'a que très peu de dégâts et était difficile à maîtriser. C'est pourquoi il n'était que très peu choisi, en compétition comme en solo queue. En solo queue, il a un taux de ban deux fois plus faible que celui de Blitzcrank, c'est dire. Son taux de victoire est aussi faible, avec seulement 48,9%. Au début très décrié, il l'est de moins en moins.
Son A, capable d'étourdir 2 champions ennemis, son Z qui permet de soigner son carry AD, son E qui permet de se sortir de situations difficiles ou même pour arriver sur un ennemi très rapidement, et son ultime qui peut renverser une partie à lui tout seul, son kit de sorts est devenu très populaire en compétition. On ne l'a vu que 11 fois sur les 60 parties jouées aux LCS, et joué seulement 8 fois. Le premier joueur à l'avoir sorti est nRated, lors de la rencontre Fnatic vs SK Gaming. Ça n'avait pas si bien fonctionné, puisque son équipe avait perdu très rapidement la partie.
Avec les dernières améliorations qu'il a reçues, Bard est devenu un support contesté, car sa capacité à roam tout autour de la carte est très appréciée de la méta actuelle. Or, en Amérique du Nord, le petit homme jaune a un winrate de 80% sur 5 parties, alors qu'il a 0% de victoire en Europe de l'Ouest.
Aphromoo, le Bard God ?
A-t-on trouvé le nouveau champion préféré par les américains plutôt que par les Européens, au contraire de Rengar ? Petite anecdote : les trois parties où Bard s'est fait bannir ont été à chaque fois lorsque l'équipe était confrontée à Aphromoo, de Counter Logic Gaming. Et quand on voit sa façon de le jouer, on comprend tout de suite la raison de ce ban.
Rek'Sai, la Traqueuse du néant
Depuis le 11 décembre dernier, Rek'Sai est la terreur de la Faille de l'Invocateur. La possibilité qu'elle a de détecter les ennemis quand elle est enterrée (pour piéger ses adversaires ou pour échapper à un piège), ses lourds dégâts, la pression constante qu'elle met dès la phase de lane et sa présence sur la carte grâce à son ultime font de Rek'Sai l'un des meilleurs champions de la jungle.
Avec un taux de ban de l'ordre de 10% et un taux de partie jouée de 13,5% en partie classée, Rek'Sai fait trembler la communauté. Pourtant, elle ne possède un taux de victoire que de l'ordre de 50,4%. En comparaison, Nunu et Fiddlesticks sont à plus de 55%. Mais ce n'est rien par rapport aux joueurs de LCS. Comme pour Bard, une région semble largement préférer la Traqueuse du Néant.
Aux LCS NA, Rek'Sai a un taux de participation de 86,67% sur 30 parties, dont 10 où elle a été bannie, et 16 où elle a été jouée. Mais elle n'a remporté la partie que 7 fois, soit un taux de seulement de 43,75%. En revanche, les Européens sont plus à même de la maîtriser, puisqu’avec un taux de participation de 93,30%, elle a un winrate de 71,4%, ce qui fait d'elle le troisième champion le plus gagnant des LCS EU (avec au moins 3 parties jouées), derrière Morgana et Ezreal.
Kalista, la Lance de la vengeance
La Lance de la vengeance est beaucoup trop forte pour la communauté. Un kite quasiment infini, un snowball très facile, un smite pour les objectifs globaux de la carte et les skillshots très difficiles à placer sur une bonne Kalista. Tout cela fait de Kalista le carry AD le plus prisé du moment aux LCS, dans le top 3 des carrys AD, et celui le plus banni en solo queue.
Aux LCS, elle a été choisie dans près de 91,7% des parties jouées avant la semaine 4, dont un taux de victoire de 53,85%, derrière la Vierge martiale, Sivir. En solo queue, étant donné sa difficulté de prise en main et le fait qu'il faille pouvoir communiquer avec son équipe pour la maîtriser, son winrate est plutôt moyen. Mais cela reste un carry AD très très puissant qui peut pouvoir mener son équipe vers la victoire tout seul et sans réelle difficulté.
En soi, les sorts ciblables sont la grande faiblesse de Kalista. Et quels sont les supports qui ont des contrôles ciblables ? Annie, Nautilus, et enfin Taric, que l'on a pu revoir aux LCS par l'intermédiaire de Gosu Pepper de Gambit Gaming la semaine dernière. Nous n'avions pas vu le Chevalier aux gemmes depuis le Spring Split de l'année 2013. C'est dire.
Azir, l'empereur de Shurima
Que ce soit parmi les assassins, dans laquelle il pouvait aller chercher un carry AD très facilement, où parmi les midlaners très passifs qui ne font que farmer, Azir est un champion très utilisé parmi les joueurs professionnels. En effet, avec 63,33% de participation aux rencontres des LCS, c'est à dire actif sur 38 parties, dont 28 où il a été joué, il est énormément laissé libre par les joueurs LCS, notamment dû au fait qu'il n'a que 46,43% de victoires. Là encore, les disparités entre les deux régions sont élevées. Il a été pris 14 en EU et pareil pour NA, mais il n'a gagné que 5 fois en NA contre 8 en EU. Ainsi, il est le troisième midlaner en Europe (avec au moins 5 parties), et le cinquième en NA. Pas sûr que les nombreux bugs présents sur le champion ne soient là pour rassurer les joueurs à le prendre.
Conclusion
On peut noter tout de même que, malgré le fait que de nombreuses personnes n'apprécient pas les nouveaux champions que Riot Games met à la disposition de la communauté, car ils seraient trop forts, ils ne font pas l'unanimité dans toutes les régions de compétition, et même en solo queue. Seul Ekko n'est pas encore totalement équilibré, dans la mesure où seules peu de parties ont été jouées avec ce champion, et qu'il n'est pas encore maîtrisé à la perfection par les joueurs. Mais une fois que les joueurs l'auront bien cerné et que Riot Games effectuera quelques modifications, il sera de nouveau un champion équilibré. Pour rappel, on se souvient que le nouveau Ryze était beaucoup trop fort avec sa Prison Runique (Z) immobilisant durant tout un échange sa cible. Mais dès lors que les équipes savent l'affronter, comme l'a fait Fnatic avec Cho'Gath, Ryze a perdu de son efficacité et Fnatic l'a emporté sans grande difficulté.
La réaction de Huni avec son Ryze après l'action sur Steve lors de Fnatic vs ROCCAT
Ainsi, ce n'est pas parce qu'un champion est nouveau qu'il est populaire ou qu'il est populaire parce qu'il est nouveau (par exemple Bard, ignoré complètement à sa sortie), le tout est de bien savoir comme le gérer, qu'il soit dans son équipe ou dans l'adverse. La méta y est pour beaucoup. Kalista est forte, car les tanks auront du mal à l'attraper, Ekko est fort, car il a une mobilité faite pour kite ses ennemis, Bard est fort, car il permet de sauver son carry AD et de changer le cours d'une partie, Rek'Sai est forte, car elle peut tanker énormément et faire beaucoup de dégâts à un carry ad et enfin Azir peut attaquer ses ennemis de très loin. Mais à côté de cela, ils ont des faiblesses. Dans un autre registre, on ne parle ici en aucun cas du champion avec le plus de winrate ou le plus de participations aux parties des LCS. En Europe, il s'agit de Gragas, avec un ratio de picks et bans de 100%, et de l'ordre de 96% en NA, à égalité avec Kalista justement. LeBlanc est aussi très bien placée, tout comme Alistar, que ce soit en winrate ou en picks/bans rate. Les nouveaux champions sont également beaucoup appréciés des joueurs professionnels, à l'inverse d'il y a quelques saisons désormais. Était-ce dû au fait que ces nouveaux champions sont moins fréquents (depuis 2014, 8 champions sont sortis, alors que le deuxième semestre 2012 en a compté 10), ou que Riot Games s'efforce de créer des champions qui puissent être utilisés en compétition comme en mode partie classée (Quinn n'est que rarement utilisé en compétition, son kit de sort ne la rendant pas viable) ?
Le spotlight d'Ekko, le dernier champion sorti à l'heure actuelle. | |