Est-ce que les petits gars de CDProjekt vont réaliser le hold-up parfait cette année avec leur The Witcher 3 ? Toujours habitée par des personnages campés avec force et des décors grandioses, la franchise du studio polonais se refait une beauté pour le printemps avant de débarquer sur les machines des joueurs le 19 mai prochain. Immersion dans un monde chaotique en devenir, The Witcher 3 s'assume comme l'épisode tranchant d'une trilogie qui marquera à coup sûr les utilisateurs du monde entier.
Geralt reprend du service, le héros emblématique du monde de The Witcher est en proie à la tourmente et au questionnement après l'invasion de Nilfgaard. Placés derrière une machine de guerre qui faisait tourner le jeu sans faiblir, nous avons pu découvrir le prologue de The Witcher 3. Un prologue qui met dans le bain (littéralement), puisqu'il s'étale sur 3 bonnes heures bien tassées. Ce dernier introduit à la fois aux mécaniques de jeu mais aussi à l'univers dense et boisé des contrées médiévalo-fantaisistes de la licence. Et pour le coup, le jeu des polonais séquence le tout avec une fluidité pragmatique tout en détaillant narrativement les prémices d'une aventure dramatique depuis les hauteurs du palais de Kaer Mohen.
Tout débute par une intro béton et poignante portée par la musique folk du groupe Percival, dans le genre épique The Witcher 3 contextualise une ambiance et un ton, dès les premières minutes du jeu. Chose qu'il poursuit en présentant différents protagonistes, de manière bavarde certes, tout en laissant apprécier aux joueurs le gameplay du jeu et son environnement chatoyant aux textures détaillées et aux couleurs chaudes. Plein les mirettes.
L'occasion de pratiquer avec grâce le jeu du dialogue aux choix multiples, de draguer consensuellement la sombre Yennefer, et de s'adonner à l'art du combat avec la jeune « sorceleuse » Ciri et le patriarche aux tempes grisonnantes Vesemir. Mais très vite CDProjekt brouille les pistes, ce qui se déroule à l'écran depuis près de 30 minutes n'est qu'une syncope narrative, une manière d'amener le joueur dans le vif du sujet (chose que nous ne détaillerons pas dans le présent article pour éviter le spoil abusif). Cette mise en bouche a de quoi déboussoler au premier abord, mais elle indique formellement la puissance du récit qui tapisse comme une lame de fond l'intrigue menant les joueurs dans le monde interne du jeu. Un jeu qui rappelons le est sensé être 35 fois plus grand que celui de The Witcher 2, rien que ça.
The Witcher 3 reprend beaucoup du gameplay du second épisode mais il ajoute des surcouches épisodiques à différents segments ergonomiques de ses modulations machinales. Et ça, manette en main c'est plutôt « bonnard » (car malheureusment malgré le PC, nous avons pratiqué le Geralt sauvage à la manette). Plus de clarté, plus de feedbacks, plus de mesure dans les déplacements, The Witcher 3 joue la carte de l'organique en développant ce sens de la facilité des approches tout en multipliant les effets conscients ou inconscients qui mènent à la production des actions ingame. Entre traditionalisme et néo-conservatisme patentés, The Witcher 3 ajoute de petits effets visuels pour indiquer si par exemple un mob à un level excédant celui de Geralt de façon à pratiquer l'art de la fuite, en toute quiétude, si jamais vous étiez amenés à croiser des récalcitrants beaucoup plus puissants que vous. Ces derniers seront marqués d'une tête de mort si jamais ça s'avérait être le cas. Si les menus ne sont pas des plus pratiques à utiliser à la manette, la roue de « compétences » elle est facilement déployable pour orienter vos actions en combat. Vous retrouverez ainsi pas mal des éléments qui ont fait la saveur de l'histoire de la saga :
Symbole | Pouvoir | Effet |
Yrden | Piège magique, le déployer permet de ralentir les mobs, de tweaker leurs attributs dans une aire limitée. Une aggro peut permettre de faire passer les ennemis dans la zone touchée en se déplaçant. | |
Quen | Créez un bouclier de protection, ce buff de défense peut s'avérer vital contre des créatures magiques ou des ennemis puissants. | |
Igni | Enchantez vos armes ou utilisez la magie du feu pour vous défaire des situations les plus périlleuses. Un des pouvoirs les plus puissants des sorceleurs. | |
Axii | Cette compétence agit sur l'esprit des PNJ du jeu à l'occasion des dialogues contextuels mais aussi lors des combats pour contrôler un des belligérants vous attaquant. | |
Aard | Souffle télékinétique, développe une aura qui aura pour fonction l' « abattage » de vos assaillants. |
Ces pouvoir sont utilisables en jeu et permettent l'approche dynamique des combats selon le degré de dangerosité ou la tactique à employer en fonction de la nature de vos opposants. Ils sont associés à des mécaniques simples et imprimables à la commande de mouvements, parfois même automatisés comme la contre-attaque arme au poing qu'il faudra timer pour ainsi la voir se déployer. Parade et esquive sont toujours des moteurs en combat et caractérisent le tempérament et l'issue de chacun d'eux. The Witcher 3 se veut ainsi maniable et facile d'accès tout en conservant une architecture de gameplay profonde puisque le crafting, l'alchimie et donc fatalement la cueillette font partie de cet écosystème à la portée qui n'a rien de marginale. Le crafting est ainsi organisé selon les objets et ingrédients à trouver dans la région dans laquelle se trouve Geralt. Il est à noter que CDProjekt a spécialement travaillé la personnalisation du monde qui entoure notre sorceleur-botaniste. À chaque région, son biotope, sa pharmacopée, ses plantes et herbes, ses conditions climatiques influant sur le contexte socio-économique de l'endroit où vous vous trouvez sur la carte.
La richesse de The Witcher 3 joue aussi sur des données méta-organisationnelles qui légifèrent sur la nature du monde du jeu, le tout balayé par le spectre d'un cycle jour/nuit qui laisse respirer l'ouvrage (à coups de bourrasques légitimes) entre deux quêtes bien argumentées. Pour crafter bombes, huiles ou potions, il vous faudra donc connaître un minimum le background des régions que vous arpenterez même si les marchands du jeu vous offriront sporadiquement leurs services moyennant finances sonnantes et trébuchantes. Pour une « Potion de Chat » (qui vous transformera en véritables nyctalopes) il vous faudra récupérer des fruits de Berbéris, des pétales d'Elébones, de l'eau de vie naine et de la cortinaire, le tout est précisément indiqué dans votre menu de crafting selon les recettes dont vous disposez. Une fois ces éléments en votre possession vous voilà aptes à crafter à tout moment votre potion avec transparence sans avoir besoin de vous arrêter à un lieu donné. De l'idée de la fluidité.
The Witcher 3 compartimente son approche en déroulant sa trame principale en ligne droite et en y implémentant une multitude de side-quests bien amenées dans le récit du jeu. Le système d'enquête en ligne droite est donc altéré par la possibilité de s'y substituer comme tout bon RPG moderne qui se respecte. CDProjekt propose à ce niveau des rencontres parfois pittoresques avec des personnages animés d'intentions parfois inattendues. Le tout se déroule en temps réel, avec des dialogues où la synchro labiale n'est pas balbutiante sous les effets d'un moteur de jeu qui permet des modélisations poussées des visages des PNJ. Détails et textures sont au rendez-vous, The Witcher 3 est « archi-beau ! » quel que soit le contexte, en plus de proposer une physique aux propriétés incluant le ragdoll. Soigné et poussé dans son aspect technique ou cosmétique, le jeu des polonais propose un panel d'environnements champêtres où les lens flares entre deux branchages viennent parfois vous rappeler la maestria de ses développeurs. Le quick travel amoindrit l'effet qu'aurait pu occasionner le yoyo entre les quêtes à pieds ou à cheval. Et les devs ont même pensé à un système permettant aux joueurs à dos de leur fidèle canasson, d'automatiser leur voyage pour éviter tout bug de collision du à un buisson au masque récalcitrant. Le diable est dans les détails.
Et comme cela ne suffisait pas, entre deux chopines à l'auberge du coin, nous avons pu nous essayer au Gwynt, un jeu de cartes des anciens nains qui donne un peu de ressors à l'univers du jeu tant il est emprunt de mécaniques ayant fait leurs preuves. Le Gwynt ressemble à Magic dans son approche. Très traditionnel dans sa mise en place, il met en scène des cartes aux propriétés spéciales : level, type (CaC ou siège par exemple), héros et des cartes météo qui influent sur la valeur de ces cartes. Une carte « froid » par exemple influera sur les combats rapprochés octroyant aux fantassins des malus divers et variés. Une carte « Pluie » à contrario rendra moins effective les unités de siège et de combats à distance. À l'écran, le joueur peut mettre en jeu ses cartes sur des lignes selon leur nature. En additionnant leur valeur il peut porter des attaques qui selon leur force permettent de faire des dommages à l'adversaire durant des Bo2 , symbolisés par un système de gemmes clair et précis. Les cartes sont détaillées, les artworks bien réalisés, et le Gwynt est plaisant à jouer. Un ajout des plus sympathiques, puisque des cartes de héros légendaires seront aussi récupérables si le joueur s'impose de finir toutes les quêtes annexes du jeu.
L'avis de la rédaction
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Sur les traces de la belle Yennefer, The Witcher 3 et son prologue nous ont fait une très belle impression. Avec ses combats fluides, aux surcouches multiples, comme lors de notre chasse au Griffon qui aura clos notre session, le soft de Namco a assez de peps pour entraîner les joueurs dans son vaste monde irisé par le chaos. Le plus impressionnant dans tout ça est certainement la dialectisation de cet action RPG moderne, racée au possible, bavarde comme au bar du coin quand les piliers de comptoir refont le monde derrière leurs mousses, et immersive au possible grâce à une contextualisation narrative (autant sur le plan formel de l'écriture que technique sur le plan graphique) qui focalise les intentions bouillonnantes du jeu de CDProjekt. Geralt et Vesemir peuvent clore la trilogie avec un à propos que l'on espérait particulièrement. Rendez-vous le 19 mai prochain sur Millenium pour notre test final du jeu. |