Deathtrap : Le Test
Sorti début 2015 en version dématérialisée, Deathtrap est vendu par ses développeurs de chez Neocore Games comme un tower-defense (ci-après TD) mâtiné d'éléments action-RPG, censé combler les plus folles attentes des aficionados du genre. La recette n'est pourtant pas à première vue des plus originales. Souvent, les développeurs de jeux vidéos petits et grands se servent de l'appellation RPG pour coller une jauge d'xp et un arbre de talents à remplir et ainsi gonfler artificiellement la durée de vie d'un soft autrement bouclé en deux-trois heures. Si, sans trop vite déflorer la suite de ce test, Deathtrap fait plutôt partie de ces jeux dont l'aspect RPG fait plus figure de bouche-trou que d'un véritable argument au service du gameplay, cet énième TD parviendra-t-il néanmoins à se démarquer dans un genre où l'on peut déjà trouver moult excellents titres sans bourse délier ?
Deathtrap - Trailer de lancement
Développeur : NeocoreGames
Editeur : NeocoreGames
Prix : 19,99€
Support : PC (Steam)
Diablo III croisé avec un Tower Defense
Classiquement, dans un TD, le jeu consiste à gérer des ressources en nombre limité pour construire des obstacles divers et variés, et les placer sur le parcours d'ennemis qui arrivent par vagues, en suivant un circuit défini à l'avance. L'originalité de Deathtrap vient de la possibilité d'incarner un héros pour combattre en temps réel aux côtés desdits pièges.
L'issue du labyrinthe qu'il vous faut protéger à tout prix.
Pour être tout à fait précis, ce TD emprunte plus au genre du hack'n slash qu'à celui d'un RPG classique. La partie scénario, réduite à sa plus simple expression, fait l'objet d'une courte introduction, qui ne sert que de prétexte pour obliger le personnage principal à défendre la sortie de ruines anciennes aux hordes de créatures belliqueuses qui apparaissent subitement dans ses entrailles, et menacent d'envahir le monde. L'histoire et ses protagonistes ne connaissent malheureusement aucun autre développement. L'aspect jeu de rôle ne consiste donc finalement qu'à choisir une classe de personnage parmi trois (magicien, chasseur ou mercenaire), et à devoir cogner pléthore de monstres pour augmenter sa jauge d'expérience, débloquer de nouvelles compétences et améliorer son inventaire.
Un boss qui n'usurpe pas son sobriquet.
Du hack'n slash, les références ne manquent d'ailleurs pas, et en particulier au plus célèbre d'entre eux. L'univers de Deathtrap n'est ainsi pas sans rappeler celui de Diablo ou de Path of Exile. Il compte grand nombre de cryptes, de mausolées, d'obscur temples païens, hantés par un bestiaire majoritairement composé de goules, de gargouilles et autres créatures lovecraftiennes. La réalisation sonore et visuelle, aux couleurs ternes et froides, sobre et sans fioritures « manga », un peu désuète, ne devrait d'ailleurs pas dépayser les vieux fans des titres précités.
Ces derniers apprécieront encore la durée de vie colossale du titre. Deathtrap propose trois modes de jeux : solo, coopératif et versus. Le premier, le moins intéressant, sert de grosse introduction au jeu, et permet de découvrir progressivement les points forts et les faiblesses des différents types d'ennemis, les spécificités de chaque classe de personnage, ainsi que celles de leur arsenal de pièges divers et variés, allant de la classique fosse à pointes, à des mécanismes de destruction plus raffinés tels que la batterie de boule de feux, le lancé de scie rotative, ou des plus originaux comme la fosse de recyclage des cadavres d'ennemis en soldats zombis alliés. Ce mode solo, malgré son grand nombre de niveaux, boss, défis et autres quêtes secondaires, s'avère cependant assez vite lassant, à cause d'une difficulté triviale.
Bazar organisé.
Amenez vos amis
La véritable dimension stratégique, qui fait tout le sel de ce Deathtrap, se révèle en mode coopératif. Il est en effet possible de lancer une partie à plusieurs, jusqu'à quatre en même temps, ou de chercher un groupe d'inconnus en ligne. La difficulté devient dès lors TRÈS corsée : les ennemis sont plus nombreux, plus résistants, arrivent de toutes parts, et ce alors que les ressources pour construire des pièges sont divisées entre chaque joueur. Arriver au bout de l'aventure requiert une tactique, de la coordination, et parfois quelques wipes éducatifs. Le jeu en vaut la chandelle : les joueurs persévérants peuvent se livrer à des batailles particulièrement épiques, luttant coude à coude pour ne pas être débordés par un véritable déluge d'ennemis, qui toujours se fraie inexorablement un chemin jusqu'à l'ultime ligne de défense, pour garder le suspense intact jusqu'au bout. Et, s'il parvient malgré tout à passer, pas de cavalerie du Rohan pour sauver ses miches, un niveau n'est complètement terminé d'obtenir une victoire totale.
Deathtrap propose en outre un mode versus particulièrement intéressant sur le papier. Alors qu'un joueur va, comme d'habitude, devoir essayer de garantir l'intégrité de ses ruines en y disposant des pièges et en guerroyant avec son héros optimisé, son adversaire aura le plaisir de pouvoir contrôler, dans une certaine mesure, les légions ennemies, en prenant directement possession des créatures. Malheureusement, le rédacteur de ce test n'a pu trouver absolument personne pour jouer à ce mode versus, qui n'est accessible que via un ladder en ligne, qui compte pour l'heure trop peu de participants pour pouvoir trouver une partie dans un délai raisonnable. Il est difficilement compréhensible que les développeurs n'aient pas prévu la possibilité de jouer ce mode versus directement entre amis.
Pas moins de vingt-cinq pièges différents à débloquer.
Le gameplay de Deathtrap n'est, lui non plus, pas exempt de critiques. Alors que les commandes sont configurées pour une manette par défaut – s'il y en a une de branchée à l'ordinateur - le jeu s'avère franchement désagréable à jouer à la manette, principalement à cause d'un ciblage au joystick hasardeux. Et, une fois passé en clavier et souris, les déplacements du personnage restent assez approximatifs, et ce alors que les compétences des ennemis les plus coriaces exigent un positionnement précis. Enfin, et surtout, la gestion de la caméra est inexistante. Alors que le jeu est d'apparence 3D, il n'est pas possible de pivoter l'angle de vue, ni même de décentrer la caméra du personnage, et ce, alors que les modes les plus difficiles exigent de surveiller constamment plusieurs passages éloignés d'un labyrinthe en même temps.
Présentation vidéo du mode Versus.
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Les plus et les moins |
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Un mariage réussi entre TD et hack'n slash | Aucune gestion de la caméra | ||||
Une durée de vie colossale | Des contrôles approximatifs | ||||
L'ambiance glauque | Répétitif en solo | ||||
Un mode coopératif potentiellement épique | Scénario sous-développé |