Harvest Moon : La Vallée Perdue - Test
Harvest Moon : La Vallée Perdue est un jeu de gestion/simulation agricole, sorti le 19 juin sur Nintendo 3DS. Il s'agit du premier épisode de la saga intégralement en 3D. Vous y incarnez un explorateur qui découvre une vallée prise en otage par un hiver éternel, et devrez y ramener l'équilibre des saisons.
Fiche du jeu |
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Titre du jeu : Harvest Moon La Vallée Perdue Genre : Simulation, Gestion, RPG Développeur : Natsume Plateformes : 3DS Prix : 39,99€ |
Harvest Moon : La Vallée perdue est un sacré test pour Natsume, puisqu'il s'agit du premier opus de la série qu'ils développent, confiant l'édition à Rising Star Games. Natsume tient à prouver qu'ils peuvent toujours produire un titre solide sans l'aide de leur développeur habituel, Marvelous Entertainment, qui a préféré s'investir dans un titre rival, Story of Seasons, sorti au Japon qui lui a réservé un excellent accueil. Est-ce que la nouvelle mouture de Harvest Moon ravira les fans de la licence, ou est-ce que Natsume se dirige à grands pas vers l'échec?
Harvest Moon : La Vallée perdue - Trailer
Winter is coming... forever
Le jeu commence avec un rapide écran de personnalisation : vous pouvez choisir d'entrer dans la peau d'un jeune homme ou d'une jeune femme, lui donner un nom et choisir sa date de naissance, qui ne comporte aucun mois mais seulement des dates et des saisons. Pas d'éditeur de visage pour cette mouture. Ensuite seulement, vous êtes lâché dans la nature. Perdu dans une épaisse tempête de neige, vous devinez au loin la silhouette d'un esprit des récoltes, qui vous invite à vous abriter dans une cabane. Il vous informe au passage que la vallée est bloquée dans un éternel hiver et que tous les habitants ont fui. C'est à vous que revient la tâche d'aider les esprits des récoltes : il vous faut retrouver les cristaux de saisons. En restaurant chaque saison, vous débloquerez ainsi de nouveaux villageois et les esprits des récoltes, qui vous proposeront leur aide.
Comme pour la plupart des jeux Harvest Moon, les premières heures sont fastidieuses. Il faudra vous focaliser sur la quête principale, chiche en informations, qui vous permettra de débloquer les saisons, sinon vous restez dans un monotone hiver qui aura bien vite raison de votre santé mentale et de votre intérêt pour ce jeu. La tâche de remettre les saison en ordre vous prendra presqu'entièrement la première année : une fois parvenu jusqu'ici, on peut enfin se détendre, ce qui est regrettable. Quand il faut surmonter son ennui pendant une dizaine d'heures avant de s'amuser, c'est rarement bon signe. Le jeu exige pourtant de continuer à gérer sa ferme. Vous devrez creuser dans la neige pour faire pousser légumes et fleurs qui prospèrent par un miracle considérable, compte tenu des chutes de neige qui s'abattent régulièrement sur la vallée. L'idée est plus que discutable : qui voudrait raisonnablement passer sa première quinzaine d'heures à s'acharner à cultiver des trucs lors de la saison la moins adaptée pour ce faire? Car évidemment, vous ne ramenez l'équilibre de chaque saisons qu'une fois la saison en question passée, ce qui vous plonge dans une année déplaisante faite de neige, de neige, et de neige. Il aurait fallu rendre l'accès aux saisons suivantes beaucoup plus rapide : cinq heures de jeu en hiver auraient été largement suffisantes au lieu de nous contraindre à y passer le triple.
Minecraft : La Vallée Perdue
La réelle nouveauté de Harvest Moon : La Vallée perdue est, de loin, le terraforming. Pour ceux d'entre vous qui ne sauraient pas ce que c'est, le terraforming propose de modifier son environnement de la manière dont le joueur le souhaite. Chaînes de montagnes, grands lacs, canaux vénitiens, plaines parfaitement plates : vous êtes le maître absolu de vos terres et de leur apparence. Ce style de gameplay rappelle évidemment Minecraft, et c'est assez bien vu de la part de Natsume d'intégrer cette liberté supplémentaire à son jeu de gestion. La vallée est donc transformée en gigantesque sandbox, permettant au joueur d'être Dieu. Lors des premières heures de jeu, le scénario prend en charge un mini-tutoriel inclus dans la quête principale afin de bien comprendre l'utilisation du mode construction, qui permet de surélever ses cultures, de libérer l'accès à une grotte ou de monter jusqu'à l'abri de la Déesse des Moissons.
Il est beaucoup plus agréable de travailler la terre dans cet opus : les récoltes vont grandir plus vite selon la hauteur des terrains sur lesquels elles ont été plantées, ou en fonction des fleurs et légumes qui les environnent. Expérimenter et déterminer les combos qui fonctionnent le mieux : voilà une manière ingénieuse de mettre de l'enthousiasme dans une tâche répétitive et souvent vue comme une corvée dans les autres opus. L'attention portée aux animaux a également été revue de manière intéressante : plus on a de liens avec ses animaux, plus ils ont de chances de débloquer des "talents", qui font monter le prix des animaux et peuvent être transmis à leur descendance.
La vallée des clochards
Une partie du contenu qui faisait le charme et l'intérêt de Harvest Moon a été abandonnée, et elle n'est pas des moindres : il n'y a pas de village. On entend souvent parler de la ville voisine par les personnages que l'on croise, toujours plus nombreux au fil des saisons débloquées, mais il n'existe ni magasins ni maisons. Les villageois viennent hanter vos terrains comme autant de sans-abris, quand ils ne squattent pas directement devant votre maison. Les interactions avec les villageois ont également été revues à la baisse. Il est toujours possible de se marier et d'avoir des enfants, mais à la place de leur offrir des cadeaux ou de leur faire la cour, il faut leur parler quotidiennement et endurer leur unique ligne de dialogue, puis attendre qu'ils proposent des requêtes diverses. Il s'agit désormais de la seule manière d'augmenter votre affinité (indiquée par un pourcentage) avec un personnage du jeu.
Chaque personnage vient un certain nombre de jours à certaines heures, et il vous faut tout apprendre si vous ne voulez pas perdre un temps considérable chaque jour à faire le tour de votre propriété dans l'espoir de trouver le villageois que vous cherchez. Il en va de même pour la découverte de chacun d'eux. Vous deviez, au fil de discussions découvrir la personne en face de vous : maintenant, La Vallée Perdue fait ça à votre place. Nom, anniversaire, caractère et profession : tout est soigneusement consigné dans un livre disponible dans votre maison et ce, dès que vous les rencontrez. C'est un retrait extrêmement frustrant quand on connait les autres épisodes de la licence, et une impression de vide et de superficialité supplémentaires pour les néophytes. Les conversations sont plates et sans saveur. Rien n'a l'air authentique, crédible, et c'est à peine si on prend la peine d'aller voir les villageois quand on les croise par hasard en train de jouer les épouvantails dans nos champs.
Vég-étables
Comme on peut s'y attendre lorsqu'un jeu subit beaucoup de nouveautés, il faudra du temps pour se familiariser avec le gameplay. Pour sculpter vos terres, vous devez absolument être en mode construction. Ce mode est accessible en appuyant sur Y, qui vous offre des options sur l'écran tactile. Dans ce mode, vous pouvez abaisser ou élever un terrain, creuser des canaux ou agrandir les cours d'eau. La réelle difficulté vient de la confusion lors de la prise en main : beaucoup d'actions sont impossibles sans le mode construction, comme labourer la terre, alors que d'autres actions comme planter les graines ou arroser, doivent être effectuées hors de ce même mode, alors qu'elles ont pourtant une continuité logique. Une fois habitué, on n'y fait presque plus attention, mais il s'agit d'une fort mince amélioration vis à vis des titres précédents, où il était extrêmement fastidieux de défiler dans son inventaire pour trouver et équiper les outils adéquats. L'inventaire est devenu anecdotique, servant plus au stockage qu'à la réelle recherche d'équipement, et c'est tant mieux. La plupart des actions sont disponibles en s'approchant simplement de l'arbre, l'animal ou la parcelle de terre avec laquelle on veut interagir, et le mode construction complète le tout. Il s'agit d'une amélioration bienvenue, quelque peu ternie par le fait qu'il n'existe aucune action de groupe : chaque plante doit être arrosée individuellement avec une animation qui rend la chose encore plus lente.
La gestion du temps est également un point faible. Les journées finissent trop vite, les tâches prennent trop de temps, et vous ne compterez plus les fois où vous verrez la moitié de vos récoltes mourir parce que vous n'avez pas eu le temps de tout arroser. La lenteur des animations combinée à l'action bloc par bloc vous feront rapidement perdre patience. Hélas ce point noir ne cesse de grossir à mesure que le jeu avance et nous confère des tâches et responsabilités : arroser ses cultures, prendre soin de ses animaux et terraformer dans la même journée prennent une allure de mission impossible.
Les graphismes de La Vallée Perdue font penser à Harvest Moon : Back To Nature, sorti sur Playstation. Le tout est mignon et modeste : ce n'est clairement pas le genre de jeu qui cherche à nous en mettre plein les yeux, et il ne se démarque pas non plus des autres épisodes de la série par un parti pris visuel. La musique, quant à elle, est mignonne et pêchue, de quoi correspondre à l'univers de Harvest Moon. Cependant, passées les deux premières heures, on se prend à soupirer de soulagement lorsqu'on décide, enfin, de couper le son.
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Les plus et les moins |
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Le terraforming, ajout bienvenu et grisant | L'hiver, beaucoup trop long | ||||
Adieu les problèmes d'inventaire | Plus de village | ||||
Gameplay pratique une fois pris en main | La gestion infernale du temps | ||||
Une durée de vie très généreuse | La lassitude des premières heures de jeu | ||||
La platitude des villageois |