Chronique Ciné n°6 - Hunger Games : La Révolte, partie 1 & White God
Si vous êtes ici, c’est parce que vous vous intéressez un tant soit peu au milieu du jeu vidéo. Mais ce n’est pas de gaming dont nous allons parler aujourd'hui. Vous pouvez retrouver notre chronique cinéma tous les dimanches, afin de vous orienter vers les films à aller voir chaque semaine. Ce sera aussi l’occasion pour la Rédaction de vous donner son avis sur les sorties.
Hunger Games : La Révolte, partie 1 - bande-annonce
Hunger Games : La Révolte, partie 1
De Francis Lawrence
Avec Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson, Liam Hemsworth, Julianne Moore, (RIP) Philip Seymour hoffman
Le pitch (GROS SPOILS DU DEUXIÈME ÉPISODE)
On retrouve Katniss après « L'embrasement », qui doit alors mener la rébellion contre le Capitole après les agissements du président Snow. Peeta est prisonnier au Capitole, et elle va tout faire pour le récupérer. C'est tout.
La nouvelle Cressida ( la réfugiée de Game Of Thrones Natalie Dormer) et Gale (Liam Hemsworth).
Le film en kit
De nos jours, on peut remarquer que le cinéma et le jeu vidéo se côtoient de plus en plus. Si le jeu vidéo moderne s'est inspiré du cinéma avec la performance capture ou encore la narration, le cinéma s'inspire aujourd'hui des modèles économiques douteux du jeu vidéo. Car mesdames et messieurs, Hunger Games : La Révolte est un vrai season pass. Si ce n'est pas le premier film réalisé en deux parties, c'est sûrement celui qui pense le plus avec le portefeuille. Soyons clair dès le début : Hunger Games 3.1 (c'est plus simple à dire) est un vide scénaristique. Si bien que je crains que Francis Lawrence n'ait réalisé le film qu'avec les petits restes de la deuxième partie. Quoique le titre veuille dire, dans Hunger Games 3.1, il n'y a pas de révolte. On passe le film à suivre les tourments amoureux de Katniss (qui sont peut-être encore pires que dans l'embrasement) et son ascension en tant que Mockingjay (Geai Moqueur). Et le tout n'est malheureusement pas dilué pour faire passer la pilule.
Katniss (J-Law) va dans un hôpital à la rencontre des victimes du Capitole... et c'est peut-être la seule bonne scène du film.
Garanti 100% papier recyclé
Contrairement au Hobbit : la désolation de Smaug, qui contrebalançait son manque de scénario avec des scènes d'action explosives, Hunger Games 3.1 fait le minimum syndical de ce côté-là, se contentant d'une explosion par ci par là, histoire de nous dire qu'il y avait de l'action. Si la réalisation est correcte, le film manque énormément d'inspiration. Il n'y a aucune évolution. Le décor est quasiment toujours le même, on retrouve les mêmes relations entre les mêmes personnages qui n'ont pas évoluées depuis la fin du premier épisode. Jennifer Lawrence passe son temps à pleurer, Josh Hutcherson est quasi absent mais son léger temps d'inspiration est suffisant pour le rendre insupportable, Julianne Moore (qui joue un nouveau personnage) a vu de la lumière et est entrée, Liam Hemsworth est toujours pareil. Mais tout n'est pas si noir...
Plutarch (Philip Seymour Hoffman) et la présidente Coin (Julianne Moore).
Geai rigolé
Si la série n'a pas gagné en originalité ou en profondeur, elle conserve quand même l'arme secrète qui m'a gardé en salle : sa niaiserie. Si vous n'aimez pas Hunger Games, que le triangle amoureux vous paraît complètement cucul, que vous trouvez que l'intrigue se devine à 4000 kilomètres, vous allez adorer ce film. Si ce n'est pas sa vocation première, Hunger Games 3.1 est l'un des films les plus drôles de l'année. Les 2h00 de projection sont meublées de situations incohérentes et ridicules au possible. Entre le chat de Katniss qui survit aux explosions là où des milliers d'humains meurent, elle qui le range dans sa sacoche comme un mouchoir usagé, et certains dialogues terriblement mal interprétés, c'est définitivement une attraction à réaliser entre amis. Même les fans hardcore de Hunger Games, dont la salle était pleine, ont passé la séance à rigoler.
Entre incohérences et fragilité, voici Hunger Games : La Révolte, partie 1.
Pour quelques minutes de plus...
Je vous ai menti, La Révolte partie 1 n'est pas un vide scénaristique. Ou du moins, pas totalement. Si 80% du film est creux, les dernières minutes sont ultra-punchy et s'offrent le luxe des meilleures révélations du films, de fous rires garantis, d'un jeu d'acteur Peeta-resque, d'action (enfin !). Cette fin introduit parfaitement la partie 2, et l'annonce au moins sous une meilleure aube que la première. Donc si vous êtes un fan hardcore, trouvez-vous un autre film et venez juste en salle pour les 20 dernières minutes.
Haymitch (Woody Harrelson), l'un des meilleurs personnages de la série, quasiment absent de cet épisode.
Mais monsieur c'est la crise !
Réalisé par des producteurs pour une audience qui sera, peu importe la qualité du film, au rendez-vous, Hunger Games : La Révolte, partie 1 est une arnaque. Pendant que vous dormez 1h30 en attendant que le film démarre, les producteurs (déjà responsables de Twilight et Divergente) vous volent votre argent directement dans le portefeuille. L'explosif cliffhanger des 20 dernières minutes vous ayant réveillé et préparé pour la suite, ils sont assurés que vous reviendrez l'année prochaine, pour la partie 2. Partie que l'on espère un peu moins ennuyeuse que la première.
White God - bande-annonce
L'Ovni de la semaine : White God (sortie le 3 Décembre)
De Kornél Mundruczó
Avec Zsófia Psotta et Sándor Zsótér
Le pitch
À cause des lois en vigueur en Hongrie, la jeune Lili ne peut pas garder son chien Hagen, un bâtard, sous peine de devoir payer une certaine somme. Malheureusement, son père (avec qui elle vit), ne veut pas payer. Au lieu de le mettre à la fourrière, elle préfère le laisser dehors. Hagen va donc traverser moultes aventures dans le monde de la rue et subir la cruauté des humains. Il fomente donc une révolte contre les humains avec l'aide d'autres chiens qui ont subi cette même cruauté.
Lili & Hagen, deux personnages inséparables.
Hongrois rêver
La séance s'ouvrait sur une interview avec le réalisateur, présent dans la salle. Interview qui nous a permis d'en apprendre plus sur le film et les intentions de son réalisateur, afin de mieux comprendre son œuvre. Il nous a principalement rapporté son envie de montrer l'humanité des chiens et surtout d'utiliser le moins possible d'effets numériques. Contrairement à la Planète des Singes, il n'est point question de performance capture ici. 280 chiens ont été domestiqués pour l'occasion : bluffant.
La mort aux trousses.
Quand les hommes deviennent de mauvais chiens ...
Avec White God, le réalisateur cherche à montrer la cruauté des humains envers les animaux, et en un sens, il y arrive. Le film nous présente tout ce qu'il y a de plus horrible de ce fait. On navigue ainsi entre les fourrières surpeuplées et les combats à mort de chiens errants. On assiste même à l'élevage de l'un d'eux dans une scène émotionnellement forte. Les humains apparaissent ainsi comme des chiens sauvages, toujours près à attaquer tout ce qui lui est inconnu ou incompris.
Une fourrière ? Aussi facile d'y entrer que d'en sortir dans White God.
... et les chiens de mauvais hommes.
A contrario, les chiens prennent ici le plus mauvais des caractères humains, la vengeance. Après avoir subi des années de servitude et "d'esclavage", les chiens décident de se venger, sans concession, avec pour objectif de les tuer jusqu'au dernier. Le film ne se met d'ailleurs aucune limite en termes de violence. Très cru, il ne cache rien, allant parfois jusqu'au "gore".
On ne vous l'a pas dit ? Le film a eu le Prix "Un certain regard" au Festival de Cannes cette année.
Le dieu du son
Composée par Asher Goldschmidt, la musique capture la férocité de la cohorte de chiens et sa maestria à la fois. Elle prend une énorme part dans White God, si bien que l'on se rend compte que le film est articulé comme une véritable symphonie. Il évolue ainsi au fur et à mesure que la petite Lili avance dans ses cours de musique. Malheureusement, comme dans une symphonie, le milieu est un peu répétitif et on sent parfois l'ennui s'installer. Mais, cela va de soi, White God se termine sur un bouquet final renversant et un dernier plan magnifique qui clôt la symphonie de fort belle manière.
La cohorte de chiens assoiffés de vengeance se paye la meilleure musique du film.
Fehér isten
Sans être un film d'auteur renversant, White God est une bonne pioche qui a le mérite d'être originale malgré une postulat de départ qui l'est beaucoup moins. Et en plus, la musique est fantastique.