Valkyria Chronicles - Le Test
Mise à jour du 17 mai : L'excellent Tactical-RPG de Sega s'offre une promotion monstre en passant son prix sous les 7€ sur Steam. une aubaine pour ceux qui ne se seraient pas encore essayés à ce petit bijou. Cette offre prendra fin à 18h00.
Développé et édité par Sega, Valkyria Chronicles vous propose de mener vos troupes sur le champ de bataille dans un mélange original de tour par tour et de temps réel à la troisième personne. Originellement sorti sur PS3 alors que la console était encore jeune, Valkyria Chronicles est un Tactical-RPG à la japonaise qui fut acclamé par les critiques mais qui ne rencontra malheureusement pas le succès escompté en terme de ventes. Six ans et une adaptation en animé plus tard, le voilà qui débarque pour notre plus grand plaisir sur nos PC grâce à Steam. Découvrez ce que vaut cette adaptation dans notre Test.
Valkyria Chronicles : Trailer Steam
Date de sortie : 11 novembre 2014
Éditeur : Sega
Développeur : Sega
Support : PC (Steam)
Prix : 19,99 €
Langues : Anglais, Japonais
La boulangère s'en va-t-en guerre
Notre histoire se déroule en 1935 dans une version alternative de l'Europe, tant géographiquement qu'historiquement. Marquée par d'obscurs éléments mystiques et cataclysmiques passés, l'Europe est à présent coupée en deux entre l'Empire Autocratique à l'Est et la Fédération Atlantique à l'Ouest. Les ambitions de l'Empire le poussent à déclarer la guerre à la Fédération, ce qui déclenche la seconde guerre européenne. Entre ces deux superpuissances a le malheur de se trouver Gallia, un petite nation neutre qui dispose d'importants stocks de Ragnite, un minerai fictif aux propriétés fantastiques qui s'avère vital tant pour l'industrie que pour l'armée. Cela n'a évidement pas manqué d'attiser la convoitise de l'Empire qui fait face à une pénurie grave de ce précieux minerai, une invasion massive est donc lancée.
Les cinématiques, briefings et batailles sont divisés en épisodes dans un livre d'histoire.
Dans le petit village frontalier de Bruhl, Welking Gunther, un naturaliste fils d'un général à présent décédé et Alicia Melchiott, une boulangère orpheline, sont forcés de fuir l'envahisseur et d'évacuer la ville. Par la suite ils sont conscrits, et de fait enrôlés dans la milice. S'ensuivront de nombreuses batailles d'ampleur croissante avec leur unité afin de libérer leur contrée, dont une grande partie est tombée sous le joug de l'Empire. Cependant ils le feront dans la joie et la bonne humeur en général, ils n’oublieront pas non plus de se compter fleurette de façon timide entre deux massacres. Globalement l'histoire est donc traitée d'une façon assez légère mais intéressante, et si la niaiserie des personnages risque occasionnellement de vous écœurer, il est difficile d'en décrocher. Valkyria Chronicles possède aussi un aspect un peu plus sombre, même s'il n'est pas toujours traité avec la gravité qu'il aurait fallu; car ce parallèle historique possède aussi sa minorité sans patrie qui fait face à beaucoup de racisme et de discrimination, et ce jusqu'au au sein même de votre unité, ce qui donne lieu à quelques tensions. Le sujet des camps de concentration, ceux de travail forcé et leur génocide est lui aussi traité, probablement d'une façon un peu trop superficielle et brève mais cela ajoute néanmoins un peu de gravité au milieu de la niaiserie ambiante.
Notez au passage que le jeu ne dispose pas de version française, uniquement anglaise et japonaise (la combinaison de voix et de sous-titre étant à votre convenance). Si vous avez des difficultés avec la langue de Shakespeare, vous ne devriez pas avoir trop de problème pour jouer, mais suivre l'histoire sera un peu plus compliqué.
La tyrannie des points de commandement
Valkyria Chronicles a adopté un gameplay non conventionnel qui risque de déboussoler un peu au départ les vétérans des jeux au tour par tour. Vous avez donc votre escouade dont la taille peut varier de deux à vingt unités, cependant elles ne disposent pas individuellement de points d'action à chaque tour comme on en a l'habitude. À la place, vous avez un certain nombre de points de commandement (CP) à chaque tour. Ainsi, vous ordonnez à une unité d'agir, ce qui coûte un CP, deux pour les tanks; l'unité en question passe alors sous votre contrôle direct avec une vue à la troisième personne, le tout en semi-temps réel. Cela peut sembler assez étrange mais tant que vous êtes dans le champ de vision des ennemis, ils vous tireront dessus "en temps réel", ce qui fera diminuer la vie de votre personnage. Voyez cela comme une sorte d'Overwatch permanent. Vous disposez d'une barre de déplacement qui vous permet de parcourir une certaine distance comme vous le souhaitez et surtout, vous pouvez tirer une fois durant cette action, à n'importe quel moment, sans que cela mette fin à votre tour. Il vous faut donc bien calculer votre action pour que votre soldat n'aille pas se faire truffer de plombs en passant sous le nez de soldats ennemis ni devant un tank, il faudra bien choisir quand tirer/lancer une grenade/utiliser une action spéciale et, pour finir, essayer de le mettre à couvert le cas échéant pour que l'ennemi n'en fasse pas de la charpie durant son propre tour. Soit dit en passant, vous contrôlerez directement le tir de votre personnage; comme dans un FPS, vous aurez une mire avec un cercle dans lequel la balle peut dévier et la possibilité de faire des headshots. Le temps s’arrête lorsque vous visez, vous n'avez donc plus à vous en faire pour les tirs ennemis. Cependant, il vous faudra bien peser les risques lorsque vous visez, après tout la tête est plus petite que le torse, et s'approcher davantage est dangereux mais potentiellement très rémunérateur.
La moindre erreur peut vite se solder par un mort.
Une fois votre action terminée vous repassez en vue tactique, il ne vous reste plus qu'à dépenser un autre point, mais rien ne vous empêche de le dépenser sur le même personnage si vous le souhaitez. En pratique cela vous permet de faire traverser tout le champ de bataille à un seul personnage pour foncer vers l'objectif. Il souffre néanmoins de rendements décroissants, et courir au milieu de dizaines de soldats ennemis ouvrant le feu, avec en prime une barre de déplacement de plus en plus réduite à chaque utilisation d'un personnage le même tour, réduit la puissance de la chose. De la même façon, les capacités spéciales sont limitées, les snipers n'ont que trois balles en réserve et n'en récupèrent qu'une par tour. Vous ne pouvez donc pas vous amuser à utiliser dix fois le même sniper dès le premier tour pour vous ouvrir un chemin vers la victoire. Néanmoins, vous allez forcément vous focaliser davantage sur une petite escouade à laquelle vous ferez traverser le champ de bataille plutôt que sur toutes vos troupes en pratique. Vous utiliserez ensuite les camps capturés à l'ennemi pour appeler des renforts sur le front au besoin, ce qui permet d’appeler en première ligne un personnage particulièrement lent plutôt que de le faire se traîner trois fois par tour à grand renfort de CP.
La carte stratégique permet de voir dans quel sens sont orientées les unités et quelles sont les lignes de tir, les ennemis n'ont pas d'yeux dans le dos après tout.
Vos Points de commandement servent aussi à donner des ordres spéciaux à vos personnages, comme celui de se défendre, de se soigner ou d'éviter les tirs ennemis. En faisant cela, vous ratez par exemple l'opportunité d'utiliser votre puissant tank, l'Edelweiss, ce tour-ci. Mais pouvoir garder en vie et placer stratégiquement votre tueur de char derrière un tank lourd pour le tuer en un seul tir sur son radiateur à Ragnite est clairement plus rentable que d'avoir à en dépenser six pour tirer trois fois avec votre tank. En pratique, vous disposerez donc de très nombreuses alternatives pour atteindre la victoire.
La difficulté du titre dépendra très fortement de votre style de jeu. Si vous décidez d'appliquer ce que vous a appris un Xcom et d'être très prudent, lent et méthodique, alors la difficulté sera très raisonnable en dehors de quelques missions particulières et lourdement scriptées. Par contre, si vous décidez de collectionner les médailles (et donc les hauts faits) en obtenant un indice de performance "A" sur toutes vos missions, vous allez sérieusement en suer. Le nombre de tours utilisés pour terminer la mission est le seul facteur utilisé, les développeurs ont été particulièrement exigeants en la matière. Les missions sont assez longues à terminer la première fois: le temps de découvrir la configuration du terrain, les renforts ennemis et autres, vous pouvez passer bien plus d'une heure sur la même. Vous serez alors probablement saisi d'effroi en découvrant qu'une mission qui vous a demandé plus de huit tours pour être terminée a un pré-requis d'un ou deux tours seulement pour obtenir la meilleure note. Il vous faudra donc très bien connaître la carte, élaborer une stratégie très stricte au CP près, puis exécuter le tout parfaitement pour que votre boulangère guerrière puisse capturer la base ennemie située à l'autre bout de la carte dès le premier tour. Heureusement, vous disposerez d'autres outils que votre simple esprit tactique pour gagner, comme nous le verrons un peu plus loin.
Vos efforts seront récompensés, encore une fois, par de très sympathiques cinématiques.
La majorité des missions vous demandera de capturer le camp ennemi, cela peut sembler un peu répétitif, cependant chaque bataille est vraiment unique et les décors changent très régulièrement. L'ennemi, de son côté, n'est pas en reste puisqu'il gagne en nombre, en puissance et en variété. De plus, certaines missions vous demanderont des choses plus exotiques avec, par exemple, l'affrontement d'un char juggernaut gigantesque et surarmé, la gestion de tirs d’artillerie répétés sur vos troupes, des missions commando de nuit, ou encore l'affrontement contre une redoutable Valkur. En plus des missions, vous pourrez faire des Skirmish à volonté pour gagner de l’expérience et de l'argent. En abuser vous permettra d’ailleurs de contrebalancer la difficulté au besoin, même si ce n'est pas bien glorieux.
Pour finir, notez que cette version Steam comprend tous les DLC du jeu, c'est-à-dire plusieurs missions additionnelles dont certaines du coté impérial, d'autres dédiées à une classe précise, et pour finir un mode de difficulté additionnel pour les plus enragés. Vous aurez donc l'occasion de creuser tous les aspects du gameplay dans des situations très variées, et ce sans sortir à nouveau le porte-monnaie.
Elle est encore plus dangereuse qu'elle en a l'air.
La lutte des classes
Outre son coté narratif et son background assez touffus, Valkyria Chronicles dispose d'un gros côté RPG/gestion de troupes avec le centre de commandement. Dans ce dernier, outre des lieux comme la salle du trône, le journal local ou vos baraquements, vous trouverez le centre de développement dans lequel vous pourrez investir dans de nombreuses améliorations pour votre équipement. Il sera même possible de choisir entre différents modèles d'arme pour chaque classe en fonction de vos statistiques préférées. Préférez-vous plus de précision ou plus de puissance pour vos snipers? Ou encore, si la prochaine mission ne vous fera pas combattre beaucoup de tanks, vous pouvez choisir de donner des mortiers à vos Lanciers plutôt que des roquettes anti-chars. La même chose s'applique pour votre tank, qui dispose de nombreuses pièces d'équipement alternatives, mais d'une place limitée.
Vous pourrez aussi recruter ou renvoyer des soldats afin de remplir votre effectif. Généralement les morts sont assez rares, car un soldat ennemi doit se rendre en mêlée après avoir abattu un de vos personnages, ce qui vous permet généralement de l'évacuer puis de l’appeler en renfort plus tard. Cela explique en quoi les batailles ne sont pas si difficiles si vous jouez défensivement. Dans le cas présent cependant, vous allez probablement vouloir être difficile avec vos soldats. Outre leurs classes respectives, tous vos compagnons sont uniques. Ils auront donc des points de vie plus ou moins élevés ainsi qu'un caractère propre. Ces derniers peuvent, par exemple, avoir des traits de caractère bénéfiques, comme la capacité à regagner des munitions plus rapidement. D'autres sont situationnels, comme le fait d'aimer la campagne ou ses compagnons, ce qui offre un bonus quand les conditions sont remplies, mais souvent ils souffrent aussi de sérieuses tares: allergie au pollen (n'allez pas le faire ramper dans les hautes herbes), haine du sexe opposé, haine d'une personne précise du bataillon, voire tout simplement racisme, ce qui peut donner lieu à des pertes d'efficacité voire à une lente perte de points de vie. Il vous faudra donc bien choisir vos soldats en fonction des missions et de l'utilisation que vous comptez en faire, si jamais vous vous donnez cette peine, les bénéfices peuvent être importants.
Être effrayé des objets pointus est problématique quand on est dans l'armée.
En parallèle de ce système de soldats uniques, le jeu les divise en cinq classes différentes, plus les tanks. Scout, Soldat, Lancier, Ingénieur et Sniper. L'expérience obtenue lors des missions est stockée de façon globale, il ne vous reste plus qu'à l'investir dans une classe. Tous les membres de cette classe présents ou à venir monteront donc de niveau, ce qui débloque de nouvelles pièces d'équipement, de nouveaux ordres pour vous, mais aussi de nouvelles capacités. Cela peut aussi débloquer leur potentiel (positif comme négatif). Cette gestion par classe vous permet d'interchanger très facilement vos personnages sans forcément avoir de chouchous, sauf Alicia bien entendu, car avoir une boulangère avec un chiffon rouge sur la tête qui passe des fourneaux à quelque chose de séduisant... Mais je m'égare. Accessoirement, vous disposez de quelques personnages spéciaux, comme ladite Alicia et d'autres dont la seule présence et le maintien en vie vous offrent un bonus de points de commandement. Ils disposent aussi de statistiques légèrement supérieures. Les utiliser est donc aussi séduisant que dangereux, étant donné que les perdre au combat vous pénalisera en terme de points. Notez qu'il en va de même pour l'ennemi, celui-ci possède son lot de leaders et de héros. Les tuer vous permettra d'amputer leur capacité à agir durant leur tour et, occasionnellement, vous obtiendrez de très bonnes pièces d'équipement.
Les lignes jaunes permettent de savoir où sont les ennemis et qui pourra vous tirer dessus à la fin du tour. Et oui, c'est un très gros char, vous allez souffrir.
Six ans après, sur PC
Il n'y avait que relativement peu de doutes sur la qualité du titre d'origine, cependant lorsqu'une adaptation de jeu console arrive sur PC, on est légitimement en droit de s’interroger sur le temps accordé à la réalisation d'une adaptation propre. Dans le cas de Valkyria Chronicles, c'est assez mitigé. Tout d'abord, la configuration des options du jeu se fait via une option d'interface spéciale Steam lorsque vous lancez le titre, et pas directement dans les menus du jeu. Ce n'est pas très pratique mais passons, au moins cela permet de passer outre la résolution d'origine et la limite de 30 images par seconde et de monter en 1920x1080 et en 60fps si vous le souhaitez. Activer la V-sync et reconfigurer certaines touches pourra s'avérer nécessaire, soit dit en passant.
Le style des phases de jeu s'apparente à du cel-shading et a très bien vieilli, comme vous pouvez en juger par vous-même avec les screenshots. Avec l'augmentation de la résolution il n'y a pas à se plaindre du rendu, même si le niveau de détail n'est évidemment pas affolant. Les cinématiques de style animées, elles, ont un rendu façon crayonné très agréable, mais souffrent occasionnellement de pas mal d'aliasing. Encore une fois rien de dramatique, ce n'est pas hideux et à moins que vous soyez tout simplement allergique à la direction artistique propre à l'animation japonaise, vous n'aurez pas envie de marteler la touche échap.
En terme de contrôle, il s'avère assez rapidement que la souris n'a pas été complètement intégrée, vous ne disposerez donc pas du curseur dans les nombreux menus du jeu. Il vous faudra donc utiliser les touches du clavier plus le clic de la souris pour valider par défaut pour naviguer dans ces derniers (quand je vous disais qu'il faut reconfigurer les touches). C'est un peu irritant mais pas trop fâcheux, car une fois la bataille lancée vous aurez enfin votre curseur, ce qui permettra de sélectionner vos troupes, et surtout de vous orienter et de viser lors des passages à la troisième personne.
Pour finir, les abus de l'IA n'ont pas été corrigés depuis le temps, ce qui donne lieu à quelques situations improbables, comme un tueur de char ou un tank qui tuent plusieurs de vos personnages le même tour à longue portée avec des headshots à coup d'obus alors que ces derniers ont des armes aussi précises qu'un fusil à pompe. Ils poussent parfois le vice jusqu'à réussir cet exploit en tirant dans une très fine faille latérale entre deux murs alors que, de votre côté, le moindre obstacle (parfois invisible même) arrêtera votre tir.
En conclusion
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Les plus et les moins |
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Gameplay original et intéressant | L'IA triche | ||||
Une histoire sympathique contée par de nombreux passages animés | Des héros incroyablement niais | ||||
Durée de vie importante | Gestion des collisions et du décor parfois pénible | ||||
Grande variété d'améliorations et de choix d'équipement | Je veux le curseur de ma souris |