Voici le moment de faire le point sur ce qui nous attend pour les Global Finals de la BlizzCon. On le sait, la liste et la séquence est désormais définitive, nous connaissons toutes les affiches du Ro16 qui se joueront le 1er novembre (et par conséquent pas pendant la BlizzCon contrairement à l’année dernière). Millenium vous propose de passer en revue les joueurs qualifiés et d'analyser leurs chances de victoire. Aujourd'hui, parlons de Zest.
De Brood War à StarCraft II
P7GAB. Non, ceci n’est pas le digicode de Zest, mais bien sa toute première appellation, à l’époque sur Brood War. Prononcez « pchilgab » (et non pas « péssettegabe »), qui signifie phonétiquement en coréen « Se couvrir soi-même, ou d’autres, de sang ». Ça donne le ton. Il débutera chez WeMadeFOX où il fera déjà parler de lui par divers résultats plutôt encourageants. Kiante, de l’équipe TeamLiquid.net y consacrera même une analyse de son jeu, lequel prévoit alors « de grandes choses » pour le futur du joueur.
Zest à l'époque, la classe en moins.
La saison 2 de la Proleague 2011-2012 avait cela de particulier qu’il s’agissait de la première à intégrer StarCraft II, en hybride avec Brood War. En quoi cela consistait-il ? Chaque rencontre se disputait en deux manches de trois matchs chacune : la première manche se jouait sur Brood War, et la deuxième sur StarCraft II. En cas d’égalité, un dernier match était joué sur StarCraft II. Destinée à faciliter la transition de l’un vers l’autre, c’est ici qu’a, pour la première fois sur SC2, évolué Wooki. Woo-qui ? Exactement.
Joo « Zest » Sung Wook, jeune joueur désormais chez KT Rolster - suite à la dissolution de WeMade FOX plus tôt en saison 1 - n’avait pas été cherché bien loin pour trouver son nouveau pseudonyme (comme beaucoup, finalement). En round 1, lors de la deuxième semaine, il y effectuera sa première rencontre sous StarCraft II contre l’équipe de StarDust et firebathero : Air Force ACE.
Première rencontre, et première défaite puisqu’il s’inclinera face à GuemChi, lui aussi tout nouveau dans l’arène du dernier jeu Blizzard, avant qu’il ne retourne définitivement sur Brood War. Finissant la saison avec cinq victoires pour quatre défaites, le jeune Protoss aura eu un départ très honorable, ses bourreaux s’appelant JangBi, Stork et Jaedong.
La GSL et ses débuts chaotiques
La saison de Proleague terminée, Wooki s’essaiera à la GSL pour les saisons 4 et 5 de 2012. Il ne sera hélas pas chanceux, et se fera barrer la route par TRUE d’abord, puis par Sea sur la dernière itération de l’année. Nous sommes début décembre, et un vent de nouveauté souffle sur la Proleague : au revoir à jamais, Brood War, StarCraft II en devient fatalement l’unique jeu représenté. Dès le deuxième round, P7GAB (because f*** you, that's why) fait forte impression et réalise un all-kill (format choisi dans ce round) de STX SouL, éliminant Dear, INnoVation, Mini et hyvaa à lui tout seul.
Fin janvier 2013, c’est le début du round 3, et la reprise de la GSL avec la première des quatre saisons à venir. Les phases préliminaires ne vont toujours pas lui sourire, mais le travail paie. Et bien que sKyHigh l’empêche de voir plus loin, il parvient à se hisser en dernier match des préliminaires pour les WCS Saison 1, où Solar l’arrêtera.
Après quelques tergiversations, Wooki, qui était redevenu P7GAB, change finalement de pseudonyme de manière définitive. Désormais, appelez-le Zest.
À l’instar d’un Flash, luttant pour une place en GSL, son parcours en Proleague est effrayant. Entre avril et juin, son PvP semble juste inarrêtable, affichant 10 victoires au compteur pour 2 défaites, conte Rain et Pigbaby. Le Docteur Je-kill en Proleague devient Mr I-die en WCS, et en saison 2, il est à nouveau accroché en dernier match des préliminaires par Reality, puis en saison 3, par ZerO qui le sort en winner puis loser bracket.
Un cauchemar dont il décide de s’éloigner le temps d’un IEM New-York. En qualifications, il s’en était sorti admirablement, en remontant le loser bracket, battant Check, HerO, puis Pigbaby. Les finales asiatiques lui donnent des ailes et il balaie sur sa route INnoVation puis Curious. En phase finale cependant, sortant pour la première fois de Corée, Zest sera évincé de son groupe, éliminé par HyuN, puis Life.
Passant à côté de ses qualifications pour les IEM Singapour, et avec un début de Proleague 2014 plutôt moyen puisqu’il laissera deux maps à Jin Air, et s’inclinera contre Solar face à Samsung Galaxy, il était temps pour lui de réagir. Challenge accepted.
La voie royale de Zest
Le 8 janvier, les qualifications pour le Code A reprennent, et Zest s’y frotte à nouveau. Chutant contre Cure, il parvient à éliminer Impact puis Creator en loser bracket. Après tant d’essais et beaucoup de frustration, Zest se retrouvera pour la première fois en Code A.
Joué une quinzaine de jours plus tard, son groupe sera composé d’INnoVation, de Stork et de herO. Contre toute attente, Zest sortira haut la main, en première place, en ne perdant aucune map, tandis qu’INnoVation, le moral dans les chaussettes, finira bon dernier. Alors que le Protoss venait tout juste de sortir le champagne pour son premier Code A, le voilà qui se retrouve dans la foulée en Ro32 du Code S. Sa poule semble alors abordable, puisqu’il y retrouvera Trap, Leenock et SuperNova. Encore une fois, Zest écrase tout sur son passage, ne cédant qu’une map, mais terminant à nouveau sur la première marche. La machine à tuer est en marche, et rien ne semble pouvoir l'arrêter.
Pourtant, malgré un parcours remarquable, le Ro16 s’annonce très compliqué avec Soulkey, Dear et le jeune prodige aux doigts d’or, Maru. Dans ce groupe de la mort, aucun match ne se finira sur un 2-0, et Zest ne pourra cette fois faire mieux qu’une deuxième place, laissant au joueur Terran une position qu’il commençait à trouver confortable.
En quart de finale, il devra affronter sOs, un Protoss atypique et vainqueur des WCS Global Finals 2013. Il est à craindre, mais le PvP de Zest est impérial. Sur le score de 3 à 0, ce dernier semble s’imposer sans difficulté, et devra retrouver le grand Rain dans un duel KT vs SKT1 haut en couleurs. Le Bo7, bien que plus serré, verra à nouveau Zest sortir vainqueur, 4-2, le propulsant en finale du Code S, lui qui était parti d’une qualification pour le Code A obtenue sur le fil. Une page dans le livre des Royal Roaders commence à s’écrire, mais Zest aura fort à faire face au terrible Zerg soO, dauphin de Dear en finale de Code S la saison passée.
La rencontre est extrêmement serrée, chacun se renvoyant l’ascenseur jusqu’à 3-2 pour soO. Deux balles de match pour le Zerg, cela s’annonce compliquée pour Zest. Mais c’était sans compter sur la malédiction des deuxièmes places de soO, entamée face à Dear la saison passée : il rate à nouveau les dernières marches de l’escalier vers la victoire, et laisse Zest s’emparer du trophée final. Le joueur Protoss, auteur d’un parcours hors normes, s’impose comme l’un des tout meilleurs Protoss aux yeux du monde.
Le trophée Code S remporté par Zest.
Parallèlement, les affaires marchent plutôt bien en Proleague pour KT Rolster, et le GSL Global Championship, qui promet de récompenser les meilleurs des régions WCS de la saison 1, s’annonce épique. De sa phase de groupes, Zest sortira assez facilement premier, il retrouvera en demi-finale pour une revanche, soO, qu’il battra à nouveau 3 à 2, avant de remporter à nouveau à l’arrachée une victoire finale face à PartinG. À la manière d’un Dear, Zest réalise l’exploit du doublé GSL/Finale de saison (bien que n’en étant pas une officiellement). Il semble alors difficile de trouver un adversaire à sa mesure, tant il paraît dominer le monde. Mais on le sait, quand on est tout en haut, et particulièrement sur StarCraft II, on est à la merci de la moindre bourrasque.
Zest et sa GSL Global Championship
Un champion bousculé
La saison 2 de la GSL va reprendre tambour battant, et les phases de groupes ne seront pour Zest qu’une promenade. 4-0, puis 4-1, ses victimes s’appellent INnoVation, Soulkey, Dark ou encore Bbyong. Il retrouve en quart de finale le Zerg TRUE, et la voie vers la finale avec un potentiel match contre soO en demi-finale semble alors toute tracée, tant il est favori. Seulement, TRUE ne l’entend pas de cette oreille, et à la surprise générale, inverse la tendance : il élimine le tenant du titre 3 à 1.
C’est le moment qu’a choisi Zest pour à nouveau tenter l’expérience foreigner. La qualification en poche, il se rend à Shenzhen pour les IEM, où il retrouvera dans son groupe San, jjakji, et Illusion. Sans surprise, le Royal Roader de la saison 1 surclasse ses adversaires, et se qualifie pour un quart de finale aux allures de finale.
Zest, considéré comme le meilleur joueur en son pays, affrontera TaeJa, considéré par beaucoup comme le meilleur joueur hors-Corée. Deux objectifs : pour l’un, montrer à tout le monde la toute-puissance de l’environnement d’entraînement de la Corée du Sud, et pour l’autre, prouver au monde que non, le reste du monde n’a rien à envier à la GSL et ses machines de guerre, et que oui, c’est bien lui le meilleur joueur du monde. L’objectif de TaeJa ne sera qu’à moitié rempli, car bien qu’écrasant Zest tel un citron (facile), le jeu de ce dernier ne semblait pas forcément être au meilleur de sa forme, et il est difficile de juger de quoique ce soit sur ce match seul.
Qualifié pour la finale de la saison 2014 de Proleague, KT Rolster affrontera son rival, SK T1. Bien qu’ayant perdu son match, Zest et ses coéquipiers remportent la rencontre et la Proleague sur le score de 4 à 2, mettant les joueurs sur un petit nuage, à l’approche des IEM Toronto. Mais avant cela, la saison 3 du Code S reprend, et bien que Zest parvienne à se qualifier pour les quarts de finale, le chemin fut loin d’être facile, chutant une première fois face à Rain, puis contre Cure en Ro16, avant de devoir éliminer Soulkey en match décisif.
À peine le temps de souffler que les IEM Toronto, proposant un niveau relativement élevé, peu habituel pour une compétition hors-Corée, va débuter. La phase de groupe s’avérera compliquée et à nouveau il chutera face à TaeJa dans un match beaucoup plus serré qu’à Shenzhen. Pour autant, Zest parviendra à se qualifier pour son quart de finale. YoDa, puis Life lui céderont le passage, avant qu'il rejoigne en finale son teammate Flash, dans une forme qui scotche tout le monde. Et là, même Zest ne pourra pas faire grand-chose tant le Dieu Terran avait sorti ce jour-là le rouleau compresseur, et devra s'incliner 4 à 1.
Une rivalité sur fond d'amitié.
En guise d’événement Tier 1, plutôt rares dans l’année, la KeSPA met en place une compétition au nom très original : la KeSPA Cup. Passé par les qualifications, l’arbre comportera plus de Protoss que de Terrans et de Zergs réunis. Un atout pour Zest, à l’aise dans ce match-up, qui va se révéler être une véritable bénédiction. Dans l’ordre, Zest élimine Pigbaby, sOs, Classic pour finalement battre herO en finale sur un convaincant 4 à 1. La terreur persiste et signe, et la fin de la GSL qui arrive risque bien de donner des boutons à ses potentiels adversaires.
On sent que la place commence à se faire rare à la maison pour stocker tout ça...
La compétition reine reprend avec les quarts de finale, et Zest doit faire face à Rain. Cette fois, le Royal Roader de l’année ne trébuche pas et remporte son match 3 à 0. Il retrouvera de nouveau soO en demi-finale. Le Zerg prend cette fois sa revanche et s’impose 4 à 3. Zest, bien qu’éliminé, reste avec soO le seul joueur à s’être qualifié à chaque fois pour l’arbre final de Code S cette année.
Depuis lors, une seule compétition jouée par Zest : les qualifications coréennes pour les WECG, et autant dire que ça ne s’est pas vraiment passé comme prévu, puisqu’il se fait sortir 3-0 par Sora, joueur éliminé du Code A de la dernière GSL.
Une fin d’année en dents de scie pour le Protoss de chez KT Rolster, mais l’on reste tout de même sur du très, très haut niveau. Solide dans la plupart des match-up, c’est un joueur complet et très probablement dans le top 3 mondial cette année. Sans réel repère dernièrement si ce ne sont ces qualifications WECG catastrophiques, on ne peut qu’espérer que l’ex-Wooki/P7GAB, à défaut de se couvrir de sang, se couvre de gloire de la plus belle des manières.
Pronostic WCS Global Finals
Si vous m’aviez posé la question le mois dernier, je vous aurais sans doute répondu, sans même regarder le bracket, et sans tiquer, que Zest est clairement le favori du tournoi. Aujourd’hui ... et bien je le redirais encore, mais peut-être à voix basse. À la vue de l’arbre, et si Zest a vraiment décidé de se bouger comme il l'a déjà fait auparavant, son match déterminant sera très certainement sa demi-finale (contre soO, TaeJa ou INnoVation). Si elle passe, et je pense qu’elle passera, Zest sera sacré champion.