Showeb de printemps 2015
Mardi 10 Mars à l'UGC Ciné-Cité Bercy se tenait donc le Showeb. Le Showeb, ça fait déjà 4-5 ans que ça dure. C'est une journée durant laquelle les distributeurs de films viennent tour à tour présenter leur line-up pour cette année, les gros (Universal, Disney, Gaumont) comme les petits (The Jokers, La Belle Company). Il y a eu énormément de films présentés donc je vais principalement vous parler de ceux qui m'ont marqué. C'est parti !
SND / Groupe M6
On est bien installé, et le premier distributeur vient nous présenter son line-up. C'est donc SND/Groupe M6 qui ouvre le bal, avec ENFANT 44. Cette plongée dans l'enfer du communisme nous est portée par le réalisateur Daniel Espinosa, et par un gros casting : Tom Hardy, Noomi Rapace, Gary Oldman, Joel Kinnaman, Jason Clarke ou encore Vincent Cassel. Un extrait d'une dizaine de minutes nous a été présenté. Scène classique : des communistes débarquent chez une famille pour trouver une personne en particulier, la famille la cache. Les communistes sont énervés, donc ils cassent tout. S'en suit une course poursuite entre le chef de la brigade de communistes et le fugitif recherché. Extrait sympa, sans plus. Le film ne m'a pas fait une grosse impression, mais il reste encore beaucoup de zones d'ombres. Mon problème avec le film c'était surtout la crédibilité de l'accent russe de Tom Hardy, qui m'a dérangé et ne m'a pas vraiment permis de m’immerger dans cette Russie dépeinte par Espinosa. Le film sortira le 15 avril de cette année dans les salles obscures.
Viennent ensuite quelques extraits de films français qui ne m'ont pas franchement marqué, n'étant pas attiré par les sujets généralement utilisés dans le cinéma français. Mais j'aime les films qui se lâchent, et surtout les surprises. C'est là qu'est intervenu Antigang, de Benjamin Rocher. Imaginez un bon gros film d'action à l'ancienne, mais dans le 13ème arrondissement de Paris, et avec un Jean Reno plus badass que jamais. Benjamin et son frère sont venus nous le présenter sur scène pour 2 minutes d'extraits intensifs, et ça envoie. Déjà présenté par beaucoup comme le nouveau "Heat" (une référence en termes de fusillades et de dialogues) à la française, il sortira le 19 août chez nous.
Antigang de Benjamin Rocher, avec Jean Reno et Alban Lenoir.
Gaumont
C'était ensuite à Gaumont de nous présenter son line-up. On aura eu de la comédie en caméra cachée avec Connasse : le film, un champion de tir contraint de tuer avec La résistance de l'air (Reda Kateb dans le premier rôle), ou encore un feel-good movie estival avec Nos futurs, dans lequel des trentenaires nostalgiques tentent de renouer avec leurs amis d'antan pour organiser une grosse soirée. À ce line-up classique viennent s'ajouter deux ovnis. Le premier, c'est Arès, un film post-apocalyptique dans lequel les corporations pharmaceutiques se font de l'argent sur des combats pour lesquels ils fournissent les drogues servant au dopage des participants. On suivra l'histoire d'un combattant rouillé qui se voit offrir une drogue qui peut lui permettre de remonter sur le ring, à condition qu'il l'endure. L'ambiance est sympathique et ça fait plutôt plaisir de voir des films un peu ambitieux et originaux dans le paysage cinématographique français. Le deuxième, c'est The boy and the beast de Mamoru Hosoda, que les fans d'animation japonaise connaissent pour "Summer Wars" ou "Les enfants loups, Ame et Yuki". Le film sortant le 30 décembre, nous avons seulement vu quelques extraits ainsi qu'une interview d'Hosoda qui nous explique le film. On suit donc le voyage initiatique d'un jeune garçon sans famille qui va faire la rencontre de Kumatetsu, une bête humanoïde provenant d'un monde où toutes les personnes sont des animaux. À surveiller de très près.
The boy and the beast, de Mamoru Hosoda.
Disney/Universal, les gros du marché
Ayant signé un accord de confidentialité avec ces deux distributeurs, je ne pourrai pas entrer dans les détails concernant ce que j'ai vu. Maintenant que c'est dit, passons aux choses sérieuses en commençant par Disney. Avec un planning très chargé, Disney n'est pas venu les mains vides. Enfin... plus ou moins. Côté animation, c'était top mais côté live-action, un peu moins. On a ainsi pu voir le court-métrage Frozen Fever (La reine des neiges : une fête givrée) qui sera diffusé avant le film Cendrillon (à paraître le 25 Mars). On a aussi vu le début de Vice-Versa (le prochain PIXAR) ou encore l'intégralité du court-métrage le précédant (LAVA, c'est son nom). On va être clair : c'était exceptionnel. Après 3-4 ans à réaliser des films passables mais pas fous, PIXAR retrouve sa fougue d'antan avec des idées géniales qui parsèment chaque seconde de l'extrait. Je ne peux pas vous dire ce que j'ai vu, juste que j'attends avec énormément d'impatience sa sortie le 17 juin (cet avis vaut pour Vice-Versa et le court-métrage LAVA). Côté live-action, on a vu en exclusivité la seule minute plate d'Avengers 2, le trailer de Star Wars VII en 3D mais surtout : 7 minutes de Tomorrowland ("À la poursuite de demain" en français), le nouveau film de Brad Bird (Les Indestructibles, Mission Impossible : protocole fantôme, Ratatouille). On en a pris plein la vue et on attend impatiemment sa sortie le 20 mai. Disney a également usé de sa carte sensible avec "Le maître d'école", un film qui suit la dernière année d'enseignement d'un maître ayant 40 ans de bagage derrière-lui. François-Xavier Demaison, producteur, est venu nous le présenter et force est d'admettre qu'il a amené un peu d'originalité dans ce line-up plutôt explosif.
Pour ce qui est d'Universal, seuls deux films m'ont marqué : Everest et Les Minions. Everest raconte le périple d'un groupe de personnes à travers le mont Everest. Emmené par une troupe d'acteurs fantastiques (Jake Gyllenhaal, Keira Knightley, Robin Wright, Josh Brolin et plein d'autres), le film s'annonce plein de tension et compte nous prendre par les tripes. Sortie le 23 septembre. En ce qui concerne Les Minions, il se passe 40 ans avant Moi, moche et méchant et présente un groupe de Minions définitivement en quête d'un leader. On a pu voir 15 minutes du film, et c'était très drôle. Toujours réalisée par Pierre Coffin, cette petite bouffée d'humour sortira chez nous le 8 juillet, pour bien démarrer les vacances.
Vice-Versa, l'excellente surprise des studios PIXAR.
Des petits distributeurs extrêmement convaincants
Malgré la présence de Disney ou Universal, les petits distributeurs se sont faits une place de choix au Showeb. The Jokers et La Belle Company sont des nouveaux, mais ils nous ont fait forte impression, de part leur grand investissement dans l'évènement. The Jokers a présenté son line-up avec des passages ressemblant fortement aux jeux-vidéos des années 90, que ce soit DOOM ou encore les beat-them-all comme Splatterhouse. Fortement agrémentée de blagues sur les tendances cinémas (50 Nuances de Grey et autres), cette présentation nous a permis de découvrir Lost River, premier film réalisé par Ryan Gosling, qui profite d'un jeu sur la lumière de grande qualité, avec une ambiance alléchante. Cette présentation a aussi fait la lumière sur High-Rise, film dans lequel Tom Hiddleston (Loki dans Avengers et Thor) se retrouve dans un gigantesque gratte-ciel et découvre un monde complètement hors de contrôle. Intriguant, parfois drôle et surtout original, il reste un des meilleurs souvenirs de l'évènement. Rendez-vous le 8 avril pour Lost River et en fin d'année pour High Rise.
Du côté de La Belle Company, on a eu droit au retour aux sources d'Andrew Niccol à ce qu'il sait faire de mieux : la dénonciation. Réalisateur du très bon Bienvenue à Gattaca et de l'excellent Lord of war, il revient avec Good Kill, un film qui raconte l'histoire d'un homme (joué par Ethan Hawke, un habitué des films d'Andrew Niccol) chargé de tuer des terroristes du haut de son bombardier furtif. Un extrait saisissant de 8 minutes nous a été présenté et c'est sans équivoque un des meilleurs moments du Showeb. Un jeu d'acteur de qualité, une histoire qui nous amène déjà à se poser beaucoup de questions, et surtout une tension lancinante omniprésente. On est pressé de découvrir le film en intégralité le 22 avril en salles. L'autre gros morceau de La Belle Company c'était l'annonce d'un film réalisé par Orelsan, monté sur scène pour l'occasion. Le rappeur est venu nous présenter Orel & Gringe (titre provisoire), tiré de son album "Orelsan & Gringe sont les Casseurs Flowters". L'album étant une histoire racontée en 18 titres, le film sera donc une comédie musicale qui retracera cette histoire à l'écran. Pas de date de sortie pour l'instant, mais de très bonnes intentions. Vu la qualité des clips réalisés pour l'album ("Des histoires à raconter" en tête), on est confiant.
Orelsan et La Belle Company, venus présenter "Orel & Gringe"
On envoie du Pathé
Pathé avait bon nombre de projets à nous présenter, la plupart étant à vocation éducative. Pathé est fier de montrer que pour les films rejoignant ce programme ("La glace et le ciel" en tête), un gros dispositif sera mis en place, comme un site internet permettant d'en apprendre plus sur les recherches sur l'antarctique (thème du film "La glace et le ciel") ou encore de s'inscrire à des expéditions pour pouvoir faire avancer la science. Très bonne idée. Surprise inattendue, "Youth" est une comédie au casting quatre étoiles (Michael Caine, Harvey Keitel, Rachel Weisz) qui nous présente deux vieux amis, Fred et Mick, dans un hôtel luxueux, alors qu'ils se rappellent leur carrière d'antan. L'extrait présenté était à mourir de rire, et on espère que le film saura nous faire rire mais également nous émouvoir à sa sortie en fin d'année. Last but not least, on a vu les premières minutes de "Pourquoi j'ai pas mangé mon père", film d'animation de Jamel Debbouze. Cerise sur le gâteau, Jamel nous a fait la surprise de sa présence, et nous a raconté toute la genèse du projet, en évoquant le tournage du film en motion capture. La prouesse du film, c'est d'avoir recréer la voix et les mimiques de Louis de Funès dans cet univers simiesque que nous aurons la joie de découvrir dans nos salles le 8 avril prochain.
Avant de passer à la dernière partie, j'aimerai quand même évoquer le distributeur Urban qui n'a pas eu un très gros line-up mais nous a fait découvrir la comédie anglaise Burn Burn Burn, road-movie complètement déjanté dans lequel deux jeunes filles vont devoir honorer le dernier souhait d'une connaissance décédée en éparpillant ses cendres aux endroits où il l'a demandé. Pas de date de sortie pour l'instant, mais à surveiller, sans aucun doute.
Jamel Debbouze, venu nous présenter "Pourquoi j'ai pas mangé mon père".
Un mouton pour finir en beauté
Studio Canal a décidé de clôturer les festivités avec un line-up certes un peu pauvre, mais surtout avec l'avant-première du film "Shaun le mouton", dernier bébé des studios Aardman à qui l'on doit des merveilles comme Wallace et Gromit ou encore Chicken Run. Sans le moindre dialogue, Shaun le mouton est court, certes, mais plein à ras-bord de bonnes idées. L'animation en stop-motion (pas de numérique ici, juste des petits êtres et des décors en pâte à modeler) est excellente et on ne peut que féliciter la passion que les studios ont mis dans leur film et surtout la patience dont ils ont dû faire preuve. C'est une petite pépite originale qui alterne avec justesse entre humour et émotion, sans jamais lasser. Shaun clôture donc une excellente édition du Showeb, riche en surprises et en émerveillement. On reviendra certainement pour la prochaine édition, qui se tiendra en octobre prochain, toujours à Bercy dans notre bonne vieille capitale. Quand à vous, profitez du cinéma et prenez rendez-vous avec Shaun, il arrivera dans les salles le 1er avril.
Aardman n'a pas perdu de sa superbe, et nous le confirme avec Shaun le mouton.