Côtoyer les morts n'est pas commun. Et n'est pas forcément enviable. Pourtant, Yorick ne s'en est jamais plaint. De père en fils, et de famille en descendants, ils ont toujours été des fossoyeurs. Lié aux morts, vivant ou défunt, Yorick le sera toujours.
Vivant
« Le travail du fossoyeur est essentiel pour les vivants, mais il l'est encore plus dans les Îles Obscures. On y trouve en effet plusieurs étapes dans le cheminement de la mort, et chacune est embrassée, plutôt que crainte ou repoussée. On ne peut progresser d'un état au suivant qu'avec l'aide, magique, d'un professionnel talentueux. Lorsque la Première Guerre runique prit fin, Yorick Mori gagnait sa vie en enterrant les morts. Sa famille possédait et s'occupait du Mémorial du Dernier Repos, l'un des plus anciens cimetières de Valoran. La pelle dont il se servait pour son travail était transmise de génération en génération depuis des siècles. Chaque fossoyeur apprenait à son fils que cette pelle était la dépositaire de l'esprit de tous leurs ancêtres, et que ces esprits les protégeaient lors des longues nuits passées au milieu des tombeaux. À son éternel regret, Yorick mourut sans héritier, mettant ainsi fin à la fière lignée des Mori. Sa pelle fut enterrée avec lui dans le mausolée familial et, bientôt, le Mémorial du Dernier Repos tomba en ruines. La mort, toutefois, n'était pas la fin que Yorick s'était imaginée.
Le passeur
Yorick se réveilla sur les côtes hantées des Îles Obscures, pas vraiment mort, mais assurément pas vivant, la main toujours agrippée à sa pelle. Il apprit bien vite qu'il pouvait servir de passeur pour les citoyens morts-vivants des îles, les aidant à accéder à une nouvelle étape de leur cheminement dans la mort. Mais cela se doublait évidemment d'une malédiction, car le fossoyeur doit "enterrer son quota" avant de pouvoir lui-même progresser ; c'est du moins ce que dit la légende. Mais bien sûr, personne ne connaît ce fameux "quota". Yorick creusa sans cesse, attendant en vain le jour où il serait libéré de son fardeau. Alors que les décennies se transformaient en siècles, sa déception finit par lui monter à la tête. Il retourna alors à Valoran pour y trouver son corps, convaincu que son salut était enterré avec lui. Lorsqu'il arriva, il ne trouva plus aucune trace ni du mausolée familial ni du Mémorial. Ayant pratiquement perdu tout espoir, il découvrit la League of Legends, et il y vit une occasion d'immortaliser le nom de famille qu'il avait laissé disparaître il y a maintenant si longtemps. »
« Commence par mourir, on parlera après » - Yorick
Artwork par fivetinsoldiers
Le Fossoyeur
Yorick dispose de deux histoires, à deux visages. La première est la plus ancienne et la plus complète. La seconde quant à elle, est une synthèse de son histoire comme Riot l'a fait pour de nombreux champions depuis Shurima et le remaniement du Lore :
« Yorick est un être terrible et tragique. Cette demi-goule vit aux portes de la mortalité. D'aucuns disent qu'il est le dernier de sa lignée, qu'il est mort sans héritier pour poursuivre son œuvre et que sa malédiction est de poursuivre le travail de sa famille même dans la mort. Équipé de l'effroyable outil qu'il utilisait de son vivant, il continue son labeur macabre, creusant sans fin des tombes dans l'humus des Îles obscures. »
Plus courte, elle dépeint Yorick comme un monstre, presque cauchemardesque, et non comme un individu «normal». Au total opposé, son premier lore le décrit comme un individu amical, qui effectue un travail macabre certes, mais nécessaire. De plus, il est ensuite présenté comme la victime de son histoire, puisqu'il n'a en aucun cas demandé à être ressuscité et à être le Charon de Valoran. On a plaint presque Yorick et sa non-vie, constamment obligé de suivre un chemin qui lui est imposé. Yorick n'a pas le choix, et ses chaînes sont plus de l'ordre spirituel que physique : respecter la tradition familiale (il ne s'est même pas posé la question s'il voulait faire autre chose ?), puis subir une nouvelle vi de servitude.
On se heurte ici à une difficulté du Lore de League of Legends : à vouloir trop synthétiser, on se heurte à la mésinformation. Yorick est à peine humain, décrit comme une créature et non une personne, et seule sa face « noire » est exposée dans ce court résumé. On ne connaît rien de son histoire ni de lui. On ne sait pas qui l'a ressuscité, ni pourquoi. Yorick n'a rien à expier, et n'a rien à prouver. Il est uniquement fossoyeur, et peu s'en faut pour que personne ne le connaisse
Affublé d'une malédiction, Yorick en a en réalité deux : escorter les âmes des morts et remplir un quota de mort. Bien que le premier semble être raconté comme un honneur, être ressuscité pour croupir dans une vie de servitude n'est en aucun cas une vie que l'on souhaite avoir. En plus de cela, Yorick a un quota à remplir de morts, afin de « progresser », mais on ne sait pas en quoi. En possibilités, en pouvoir, en terrain parcourable, en chakra ?
Bref, Yorick n'est pas toujours le monstre que l'on nous décrit, il a avant tout été un individu, qui est devenu le jouet d'une entité ayant besoin d'un Charon. Pendant seulement quelques siècles. Néanmoins, Yorick perd peu à peu le concept d'humanité et les principes vitaux à un être vivant : enterrer vivantes des personnes pour leur faire profiter au « maximum » de leurs dernières bouffées d'air n'est pas quelque chose à continuer.