La France est de manière récurrente absente des top mondiaux. Le Call of Duty Championship a maintenant refermé ses portes et nous avons une nouvelle fois assisté à une hégémonie des USA. Outre cette domination sans aucune contestation possible, nous avons également vu trois équipes françaises échouer aux qualifications pour le bracket final.
Même si forcément nous sommes tous déçus de n'avoir pu voir une équipe tricolore affronter les monstres américains, ce type d'échec est toujours l'occasion de réfléchir aux causes amenant à ces échecs. Voici quelques pistes de réflexion.
Manque d'un circuit récurrent type Pro League
En dehors de l'aspect compétitif de ce type d’évènement maintenant en place depuis Ghosts aux États-Unis, ce type de compétition récurrent pousse et force les joueurs à maintenir un temps de jeu important, mais également à travailler sur les points ayant fait défaut lors de la journée précédente. Cela permet également de stabiliser la scène au niveau des transferts. Ce type d'initiative semble être en cours d'importation par la Gfinity pour un circuit européen. Reste à voir si la France pourra être incluse dans cette compétition, le peu de stabilité de la scène pouvait effrayer clairement les organisateurs. Quoi qu'il arrive ce type de compétition est importante pour réussir à professionnaliser la scène FR qui pour l'instant à trop tendance à se complaire dans quelques streams et ODC par semaine.
À quand une version EU ?
Pas ou peu de cohésion d'équipe
Le niveau de jeu et l'entrainement sont une chose, mais est souvent oubliée la vie d'équipe. Mettre 4 joueurs dans une Gaming House une semaine avant un évènement n'est en rien une préparation constructive. Les joueurs doivent apprendre à vivre ensemble sur le long terme et partager d'autres choses que du temps in-game. Durant ces périodes de vie, l'égo laisse naturellement sa place à une vie de groupe. On entend parler dans le monde « commercial chic et choc » de team building. Même si cela prend souvent la forme de stages immersifs stupides et sans fondement pour des équipes commerciales, l'idée n'est pas forcement à rejeter en bloc. Pour avoir confiance dans ses mates et vraiment les comprendre, nulle meilleure solution que de partager beaucoup de temps avec eux, de manière physique et non par écrans interposés. Cela éviterait également bon nombre de splits post compétition uniquement parce que X ou Y a choke une map. Avant d'aller chercher une performance d'équipe, il faut être une équipe, ce qui signifie, vous allez rire, assumer les victoires comme les échecs ENSEMBLE. Les équipes qui obtiennent des résultats au plus haut niveau sont des équipes stables dans le temps ne l'oublions pas.
Bon ok, là c'est un peu too much !
Une hygiène de vie douteuse
Bien avant qu'Asics ne reprenne cette citation, notre ami Juvénal disait dans sa dixième satire : "Mens sana in corpore sano" que nous pouvons traduire par "un esprit sain dans un corps sain". La pratique d'un sport impose des règles de vie stricte et une discipline quotidienne pour arriver à la performance. Qu'en est-il en France pour les joueurs Call of Duty ? Nous avons sérieusement du mal à discerner chez la majorité des top joueurs une quelconque hygiène de vie compatible avec un entrainement digne de ce nom. La fatigue, les changements de rythme, l'abus de boisson énergétiques ne font que provoquer contre performance au pied du mur voire même des passages à côté complets lors de grosses échéances. Il ne faut pas s'y tromper, voir les Américains jouer sur leurs streams des nuits entières n'est qu'une partie visible de l'iceberg. Pour arriver à un niveau de performance régulier et continu, un rythme doit s'installer dans la vie du joueur ce qui implique des choses basiques telles que des levers / couchers à heures fixes, des vrais repas, des créneaux horaires dédiés à la stratégie, au sport ou à d'autres activités non liées au jeu. Poncer le jeu 15h par jour n'assure pas de résultat (exception faite des Coréens), par contre, aborder les échéances de manière calme, posée et construite dans un cadre de vie sain ne peut qu'amener à la réussite.
Juvénal a beaucoup inspiré De Vinci
La copie n'apporte rien, il faut créer !
La metagame actuelle est dictée par les Américains. Nous essayons sur le vieux continent de reproduire cela avec nos moyens et force est de constater que le bilan n'est pas fantastique. Le top 2 de Revenge ce week-end doit réellement pousser tout le monde à remettre en cause tout cela. Avec un slay efficace et des stratégies pertinentes, vous pouvez mettre à mal n'importe quelle équipe au monde. Il faut cesser le copier-coller d'une metagame que nous ne pourrons jamais maitriser tout simplement parce qu'elle ne vient pas de nous. Il faut laisser la place à l'innovation et utiliser les failles de la métagame actuelle pour vaincre. C'est une évolution constante qui doit se faire jour après jour. En dehors du skill qui n'est qu'un aspect visible de la performance, le travail de fond est trop souvent éludé pour fournir qu'une terne copie des stratégies déjà vues chez X ou Y joueur de la scène.
Ce pouvoir n'est pas disponible à la vente !
Trop de luttes et de querelles inutiles
Enfin de manière plus large, la scène française n'aura jamais la taille de la scène US par la simple taille de notre pays. Pourtant, nous avons une densité de joueur et un attrait pour le jeu important ce qui malheureusement ne débouche pas sur la mise en commun de l'ensemble de ces bonnes volontés pour développer l'eSport COD tel qu'il devrait l'être. Alors, arrêtons de croire et laisser penser à notre lectorat ou nos viewers que la réussite passe par la division. Unissons-nous pour proposer le meilleur de notre scène et grandir ensemble. Aujourd'hui en France, les structures et institutions eSportives devraient prendre le temps de s'asseoir autour d'une table pour discuter de l'avenir eSport COD en France. Arrêtons de croire ou faire croire que nous n'allons pas tous dans le même sens : promouvoir notre sport et notre discipline aux yeux de tous ! Il est temps de s'unir, de mettre en place les moyens humains et organisationnels nécessaires pour permettre à nos joueurs quelque soit leur maillot de briller et réussir enfin à rapporter des titres internationaux en France.
Unissons-nous, arrêtons de prêcher pour nos paroisses.
Il ne s'agit bien évidemment de pistes de réflexions et d'améliorations qu'il faudra de manière vraisemblable mettre en oeuvre si nous souhaitons voir flotter nos couleurs sur les plus hauts podiums eSportive sur Call of Duty. Le débat est ouvert et devra se poursuivre !
