Grim Fandango Remastered : le test
Double Fine ont décidément le vent en poupe en ce moment. Alors qu'ils enchaînent les jeux à une vitesse folle (Broken Age, Massive Chalice), ils décident de déterrer le bon vieux classique Grim Fandango. Développé par Lucasarts et sorti exclusivement sur PC en 1998, il arrive sur PC et consoles PlayStation dans une version remastérisée. Alors, c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes ?
Trailer de Grim Fandango Remastered
Genre : Aventure / Point n' click
Date de sortie : 27 Janvier 2015
Éditeur : Sony
Développeur : Double Fine Productions
Support : PC, Mac, PS4, PS Vita
Prix : 14,99€
PEGI : 12
Retour en 1998, Marty !
Grim Fandango est un point 'n' click sorti originellement sur PC en 1998. Développé par le très populaire studio Lucasarts (Monkey Island, Day of the tentacle), celui-ci nous emmène directement dans les Enfers. On suit Manny Calavera, faucheuse chargée de faire transiter les morts de leur « mort » au repos éternel. Mais cela ne se fait pas si simplement. Pour pouvoir voyager jusqu'au « paradis », les morts ont plusieurs moyens de transport possibles : de la marche à pied au Neuf express, train à grande vitesse. Leurs conditions de transport dépendent de leur comportement dans la vraie vie. Ceux qui ont passé une vie de pêchés doivent quant à eux se racheter en travaillant au Département des Morts, comme Manny.
Pour pouvoir partir au « paradis », Manny doit donc gérer un maximum de bons contrats. On incarne un Manny en perte de vitesse qui récupère de moins en moins de clients et surtout, moins de bons clients, alors que son concurrent les récupère tous et accroît sa notoriété de jour en jour. Notre objectif va donc être de trouver ce qui cloche et de permettre à Manny de retrouver sa gloire passée pour obtenir son ticket pour le Neuf express.
Voici à quoi ça ressemble, de récupérer un corps dans le merveilleux monde des humains
¡ Viva El Alamoual !
Premier jeu en 3D de Lucasarts, Grim Fandago est en réalité un mélange de 3D et de « dessin animé ». À l'instar d'un certain Final Fantasy VII sorti un an plus tôt, les personnages sont ici des modèles 3D là où les décors sont dessinés. Parfois parés d'animations, ils permettaient au studio de se lâcher sur l'ambiance alors que la 3D n'était pas réellement au point. Cela permettait au jeu de proposer une plastique magnifique et une ambiance originale et marquée. La force de Grim Fandango, c'était également son histoire, puisant dans la culture hispanique et plus précisément son « jour des morts ». Comme pour une majorité des jeux Lucasarts de l'époque, les dialogues et les musiques sont excellents.
Mais là où se distinguait Grim Fandango, c'était au niveau du gameplay. Proposant pour la première fois dans un point 'n' click la possibilité de se déplacer librement avec les flèches ou le pad, il accentuait encore plus l'immersion et l'idée d'entrer dans une nouvelle génération de jeux. C'est chose réussie puisque nos point 'n' click modernes (The Walking Dead, The Wolf Among Us, Life is strange) utilisent ce procédé. Une seule chose pêche réellement dans le gameplay de Grim Fandango : l'inventaire. Chaque fois que Manny trouve un objet, il le range dans son costume. Pour récupérer un objet, on est donc obligé de checker, un par un, tous les objets que Manny cache dans son costume. Autant dire qu'après avoir amassé les objets, il est facile d'être frustré à l'idée de ne pas pouvoir y accéder simplement.
L'inventaire de Grim Fandango : The true face of evil
Definitive Remaster Rebirth HD Edition
Parlons enfin des apports de cette édition « remastérisée ». Comme toute bonne remastérisation qui se respecte, elle propose avant tout des textures plus soignées. Mais à part les personnages et certains éléments interactifs du décor, il y avait peu de « vraie » 3D dans le jeu d'origine. On se retrouve ici avec des personnages finement refaits qui sentent bon le 1080p et des décors qui n'ont pas changé d'un poil. On peut noter un alliasing qui sent bon les anciennes générations. Si ce n'est pas dérangeant sur le coup, c'est surtout le contraste entre les nouvelles textures et cet alliasing qui fait un peu peine à voir. Il est possible, d'une simple pression d'un bouton, de passer sans coupure de la version 1997 à la version 2015. Le jeu est en 4/3 mais une version 16/9 est également proposée.
Si vous souhaitez vous y adonner, je ne vous le conseille pas. Du tout. On a simplement droit à un zoom immonde. Des ajustements ont également été faits au niveau des déplacements, désormais plus intuitifs et adaptés à « notre époque ». En farfouillant dans les menus, il reste quand même possible de choisir les anciens contrôles. Passons désormais aux ajouts « fan-service ». Double Fine a été plutôt cool à ce niveau-là, en proposant de pouvoir faire le jeu avec les commentaires audio des créateurs, ou bien d'accéder à tout moment à une grosse galerie d'artworks.
Le chauffeur de Manny n'a pas très bien digéré le passage à la HD
2015 ≠ 1997
Grim Fandango Remastered est sorti sur PC, évidemment, mais également sur consoles PlayStation, pour permettre à un nouveau public plus « large » de s'essayer à ce grand classique. Le problème, c'est que Grim Fandango est un jeu tordu, très tordu. Ces énigmes vous donneront du fil à retordre dès les premiers chapitres et il est dommage que Double Fine n'ait pas pensé à rajouter un mode « simplifié » pour cette nouvelle génération de joueurs.
La qualité de la narration nous motive à continuer et donne envie de découvrir l'univers, et c'est d'autant plus frustrant de parfois rester bloqué. Les fans ne seront pas gênés, mais pour un jeu qui a, malgré la critique enthousiaste, fait un bide à sa sortie en 1997, il serait un peu bête de rater sa deuxième sortie en « effrayant » ce nouveau public. Surtout qu'à long terme, ce Grim Fandango Remastered aurait pu servir de passerelle entre les Telltale Game Series (The Walking Dead, The Wolf Among Us) et les anciens Lucasarts (Day of the tentacle Remastered étant lui aussi prévu).
Ces deux tuyaux constitueront un de vos premiers obstacles dans le jeu
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Les plus et les moins |
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Il est toujours bon de réviser ses classiques | Trop peu d'améliorations graphiques | ||||
Une ambiance toujours aussi unique | Difficulté facilement rebutante | ||||
Des ajouts pour les fans (commentaires audios, artworks) | Le 16/9e, inutile et bâclé | ||||
L'ouverture aux consoles Sony | |||||
Le prix, d'autant plus avec le cross-buy PS4/Vita |