Le 9 septembre dernier sortait officiellement le dernier blockbuster proposé par l'éditeur Activision : Destiny. L'entreprise, liée depuis 2007 à un autre mastodonte bien connu des joueurs nommé Blizzard, souhaitait profiter du lancement de son nouveau jeu pour se refaire une santé après une année 2014 plus que compliquée. Chaque année l'éditeur nous propose son titre phare Call of Duty, or le dernier opus n'a pas rencontré le succès escompté avec des ventes en baisse de 30% par rapport à son prédécesseur Black Ops 2. Afin de relancer sa franchise à succès, les équipes ont d'ailleurs fait confiance à un nouveau studio, Sledgehammer, et souhaitent désormais travailler sur des cycles de production de trois ans plutôt que deux jusqu'à maintenant. Mais cela sera-t-il suffisant pour qu'Activision Blizzard parvienne à remonter dans l'estime des investisseurs et des joueurs ? Pas si sûr.
Plusieurs jeux autres que Call of Duty permettent à ce géant de l'édition de jeux vidéo de ne pas sombrer. Toutefois la crise gronde lentement, mais sûrement, au sein de la compagnie les chiffres ne parlant pas en sa faveur. La série des Skylander produite par Activision ou encore World of Warcraft chez Blizzard ne sont pas épargnés par cette érosion du nombre de joueurs et cette baisse de régime constatée particulièrement cette année. Le MMO le plus célèbre du monde a ainsi perdu plus d'un million d'abonnés en l'espace de seulement six mois (même s'il connait actuellement un léger rebond) et les ventes de l'ensemble du catalogue sont en baisse.
Alors quand Destiny a pointé le bout de son nez en septembre dernier beaucoup d'espoirs reposaient sur lui. Le FPS était d'ailleurs présenté comme étant le digne successeur de Call of Duty, Halo ou bien encore Grand Theft Auto, c'est dire si Activision misait beaucoup sur les résultats de ce nouveau venu afin d'améliorer ses résultats. Par chance ils pourront toujours compter sur le prochain Call of Duty Advanced Warfare prévu pour le 3 novembre afin de sauver les meubles, mais l'éditeur avait déjà planché sur d'excellents résultats de ce côté-là même s'il devra donc faire avec moins que prévu lorsqu'il présentera son bilan annuel à ses actionnaires.
Destiny est un échec commercial cela ne fait plus aucun doute aujourd'hui. Pourtant dès son lancement Activision a communiqué comme à son habitude sur les résultats exceptionnels dès le lancement du jeu, parlant de 500 millions de dollars engrangés en seulement 24h. Or le véritable bilan de Destiny est un bien moins important notamment à cause d'une opération de lancement manquée au niveau des sites d'actualité de jeux vidéo. En effet contrairement à ses habitudes, Activision n'avait pas proposé aux journalistes une version en avant-première, les critiques sont donc arrivées sur le tard et elles ont été salées. Trois des sites de jeux vidéo les plus influents du monde l'ont notamment gratifié d'un plus que modeste 6/10, du côté de Millenium nous l'avons estimé à une note de 73%, bien loin de ce que l'on est en droit d'attendre d'un blockbuster du jeu vidéo.
Cela faisait un long moment qu'un jeu de ce calibre n'avait pas reçu un accueil aussi froid de la part des testeurs du monde entier. Son score actuel sur Metacritic (faisant la moyenne de tous les tests) étant également décevant puisqu'il se situe à 76%. De plus officiellement le jeu s'est écoulé pour un montant de 325 millions de dollars durant les 5 premiers jours de sa mise en vente, nous sommes bien loin des 500 millions d'un Call of Duty Black Ops 2 en seulement 24 heures ou du milliard de Grand Theft Auto 5 atteints après trois jours. Destiny n'est donc dès le départ pas parvenu à s'imposer auprès des joueurs comme étant un titre capable de faire jeu égal avec d'autres franchises dominantes du secteur, difficile dans ces conditions de parler de succès.
Et la chute ne faisait que commencer, car hormis être un titre très critiqué, notamment pour son manque d'action et sa trop grande facilité, les ventes continuent leur descente aux enfers puisqu'après seulement deux semaines dans les étalages on vendait un peu plus de quatre fois moins de jeux. Après quatre semaines la chute se poursuivait encore avec un -30% par rapport aux deux semaines précédentes et ainsi de suite. Or Activision a signé un contrat de quatre jeux avec le studio Bungie concepteur de Destiny, autant dire que l'histoire risque de couter rapidement des sommes folles si personne ne parvient à relancer cette nouvelle licence. Alors les promotions pleuvent allant du -17% puis jusqu'à -33% afin de regonfler les chiffres et tenter de fidéliser les consommateurs sur la franchise.
La campagne marketing ne s'arrête pas non plus à des réductions sur les prix, une opération publicitaire d'envergure prend en compte les meilleures critiques, même si ces dernières n'ont pas été réalisées par des sites qui ont pignon sur rue, de manière à faire diversion auprès des joueurs non informés. Alors quand les dirigeants s'attendaient à sortir un jeu évalué à plus de 80% par Metacritic, l'échec risque fort de remuer pas mal de monde chez Bungie, mais également chez Activision qui s'est totalement loupé. Les premiers signes de ces changements ont d'ailleurs déjà eu lieu, au sein du studio américain six personnages clés ont déjà quitté le navire depuis le lancement de Destiny dont notamment le co-fondateur Alex Seropian et beaucoup d'anciens à ayant participé à la conception des Halo.
Destiny entraîne par conséquent des réactions importantes au sein d'Activision, la sortie de probables DLC est de moins en moins envisagée, car il semblerait que les joueurs, d'ores et déjà déçus, ne seraient pas enclins à payer pour obtenir du contenu supplémentaire. Alors effectivement le groupe peut compter sur des titres solides et durables tels que World of Warcraft. Toutefois le MMO est en baisse continue depuis son pic d'abonnés à 12 millions en 2010 et aujourd'hui ils sont 40% de moins quatre ans après. Bonne nouvelle malgré tout, le retour récent de 600 000 joueurs attirés par la prochaine extension.
En revanche le projet d'un éventuel successeur, le Projet Titan, a été annulé fin septembre, preuve encore des remous qu'entrainent cette année 2014 compliquée. Même chose pour Call of Duty, la franchise souffre de la déception créée par Ghosts et les précommandes pour Advanced Warfare sont par exemple 50% moins importantes que l'année dernière. Quand on compare avec Black Ops 2 les résultats sont encore plus médiocres puisque l'on se situe à -80%. Toutefois on peut compter sur Sledgehammer et Activision pour tenter autant que faire se peut de corriger le tire avant la sortie officielle de leur bébé.
Seule lueur d'espoir dans ce tunnel la sortie de Heroes of the Storm, le nouveau venu dans l'univers des MOBA (arène de bataille en ligne multijoueur) où League of Legends et Dota 2 se livrent une lutte acharnée depuis quelques années. Blizzard souhaite en effet à son tour tirer des bénéfices de ce genre de jeu devenu le plus populaire de la planète et où ils ont été précurseurs en leur temps. Tandis que le jeu n'est toujours pas disponible officiellement, un grand nombre de formations et de joueurs connus dans la scène eSport ont d'ores et déjà fait le choix de miser sur ce titre qui s'annonce donc plus que prometteur sur le devant de la scène compétitive. Un succès de Heroes of the Storm serait par conséquent une belle surprise pour un éditeur qui s'essaye au monde du free-to-play avec pas mal de retard, mais d'importants moyens.
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N'oublions pas non plus parmi les réussites d'Activision Blizzard la sortie de Hearthstone, un jeu sorti de nulle part qui compte désormais plus de 20 millions de joueurs à travers le monde et débarque prochainement sur les supports mobiles ou il devrait, sans aucun doute, rencontrer un grand succès. Alors ne vous méprenez pas, l'éditeur américain est loin d'être au bord de la faillite, mais il est à un tournant de son histoire. Sauvé par Blizzard, Activision se doit de reprendre son destin en main afin de reconquérir le cœur des joueurs pour le moment déçus. Call of Duty Advanced Warfare sera le prochain test pour l'entreprise et de son succès dépendra la stratégie menée globalement en 2015.