Mad Max : Fury Road
Si vous êtes ici, c’est parce que vous vous intéressez un tant soit peu au milieu du jeu vidéo. Mais ce n’est pas de gaming dont nous allons parler aujourd'hui. Vous pouvez retrouver notre chronique cinéma tous les dimanches, afin de vous orienter vers les films à aller voir chaque semaine. Ce sera aussi l’occasion pour la rédaction de vous donner son avis sur les sorties.
Mad Max Fury Road - Bande annonce VOSTFR
Mad Max Fury Road
De George Miller
Avec Tom Hardy, Charlize Theron, Nicholas Hoult, Zoe Kravitz
Le pitch
Dans un futur où l'eau devient une denrée rare, Max erre dans un désert sans fin, hanté par la mort de sa fille. Capturé par le tyran Immortan Joe, il va devoir s'échapper en passant par une étape : faire confiance à l'impératrice Furiosa.
Interceptor
Mad Max Fury Road est la quatrième itération de la cultissime série Mad Max. Après trois épisodes sortis au début des années 80, la série revient avec deux principaux changements: la technique a changé, l'acteur principal aussi. Mais gardons ça pour plus tard, concentrons-nous pour l'instant sur la genèse de Fury Road. Après un troisième épisode clairement en deçà des deux précédents, faire revenir Max n'était pas chose aisée. Il aura quand même fallu douze ans pour que George Miller (réalisateur des trois précédents films) ressuscite notre bon vieux Max. Le plus risqué dans ce pari, c'était d'à la fois respecter une œuvre très ancrée dans son époque mais en la modernisant. Il y a eu d'autres critiques avant, et je suis du même avis, le film est très bon. Pas parfait, certes, mais très bon. Pourquoi ? Eh bien parce qu'il y a de...
So... Max is back.
L'action
Fury Road ne prend pas le temps de parler, il montre. Et pour montrer, il fait péter des trucs. Pendant 1h50 il ne fait que ça, péter des trucs. Mais contrairement à un Michael Bay, Miller ne fait pas QUE péter des trucs. Contrairement à un Michael Bay, il sait ce qu'il fait péter et surtout, il a des "balls". Quand George Miller fait sauter un véhicule avec trois kamikazes armés de harpons, c'est de l'art. Si Miller a attendu aussi longtemps pour ressusciter Mad Max, c'est bien parce qu'il voulait voir ce que pouvait donner la série avec les nouvelles technologies et un gros budget. Et il avait raison, le bonhomme, et ne manque clairement pas d'imagination pour mettre en scène des joutes ensablées. Le principe de Mad Max, c'est que tout le monde (ou presque) est fou à lié. De ce fait, les ennemis sont prêts à tout tenter pour tuer Max et Furiosa. Ils se jettent avec dévotion dans tous les pièges qu'on peut leur tendre, accrochés à leurs perches sur leurs voitures à piques. Et c'est à partir de là que le mot "Mad" prend tout son sens. Là où les héros sont fous car déchirés mentalement, les ennemis sont juste fous à lier, et prêts à tout faire pour servir Immortan Joe. Les scènes d'action sont très souvent aussi Mad que les personnages et profitent de très bonnes idées. Simplement le fait que la musique du film soit jouée par un orchestre sur une des voitures du film. Une trentaine de percussionnistes et un guitariste (dont la guitare crache du feu, accessoirement) vous retournent le cerveau avec des sonorités hyper entrainantes pour dynamiser l'action déjà frénétique. Autre idée : pour booster leurs véhicules, les pilotes sont parfois amenés à cracher du pétrole directement dans les pots d'échappement. S'en suit une course du plus rapide cracheur de pétrole assez sympathique. Mais je vais vous laisser le plaisir de la découverte pour m'attaquer à...
Une scène banale dans Mad Max Fury Road
La direction artistique
Irréprochable. Point. Au fait, c'est tout simplement une des meilleures directions artistiques jamais vues dans un film de SF. Un orchestre sur un char qui fait la b-o en plein milieu du champ de bataille, de petits humains qui se déplacent sur leurs moignons, un simili-Dark Vador des sables en tant que méchant, et des designs de voitures extrêmement réussis. Voir une joute de voitures à grande échelle dans Mad Max Fury Road, c'est limite le carnaval de Rio. L'univers dans sa globalité, même en restant dans le thème du sable, arrive à se diversifier et on ne navigue pas perpétuellement dans les mêmes décors. Le passage nocturne est d'ailleurs bluffant et fait limite penser à Bloodborne au niveau des corbeaux et de la palette de couleurs très bleutée. Le design de la capitale du film, nommée Citadelle, est aussi incroyable. Bastion d'Immortan Joe et ses War Boys, cette Citadelle résume parfaitement Mad Max en général. Voir les War Boys se bousculer sur la pile de volants pour se préparer à sauter dans leurs bolides est plutôt jouissif. Si l'on parle de beauté dans la direction artistique depuis toute à l'heure, il faut avouer qu'elle est plutôt crade de manière générale. Le design du second d'Immortan, Rictus est juste ignoble (bien que réussi) et on assiste même à une césarienne improvisée. En dehors de la d-a, le film est techniquement aussi irréprochable. L'univers est hyper-crédible, la 3D est bien utilisée, et comme dit précédemment, la mise en scène ne manque pas d'idées pour faire vivre cet univers à fond la caisse.
Just... Immortan Joe
My dear Max
Depuis le début de cette chronique, nous n'avons parlé que de l'univers et de ses artifices. Pas une seule fois, nous n'avons évoqué les personnages autrement que pour parler de leur utilité. Eh bien, c'est parce que le développement des personnages est un élément assez en retrait dans Fury Road. Certains diront que c'était prévisible et que l'action compense, certains diront que c'est dommage. Personnellement je fais partie de cette deuxième catégorie. Ce qui nous amène à la plus grosse lacune du film : la présence de Max. Soyons clair, je ne blâme pas Tom Hardy. Je trouve son interprétation de Max Rockatansky exemplaire, mais le héros n'est pas assez présent à l'écran. À partir du moment où l'impératrice Furiosa est aperçue pour la première fois à l'écran, notre bon vieux Max va disparaître du premier plan, et devenir presque un side-kick de Furiosa. Heureusement, Furiosa est un très bon personnage et Theron fait largement le taf pour tenir le film sur ses épaules. Petite dédicace d'ailleurs au War Boy Nux de Nicholas Hoult, très bon aussi. Certaines critiques évoquent un parti pris "féministe" en parlant de Mad Max Fury Road, sur le simple fait que la troupe d’héroïnes du film savent se battre et révoquent une certaine domination des hommes. Je pense de mon côté que c'est simplement pour doper encore plus le film aux hormones. Je me rappelle de Machete ou de Boulevard de la mort, et je ne pense pas qu'on ait parlé d'un quelconque parti pris féministe pour ces films-là. Une petite chose à rajouter pour ce Fury Road, la bande-son très bonne et entraînante mais qui ressemble par moments beaucoup trop à la dernière b.o. du même compositeur (Junkie XL), 300 : la naissance d'un empire.
Furiooooosa !
What a lovely day !
Après un passage à vide de trente ans, Mad Max revient en pleine forme pour venir imprimer le cinéma d'action de la marque de ses roues. Techniquement et artistiquement irréprochable, Mad Max Fury Road délivre un spectacle ultra jouissif de tous les instants, qui plus est porté par d'excellents acteurs. S'il y a un reproche qu'on pourrait lui faire, c'est qu'il est plus un film sur l'Impératrice Furiosa que sur Max Rockatansky. Mais bon, on ne va pas bouder notre plaisir.