Après deux années passées à résister au joug coréen, les occidentaux ont finalement bouté l’oppresseur hors de leurs terres. Non pas grâce à un quelconque exploit eSportif mais plutôt du fait d’une intervention divine, celle de Blizzard pour qui la présence de douze ou treize Coréens dans le top 16 des WCS Amérique commençait à devenir un peu excessive. Dès lors, l’espoir est revenu dans nos contrées et si une victoire finale à la BlizzCon semble toujours utopique, les joueurs du Vieux Continent et du Nouveau Monde (entre autres) aborderont l’année 2015 avec optimisme, la compétition au niveau largement affaibli dans les WCS unifiés leur offrant une chance inespérée et plutôt bienvenue de bien figurer.
Cependant, tous ne seront pas des candidats pour un top 4 ou un top 8. En Foreignie comme ailleurs, une hiérarchie va se mettre en place. Le classement ci-dessous ne représente donc pas nécessairement le top foreigner actuel mais plutôt l’ordre dans lequel on pourrait les retrouver fin 2015, lorsqu’il s’agira d’additionner les points WCS.
Le cinq majeur
#1 |
Snute |
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Déjà excellent dans les tournois remplis de joueurs coréens (sa présence dans les quarts de finale des trois derniers IEM en est la preuve), Snute est logiquement le grand favori pour rester au sommet de la hiérarchie. Dix-septième au classement WCS en 2014, le privant pour un rang de la grande fête, le joueur Liquid devrait sans trop de problème acquérir une place parmi les meilleurs en novembre prochain. Ce serait mérité au vu de sa régularité globale. Car s’il lui arrive d’avoir des coups de mou (mais quel joueur n’en a pas ?), ceux-ci sont compensés par une présence régulière dans les derniers stades des compétitions auxquelles il se rend.
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#2 |
Lilbow |
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Est-ce du chauvinisme, de l’excès de confiance ou de l’inconscience que de placer Lilbow si haut ? Pas si sûr. Si l’on s’en tient à son palmarès lors des grandes compétitions, cette deuxième place paraît en effet bien utopique. Mais quand on regarde de plus près les résultats du dernier arrivant de l’équipe Millenium, l’optimisme est de mise. Il faut bien se rendre compte que jusqu’au début de l’année 2014, Lilbow était encore un complet inconnu. Un an plus tard, il est considéré par ses pairs (ShoWTimE notamment) comme le meilleur Protoss non coréen et ce sans avoir jamais dépassé le top 24 d’une grande compétition. Ce statut, il le doit à une progression rapide et, surtout, ininterrompue et à un PvZ au ratio indécent de 72%. C’est d’abord sur l’hexagone qu’il commence son emprise. D’abord vainqueur surprise de la saison 4 du Championnat Francophone en mars dernier, il enchaîne ensuite les éditions d’Underdogs avec brio, en remportant cinq, record à la clé. Non content de dominer la scène nationale, il décide d’enclencher la seconde à l’automne et cette fois, ce sont les Européens qui vont en faire les frais. Vainqueur du Foreigner Fun, deuxième du tournoi Who’s The Best European et de la ZOTAC Saison 3, le Protoss est sur le point d’entrer dans la cour des grands. De plus en plus régulièrement, il demeure le seul foreigner (et donc le seul drapeau français) restant dans des tournois gorgés de joueurs coréens. Ça vous rappelle quelqu’un ? |
#3 |
Bunny |
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Autrefois moqué pour ses performances supposément dues uniquement à la puissance des Hellbats, Bunny a pris une dimension toute autre en 2014 suite à son recrutement chez Team Liquid. En terminant six fois dans le top 16 de compétitions majeures, dont deux fois dans le top 8 (à la DreamHack Bucarest et aux WCS Europe Saison 3), il s’affirme comme l’un des foreigners les plus réguliers. Mais c’est surtout sa victoire à Londres lors du Gfinity G3 au nez et à la barbe de HyuN qui le propulsera au-devant de la scène (tout en agrémentant son compte en banque de quelques 16 000 $ supplémentaires). Peut-être est-ce dû à un entraînement poussé avec ses collègues TLO et Snute mais toujours est-il que le TvZ de Bunny est devenu une arme de destruction massive, lui permettant de voler la vedette à un Dayshi qui n’a pas atteint les sommets espérés en 2014. Ses autres match-ups sont certes un peu en dessous mais là où son TvT était clairement à la traîne il y a de cela six mois, ce n’est plus le cas aujourd’hui, ou en tout cas beaucoup moins, le Danois ayant acquis une palette assez homogène. Fermement malmené à la DreamHack Winter (0-8 sur les quatre matchs disputés), cette contre-performance ne doit pas effacer une année 2014 de grande qualité de la part du joueur Liquid. |
#4 |
Jim |
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On aurait presque tendance à l’oublier mais les WCS unifiés accueilleront aussi des représentants chinois, taïwanais ou australiens. Parmi ceux qui porteront les couleurs de l’empire du milieu, un jeune Protoss, Jim. Après une performance remarquée lors de la saison 2 des WCS Amérique en 2013 où il terminera à la cinquième place, Jim s’est fait discret jusqu’à revenir en forme lors du dernier trimestre de 2014 avec un top 16 en saison 3 des mêmes WCS mais surtout un magnifique top 4 à domicile lors des IEM Shenzhen après avoir battu Life, TaeJa et San, excusez du peu. Peu de joueurs peuvent se prévaloir d’avoir réalisé un tel résultat (y en a-t-il au moins un à l’heure actuelle ?) et vu la vitalité de la scène chinoise (probablement la deuxième nation la plus forte sur StarCraft II), nul doute que Jim aurait le potentiel d’être plus haut dans ce classement, si ce n’est à la première place. Le problème … c’est qu’il est chinois, la difficulté d’obtenir un visa limitant dès lors considérablement ses déplacements en vue de récolter des points lors des tournois annexes. Ce souci, particulièrement gênant pour un joueur professionnel, l’avait notamment privé de la finale des WCS Saison 2 à la GamesCom en 2013. Mais avec quatre spots automatiquement attribués à la Chine chaque saison en 2015, Jim risque bien de se faire une place particulièrement confortable dans la hiérarchie non-coréenne. |
#5 |
Scarlett |
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D’abord soulagés d’avoir réussi à se débarrasser de l’emprise coréenne, les joueurs nord-américains ont vite déchanté lorsqu’ils ont appris que la saison 2015 serait sans doute moins tranquille que prévue. Car si la présence de Polt et viOLet était depuis longtemps actée, celle de Hydra et de Jaedong n’est pas le meilleur des cadeaux de Noël pour une scène déjà moribonde. Sur les huit spots alloués aux résidents canadiens et américains, quatre seront déjà pratiquement hors de portée (même si viOLet est loin d’être invincible). Dès lors, seule Scarlett apparaît comme suffisamment solide pour se hisser dans l’élite de manière systématique (avec HuK et Kane dans une moindre mesure). L’année 2014 fut assez curieuse pour Scarlett. Là où Snute et Bunny ont montré une régularité sans faille, ce ne fut pas le cas de la Canadienne qui a fait le yo-yo entre des contre-performances embarrassantes et des coups d’éclat magnifiques. Le meilleur exemple est le grand écart entre la saison 2 et la saison 3 des WCS Amérique (battue 3-0 par hendralisk en Challenger League dans le premier cas, top 8 dans le deuxième). Mais c’est surtout lors de la MLG Anaheim qu’elle a montré qu’il faudrait toujours compter sur elle en terminant dans le top 4 en tapant au passage Life, DongRaeGu (dont une game en Protoss) et RagnaroK, là où les autres foreigners étaient tombés depuis bien longtemps. Grâce au nouveau format des WCS, sa rivalité avec Polt, déjà passionnante en 2014, risque d’être particulièrement intéressante cette année. |
Les suppléants
MajOr : La nouvelle formule des WCS allouant automatiquement deux spots à l’Amérique Latine, MajOr est pratiquement assuré d’avoir une place au chaud à toutes les saisons. Si toutefois il daigne bien passer la frontière. Car si son talent n’est pas contesté (et ce n’est pas l’équipe de France qui dira le contraire) sa propension à systématiquement déclarer forfait lorsqu’il est convié à un tournoi est particulièrement handicapant (pour lui) et agaçant (pour les autres).
Kane : StarCraft II a beau être un jeu développé aux États-Unis, les Américains ne sont pour autant même pas la nation la plus forte d’Amérique du Nord. Le Canada a toujours eu un représentant dans les meilleurs foreigners (HuK puis Scarlett) et ce n’est pas près de s’arrêter tant Kane a progressé depuis son arrivée chez mYinsanity. Les places en Premier League seront chères et les prétendants devront se battre pour lui arracher son ticket.
Petraeus : À la manière de MajOr, Petraeus bénéficie du nouveau système WCS, l’Océanie disposant de deux places d’office en Premier League. Étant à l’heure actuelle le joueur le plus fort du continent (même si PiG et iaguz ne sont pas à sous-estimer), sa présence régulière dans l’élite couplée à une progression constante depuis plusieurs mois devraient lui assurer une moisson non négligeable de points WCS.
ShoWTimE : Double vainqueur des EPS Allemagne, le titre le plus convoité par les joueurs d’outre-Rhin, ShoWTimE est, à la manière de Lilbow un joueur en pleine progression même si c’est en 2013 qu’il avait marqué les esprits avec sa double victoire face à Mvp dans les WCS Europe. Grâce à des performances sensiblement équivalentes dans chacun de ses match-ups, le Protoss n’en est que plus difficile à aborder.
Harstem : En progression constante ces deux dernières années, Harstem semble atteindre un palier ces derniers temps. Cependant, sa motivation est sans bornes et malgré ses airs de joyeux drille, le Néerlandais est un travailleur. Le départ des Coréens devrait lui conférer un nouveau statut de pilier de la scène européenne.
Sen : À bientôt 28 ans, Sen est toujours un joueur à ne pas négliger. Autrefois abonné aux quatrièmes places, il a surpris tout le monde cette année en remportant face à HyuN le Taiwan Open, devenant le premier foreigner à gagner un tournoi majeur depuis Snute en 2012 (et le dernier à ce jour). Trois semaines plus tard, il s’empare du Hong Kong Esports Tournament … sur Hearthstone. Un joueur complet donc qui devrait sans trop de problèmes s’installer durablement en Premier League (deux places étant allouées à Taiwan et ses voisins Hong-Kong et Macao), à moins que Has et Ian ne viennent mettre leur grain de sel.
Dayshi : En remportant le Championnat Francophone après quatre tentatives manquées, Dayshi a montré que lorsqu’il était en forme et motivé, rien en France ne pouvait l’arrêter (à moins probablement d’un Lilbow au top). Peu verni lors des tirages au sort ces dernières saisons, le Terran n’aura plus à se soucier de se retrouver dans un groupe avec trois Coréens en 2015, une perspective qui ouvre alors largement le champ des possibles.